ACTE PREMIÈRE
Le Camp
de
Marc-Antoine
(Le camp
romain,
à Tarse,
en
Asie-Mineure,
sur les
bords du
Cydnus.
D'un
côté la
tente de
Marc-Antoine.
Au fond,
le
fleuve.
On
aperçoit,
de ci de
là,
l'amorce
d'autres
tentes.
Marc-Antoine,
entouré
de ses
lieutenants
et
des
aigles
romaines,
est
assis un
seuil de
sa
tente.
En face
du
triumvir,
les
Envoyés
des
peuples
soumis
et les
Tributaires.
Des
esclaves
sont
inclinés
vers le
sol,
les bras
étendus.
Ils ont
devant
eux des
présents:
coffres
ciselés
remplis
d'or,
corbeilles
etc.
Spakos,
un peu à
l'écart,
est
debout,
les bras
croisés
au
milieu
d'un
groupe
d'esclaves
égyptiens
agenouillés
à ses
pieds.
Des
soldats
romains
en armes
montent
la garde
devant
la tente
et
derrière
les
Tributaires)
CHEFS
ROMAINS
ENVOYÉS,
TRIBUTAIRES
Rome est
grande
et son
nom
rayonne
sur
le
monde!
Marc-Antoine
a
partout
fait
triompher
ses
aigles
Et les
peuples
d'Asie,
O
vainqueur
te
supplient
d'accepter
leurs
tributs
Gloire à
toi,
triumvir!
gloire à
toi!
gloire à
toi,
triumvir!
gloire à
toi!
gloire à
toi!
gloire à
toi,
triumvir!
Rome est
grande
et
rayonne
sur le
monde!
(Trompettes
dans le
camp)
MARC-ANTOINE
(aux
Envoyés)
Je
reçois
votre
hommage
et vous
promets
la paix.
Sur vous
la
République
étend
son bras
vainqueur
Des
colonnes
d'Hercule
aux
montagnes
d'Asie,
le
soleil
rayonnant
n'éclaire
désormais
que des
terres
romaines.
Le
triumvir
Octave a
vaincu
l'Occident,
moi,
j'ai
dans
l'Orient
asservi
la
victoire
et ma
force à
jamais
me la
rendra
fidèle!
Vaincu,
obéissez,
car Rome
est la
plus
forte et
sa
gloire
à jamais
rayonne
sur le
monde!
CHEFS
ROMAINS,
ENVOYES Gloire à
toi!
gloire à
toi,
triumvir!
(Les
esclaves
se
relèvent
et
suivis
des
Tributaires portent
les
présent
dans la
tente de
Marc-Antoine.
Les
Envoyés
s'éloignent.
Seul
Spakos
ne bouge
pas.
Trompettes
dans le
camp)
MARC-ANTOINE
(à
Spakos
qui est
resté
immobile)
Et toi
qui
restes
seul
devant
nous,
les
mains
nues, de
quel
Roi,
de
quel
peuple
annonces-tu
la
soumission?
SPAKOS
(calme)
Je n'ai
point de
présents...
ni de
coffres
pleins
d'or!
O
triumvir,
pourtant
je
t'annonce
un
trésor
qui vaut
les plus
rares
merveilles
Cléopâtre
bientôt
paraîtra
devant
toi!
Elle a
quitté
l'Egypte...
elle
approche
de
Tarse...
MARC-ANTOINE
(avec un
mouvement
d'orgueil)
Cléopâtre!
(à ses
lieutenants)
Je l'ai
mandée
pour
qu'elle
se
soumette.
(à
Spakos)
Qui donc
es-tu?
SPAKOS
Un de
ses
affranchis...
qui,
comme
tous
les
hommes,
tremble
et pâlit
quand
son
regard
l'effleure!
MARC-ANTOINE
(railleur)
Pour
avoir
fait le
choix
d'un tel
ambassadeur...
elle a
suivi
mes
ordres...
elle
vient en
esclave...
SPAKOS
(impassible)
Tu la
verras!
MARC-ANTOINE
(à ses
lieutenants)
Elle
vient
m'implorer
le coeur
rempli
de
crainte
SPAKOS
(de
même)
Tu la
verras...
MARC-ANTOINE
Je la
verrai
s'humilier...
je ferai
plier sa
fierté.
(orgueilleusement)
Je ne
suis pas
César
pour
qu'on se
joue de
moi!
Courtisane!
Courtisane
au front
couronné!
(méprisant)
Elle ne
connaît
pas le
nombre
des
amants
qu'elle
a tenus
dans ses
bras
amoureux!
Ah!
Cléopâtre,
tu crois
m'asservir!
Tu
prépares
tes
ruses et
tes
pièges
voluptueux!
Courtisane!
(concentré)
Quel est
l'amant
que tu
délaisses
pour
venir
jusqu'ici
te
soumettre
à ma
loi?
De quels
baisers
seront
meurtries
tes
lèvres?
Courtisane!
Courtisane
au front
couronné!
(hautainement)
Je
maintiendrai
ma
gloire
et la
fierté
romaine...
Cléopâtre!
Je ne te
crains
pas!
Courtisane!
Va!
Courtisane!
(Arrivée
d'un
premier
cortège
d'Esclaves
Grecques
qui
portent
des
fleurs.
Une
d'elles
marche
isolée,
les bras
chargés
de
roses.
Des
Soldats
Romains
arrivent
peu
à
peu et
regardent
curieusement)
ESCLAVES
GRECQUES
(tous
les
Sopranos)
Coulez,
coulez
entre
nos
doigts,
Calices
blancs.
Volez,
glissez,
Calices
blancs!
Volez,
calices
roses!
Glissez,
Volez!
Glissez,
Volez,
Volez!
Volez!
Glissez!
MARC-ANTOINE
(montrant
celle
qui est
à genoux
devant
lui et
qui
effeuille
des
roses à
ses
pieds)
Cléopâtre...
c'est
elle?
SPAKOS A tes
genoux...
Ce n'est
qu'un
esclave
choisie
entre
les plus
parfaites.
MARC-ANTOINE
Que
dis-tu?
Elle est
donc
bien
belle?
SPAKOS
C'est la plus belle!
(De
nouveau
s'avance
un autre
cortège.
Ce sont
des
Esclaves
Egyptiennes,
portant
des
présents,
de
riches
coffrets,
des
voiles
brodés
d'or
et
d'argent;
d'autres
agitent
des
cassolettes;
une
d'elles
marche
isolée
et
soutient
de ses
mains
étendues
un
voile
brillant
et
superbe,
le voile
de
Cléopâtre)
ESCLAVES
ÉGYPTIENNES
(tous
les
Contraltos)
Daigne
accepter
le
cinname
et la
myrrhe.
Grise-toi
des
parfums
les plus
rares.
Grise-toi...
de
parfums!
MARC-ANTOINE
(à celle
qui lui
présente
le voile
de
Cléopâtre,
à genoux
devant
lui)
Et
toi...
qui donc
es-tu?
CHARMION
Une
esclave
de
Cléopâtre
à peine
digne
de
dénouer
le fil
de ses
sandales
d'or!
MARC-ANTOINE
Est-ce
donc une
enchanteresse?
Ah!
malgré
tout je
briserai
ses
charmes...
Je la
verrai!
SPAKOS
(à
Marc-Antoine)
Tu veux
la
voir...
Eh bien!
Dans la
splendeur
du
soleil
qui
s'incline,
regarde
au loin
venir
cette
galère
d'or
aux
voiles
empourprées.
Regarde!
Respire
les
parfums
que
t'apporte
la
brise!
(très
expressif)
Vois! au
milieu
des
nymphes...
et des
grâces...
immobile,
radieuse!
Est-ce
une
femme?
Non!
C'est
Vénus
elle-même!
C'est
Vénus -
Cléopâtre!
Les
voluptés
lui font
cortège,
et,
comme un
peu
de neige
au
baiser
du
soleil,
les
coeurs
les plus
glacés
fondent
sous son
regard!
(Dans
une
exaltation
d'amour
et de
triomphe,
pendant
que la
galère
de
Cléopâtre
arrive
sur
le
Cydnus.
La poupe
en est
éclatante
d'or,
les
voiles
sont de
pourpre,
les
rames
sont
garnies
d'argent.
Le pont
est
couvert
d'un
pavillon
où
brillent
des
étoffes
tissues
d'or.
Cléopâtre,
dans une
tunique
transparente
qui
laisse
deviner
les
splendeurs
de son
corps,
est là,
immobile
au
milieu
de ses
suivantes,
vêtues
en
grâces
et en
nymphes.
Des
parfums
brûlent
autour
d'Elle.
Des
flancs
de la
galère
descend
un
large
escalier
qui
vient
toucher
la rive.
A terre,
les
femmes
étalent
des
tapis
pour
faire un
chemin à
Cléopâtre)
Peuple,
adorez,
dans sa
beauté
sacrée,
Adorez,
adorez
Cléopâtre!
Peuple,
adorez,
Adorez!
adorez!
adorez!
adorez!
MARC-ANTOINE
(extasié)
Cléopâtre!!
ESCLAVES
C'est
Vénus-Cléopâtre!
Les
voluptés
lui font
cortège!
Ah! Ah!
CHEFS
ROMAINS
C'est
Vénus-Cléopâtre!
Les
voluptés
lui font
cortège!
C'est
Vénus!
C'est
Vénus-Cléopâtre!
Cléopâtre!
Cléopâtre!
CHARMION
(avec
séduction)
Cléopâtre!
Cléopâtre!
CLÉOPÂTRE
(qui
s'est
avancée,
seule,
vers
Marc-
Antoine,
devant
lequel
elle
s'incline)
Je suis
venue
quittant
mes
palais
enchantés...
je suis
venue...
J'ai fui
mon
Egypte
et mes
cieux
tout
parfumés
d'amour... tout
baignés
de
tendresse,
et mes
terrasses
en fleur
près du
Nil
qui
paresse... en
dérobant
au soir
le
regard
des
étoiles...
je suis
venue!
(très
chanté)
O
Marc-Antoine,
ô
maître!
me
voici,
me voici
devant
toi,
prête à
te
servir
comme
on sert
son
maître
et son
Dieu!
MARC-ANTOINE
Est-ce
toi,
Cléopâtre?
CLÉOPÂTRE
Cléopâtre
n'est
plus.
Je ne
suis
qu'une
femme...
dont tu
connaîtras
le
secret...
se tu le
veux!
MARC-ANTOINE
Je ne
cèderai
pas à
tes
ruses
ensorceleuses!
(avec
use
intention
méprisante)
Je ne
suis pas
César.
CLÉOPÂTRE
Je sais
bien que
ton
coeur
est plus
fort que
le sien.
Je viens
en
suppliante...
et
soumise
aux
rigueurs
de ta
loi...
pourquoi
donc
aurais-tu
peur de
moi?
MARC-ANTOINE
Je ne
crains
rien...
mon âme
est
fière
et mon
coeur
assuré.
CLÉOPÂTRE
(calme
et
énigmatique,
elle
attend,
regardant
Marc-Antoine)
Je le
savais
déjà...
MARC-ANTOINE
(aux
autres)
Laissez-nous!
(Sous le
regard
de
Cléopâtre,
Marc-Antoine,
brutal,
écarte
du geste
ceux
qui
voulaient
demeurer.
On
s'éloigne
de tous
côtés.
Cléopâtre
et
Marc-Antoine
seront
seuls.
Sur la
galère
immobile,
il n'y a
plus de
visible
qu'une
esclave
qui
veille.
C'est le
crépuscule
doré
d'un
jour
magnifique)
MARC-ANTOINE
Eh!
bien...
que
veux-tu?
Parle!
(Cléopâtre
garde le
silence,
immobile)
Tu te
tais...
maintenant!
Est-ce
par ruse
ou
raillerie?
Croyais-tu
donc
qu'en te
voyant...
Sur un
geste de
toi, sur
un
simple
regard...
j'allais
tomber à
tes
genoux!
(Il
attend...
Elle est
impassible;
il
continue)
Tu es
belle.
C'est
vrai!
Certes
plus
belle
encor
que je
ne
t'avais
vu
au
lointain
de mes
rêves...
le
désir...
rôde à
tes
côtés.
(avec
une
énergie
menteuse)
Mais
moi, je
te
connais...
je
peux
braver
tes yeux
qui sont
des
sortilèges...
et je
vais te
chasser
honteuse
et
méprisée!
(Elle
n'a pas
tressailli;
il
s'étonne
que sa
violence
ne
l'émeuve
pas)
Tu te
tais...
et je
sens sur
moi se
poser
ton
regard
implacable
et
troublant.
Quelle
es-tu
donc
pour
oser
ainsi me
regarder
en face,
quand je
parle!
(Rôdant
autour
d'elle,
comme
une bête
fauve
qui
frémit
devant
son
maître
et
n'ose
s'attaquer
à lui)
Oui...
tu
connais
ta
force...
tu sais
que tu
es
belle...
ta chair
est un
marbre
vivant...
tes yeux
sont des
abîmes
de
mystère
et de
volupté...
Détourne
tes
regards... ils
épuisent
ma
force!
Ne reste
pas
ainsi...
attentive...
au désir
que tu
sens
naître
en moi!
ah!
(comme
un fou)
Va-t-en!
Va-t-en!
(dans
une
supplication
et un
râle
d'amour)
Je ne
veux pas
t'aimer!
Je ne
veux pas
t'aimer!
ah!
Va-t-en!
Va-t-en!
(Un
fugitif
sourire
éclaire
le
visage
de
Cléopâtre)
CLÉOPÂTRE
(lentement,
expressif
et
tendre)
Je
craignais
un
vainqueur...
j'ai
trouvé
Marc-Antoine...
et je
suis son
esclave...
(sans un
geste
elle va
vers
lui,
le
regardant,
le
fascinant)
MARC-ANTOINE
(dans un
élan
éperdu
enlace
Cléopâtre;
long
baiser)
Ah!
(Le soir
est
venu,
bleu,
diaphane,
taché
encore
de rose
par
endroits.
On
entend
une
sonnerie
de
trompettes
et un
bruit
de pas, une
rumeur
qui se
rapproche)
MARC-ANTOINE
(écoutant)
Qui donc
ose
venir
vers
moi?
(Ennius
arrive,
suivi
d'une
escorte
de
chefs et
de
soldats
romains)
ENNIUS
(qui
tient un
rouleau
de
parchemin
entre
ses
doigts)
Pardonne,
ô
triumvir,
si j'ai
forcé
ton
seuil...
(lui
tendant
le
rouleau)
Mes
ordres
sont
pressants... ils
viennent
du
Sénat.
MARC-ANTOINE
Du
Sénat?
(Il
s'approche
d'un
trépied
élevé
vient
d'allumer
et
déroule
le
parchemin,
le lit,
le
visage
éclairé
par les
reflets
de la
flamme.
Cléopâtre,
debout,
l'observe
avec
une
fureur
mal
contenue)
Partir
pour
Rome!
Ils ont
osé me
rappeler
pour me
justifier...
pour
leur
rendre
des
comptes... me
donner
ainsi
l'ordre...
de
partir... sur
le
champ!
Ils ont
osé!
ENNIUS
Notre
galère
attend...
MARC-ANTOINE
Assez...
ENNIUS
(pendant
que
Marc-Antoine
regarde
Cléopâtre)
Ne
crains
pas,
triumvir,
que Rome
te
traite
en
ennemi...
Dès ton
retour,
Octave
t'offrira
de
mettre
dans la
tienne
la main
de sa
soeur
Octavie.
(silence)
MARC-ANTOINE
J'entends
être mon
maître...
ENNIUS
Songe
que le
Sénat te
réclame
et
t'attend.
(Ennius
sort son
escorte.
Marc-Antoine
réfléchit
intensément)
CLÉOPÂTRE
(qui
s'est
approchée
doucement
de
Marc-Antoine)
Marc-Antoine...
adieu
donc...
MARC-ANTOINE
(anxieux)
Tu veux
me fuir?
CLÉOPÂTRE
(douloureuse)
Tu dois
partir
demain...
Va-t-en...
suis ton
destin...
moi je
suivrai
le
mien...
O mon
beau
vainqueur!
(avec
une
résignation
menteuse)
Pars!
MARC-ANTOINE
(violent,
éperdu)
Je ne
partirai
pas!
Que me
fait
Rome ou
le
Sénat...
quand
ton
baiser
m'attend?
J'oublierai
dans tes
bras
jusqu'à
ma
gloire
même... je
ne
partirai
pas!
CLÉOPÂTRE
(très
amoureuse)
Alors
fuyons
tous
deux... suis-moi,
Viens en
Egypte,
au pays
des
plaisirs
et de la
volupté...
Tu
partiras
plus
tard... si
tu le
veux...
pour
Rome...
(douloureux)
... plus
tard...
si tu le
veux...
tu
prendras
Octavie
pour
épouse...
MARC-ANTOINE
Tais-toi!
tais-toi!
CLÉOPÂTRE
(féline,
enveloppante)
Mais je
te
griserai
de si
douces
caresses...
j'enchanterai
ton être
de
plaisirs
si
profonds
que je
défie le
sort de
pouvoir
m'arracher
de ton
coeur et
de ton
souvenir...
MARC-ANTOINE
Cléopâtre!
CLÉOPÂTRE
Viens...
ma
galère
est
là... prête
à mettre
à la
voile...
pour le
voyage
heureux...
sous le
ciel
plein
d'étoiles!
VOIX AU
LOIN
Cueillons
tous les
baisers..
CLÉOPÂTRE
Viens!
C'est la
nuit
d'amour
VOIX AU
LOIN
L'amour
est le
maître
du
monde...
CLÉOPÂTRE
... ah!
viens!
Je suis
tout à
toi!
(Cléopâtre
et
Marc-Antoine
sont
arrivés
à
la
passerelle
qui même
à la
galère.
Cléopâtre
passe la
première
et monte
sur le
pont)
MARC-ANTOINE
(entendant
les
appels
de
trompettes,
s'arrête,
inquiet,
troublé)
Ces
appels...
mes
soldats...
CLÉOPÂTRE
(tendent
les
mains
vers
lui)
Marc-Antoine!
MARC-ANTOINE
(s'élançant,
après
avoir
lutté
contre
lui-même un
instant)
Cléopâtre!
(Elle
lève les
mains
vers les
étoiles.
Ils sont
tous
deux
violemment
éclairés
par la
lune)
CLÉOPÂTRE
C'est la
nuit
d'amour...
(Les
esclaves
poussent
avec des
perches
le
galère
qui
s'éloigne
doucement)
FEMMES
AU LOIN
Cueillons
tous les
baisers...
les
baisers!
ACTE
DEUXIÈME
Premier
Tableau
Le
mariage
romain
(C'est à
Rome
dans
l'atrium
de
Marc-Antoine,
le jour
de ses
noces
avec
Octavie.
Au fond,
l'entrée
de
l'atrium;
à droite
celle
de la
chambre
nuptiale.
Des
groupes
d'amis,
de
clients,
occupent
l'atrium;
à
gauche,
un
groupe
d'officiers
romains
parmi
lesquels
Sévérus.
Des
esclaves
ornent
la
demeure
de
branches
et de
fleurs,
etc)
ENNIUS
(arrive
du fond
et
s'adresse
à
l'esclave
de la
porte)
Esclave
de la
porte,
où donc
est
Marc-Antoine?
L'ESCLAVE
Il
paraîtra
dès que
l'épouse
approchera
du
seuil...
ENNIUS
(allant
vers le
groupe,
à
gauche)
Je viens
unir mes
voeux à
ceux de
ses
amis.
SÉVÉRUS
(le
voyant
approcher)
Ennius,
te voici
de
retour
parmi
nous!
ENNIUS
Oui,
j'arrive
d'Egypte...
SÉVÉRUS
Où le
premier
tu
portas
au
triumvir
le
rappel
du
Sénat...
ENNIUS
Je l'ai
vu dans
son camp
soumis à
Cléopâtre!
SÉVÉRUS
Crois-tu
que son
retour
ait
dissipé
sa
fièvre?
ENNIUS
Six mois
il
résista
aux
ordres
du
Sénat...
Six mois
il s'est
gorgé de
plaisirs
et
d'ivresses,
asservi
dans
l'Egypte
aux
pieds de
Cléopâtre!
La
volupté
l'enlaçait
de ses
chaînes
fleuries
plus
fortes
sur les
coeurs
que les
chaînes
de fer
sur les
bras des
vaincus!
Mais il
partit
enfin!
J'apprends
à mon
retour
qu'il
épouse
Octavie!
C'est
que son
âme est
libre
et son
coeur
sans
regrets.
(Au
dehors
on
entends
le chant
d'Hyménée
qui
devient
de plus
en plus
distinct)
VOIX DU
CORTEGE
NUPTIAL
Hyménée!
Hyménée!
Hyménée!
ENNIUS
Ah!
c'est la
jeune
épouse
et son
cortège
heureux!
VOIX DU
CORTEGE
NUPTIAL
Hyménée!
Hyménée!
Hyménée!
(tous
accompagnent
ce chant
d'un
battement
de mains
léger et
cadencé)
Ceins
ton
front de
la
marjolaine,
de ton
pied
léger
frappe
la terre
en fête!
Hyménée!
Hyménée!
(Le
cortège
débouche
au fond
de
l'atrium.
Ce sont
des
jeunes
gens et
des
jeunes
filles.
Le
cortège
est
précédé
des
quatre
divinités
protectrices
du
mariage.
Les
membres
du
cortège
portent
des
flambeaux
en bois
de
sapin.
Octavie
paraît -
elle
s'arrête
au seuil
de
l'atrium.
Marc-Antoine
paraît
sur le
seuil
de la
chambre
nuptiale)
VOIX DU
CORTEGE
NUPTIAL
Ceins
ton
front de
la
marjolaine,
de ton
pied
léger
frappe
la terre
en fête!
Hyménée!
Hyménée!
(Octavie
toujours
voilée
est
devant
Marc-Antoine)
MARC-ANTOINE
Toi qui
franchis,
voilée,
le seuil
de ma
demeure,
Vierge,
qui donc
es-tu?
OCATVIE
Si tu le
veux, je
serai
ton
épouse
fidèle
MARC-ANTOINE
O
Vierge,
permets-moi
de
soulever
le voile
où ta
beauté
se
cache.
OCTAVIE
Obéis au
désir
qui
caresse
ton âme.
MARC-ANTOINE
Permets
à mon
regard
d'effleurer
ton
visage,
de
passer
sur tes
yeux
plus
frais
que les
pervenches!
OCTAVIE
Je n'ai
rien à
t'offrir
que ma
jeune
tendresse.
Je te la
donne!
Prends
ma jeune
tendresse!
O
douceur!
MARC-ANTOINE
O
douceur!
O
tendresse!
O
douceur!
C'est
ici la
demeure
où tu
seras
l'épouse
entre
toutes
choisie!
(aux
compagnes
d'Octavie)
Guidez-la
dans la
chambre
où
l'attend
mon
désir...
Préparez
sa
candeur
aux
mystères
heureux!
VOIX DU
CORTEGE
NUPTIAL
Hyménée!
Hyménée!
(Les
femmes
conduisent
Octavie
dans la
chambre
nuptiale.
Le
cortège
des
jeunes
gens
s'éloigne.
Marc-Antoine
restera
seul
avec ses
officiers)
SÉVÉRUS
(à
Marc-Antoine)
Triumvir,
ton
bonheur
réjouit
ceux qui
t'aiment.
MARC-ANTOINE
(à tous)
S'il est
quelque
faveur
qui soit
en mon
pouvoir,
je veux
vous
l'accorder.
Parle...
toi,
Sévérus!
SÉVÉRUS
Je ne
veux que
combattre
encore à
tes
côtés!
MARC-ANTOINE
Rome et
la
République
auront
besoin
de nous!
(voyant
Ennius)
Ennius...
je te
croyais
au
loin... où
servais-tu?
ENNIUS
Dans les
légions
d'Egypte...
MARC-ANTOINE
(avec
une
certaine
émotion)
En
Egypte?
ENNIUS
Oui,
triumvir,
et j'en
arrive...
MARC-ANTOINE
Que
disent
mes
soldats?
ENNIUS
Leurs
voeux
accompagnent
les
miens!
MARC-ANTOINE
(après
une
hésitation)
Et la
Reine?
(Ennius
a un
mouvement
de
surprise.
Marc-Antoine
poursuit)
Parle
sans
crainte...
Mon
coeur
est
guéri de
sa
fièvre...
mais je
voudrais
goûter
mon
bonheur
sans
remords...
savoir
qu'une
douleur
ne
pleure
plus
là-bas!
ENNIUS
(légèrement)
Alors...
rassure-toi!
Cléopâtre
est
heureuse...
MARC-ANTOINE
(surpris
et
s'éfforçant
de rire)
Que
dis-tu?
Se
pourrait-il?
ENNIUS
(légèrement)
Aux bras
de cette
courtisane
un amant
a
passé...
un autre
le
remplace...
MARC-ANTOINE
(devinant
dans une
sorte de
rugissement
de
douleur;
effrayant)
Spakos!
Ce n'est
pas
vrai!
ENNIUS
J'en
atteste
le ciel!
MARC-ANTOINE
(dans un
râle de
désespoir)
Ah!
ENNIUS
(surpris
de sa
fureur)
Marc-Antoine,
est-ce
un piège
que tu
m'aurais
tendu?
MARC-ANTOINE
(se
ressaisissant
un peu)
Non!
non! Je
me
croyais
plus
fort...
Plus un
mot!
(les
éloignant
du
geste)
Laissez-moi...
Laissez-moi!
(Ses
compagnons,
après
s'être
consultés
du
regard,...
s'éloignent;
Marc-Antoine
est
seul)
A-t-il
dit
vrai?
ah! quel
réveil
affreux!
Je veux
tout
oublier...
j'oublierai
cette
femme!
Mais
s'il
m'avait
trompé!
Cet
Ennius
déjà est
venu en
Egypte...
m'apporter
l'ordre
du
Sénat...
S'il
était de
nouveau
l'instrument
de tous
mes
ennemis!
(avec
désespérance)
O dieux
cruels,
pourquoi
me
torturer-ainsi!
Cléopâtre!
J'ai
peur des
souvenirs
qui
s'éveillent
en
moi...
Tes
baisers
répondraient
aux
caresses
d'un
autre?
Tu
donnerais
ton
corps au
plus vil
des
esclaves!
Ah!
l'horrible
pensée!
L'affreuse
torture!
(Il est
fou,
haletant;
il se
précipite
sur le
coffret
de
Cléopâtre
qui se
trouve
dans un
meuble à
gauche,
sous les
images
des
ancêtres;
dans un
râle)
Tes
messages
d'amour...
Ne
seraient
que
mensonges!
(désespérément)
Cléopâtre!
(Il
ouvre le
coffret
et en
tire des
voiles
légers)
Ah! ces
voiles
légers!...
(il les
respire
passionnément)
L'enivrant
et
subtil
parfum
de ta
chair
y
demeure
endormi...
(prenant
les
tablettes)
Oh!
pouvais-tu
mentir...
quand tu
traçais
ces
lignes!
(lisant
avec une
profonde
émotion)
"Solitaire
sur ma
terrasse,
je pense
à toi!
Et
j'évoque
une nuit
entre
toutes
heureuse
C'était
le clair
printemps!
Hélas!
tu n'es
plus
là...
Je
t'attends
et je
pleure... et
dans mon
coeur
meurtri,
loin de
toi,
c'est
l'hiver!
Solitaire
sur ma
terrasse,
je pense
à
toi!...
Je pense
à toi!"
(à
lui-même)
Non! tu
ne
mentais
pas
quand tu
traçais
ces
lignes!
tu ne
mentais
pas!
(apercevant
Octavie
se
dresse,
et
repousse
les
tablettes)
Octavie!
OCTAVIE
(avec
douceur)
Marc-Antoine...
qu'as-tu?
MARC-ANTOINE
(essayant
de se
maîtriser
et la
repoussant)
Va-t-en...
laisse-moi
seul...
OCATVIE
(avec
une
surprise
douloureuse)
Marc-Antoine...
MARC-ANTOINE
(vaguement)
J'ai
peur de
moi...
je
deviens
fou...
ah!
fuis-moi!
Je ne
veux pas
souiller
ta
candeur
et ta
grâce...
Je ne
peux pas
t'aimer...
fuis-moi...
J'ai
peur de
moi!
OCTAVIE
Ah! par
pitié... tais-toi... chaque
mot
cause
une
blessure
par où
mon âme
saigne
toute...
(dans
les
sanglots
s'accrochant
à lui)
Marc-Antoine...
pitié...
pitié!
J'ai
peur de
deviner!
MARC-ANTOINE
(torturé)
Ah!
regarde,
s'il le
faut,
jusqu'au
fond
de
moi-même!
J'ai cru
pouvoir
t'aimer...
sous tes
chastes
regards
recommencer
ma vie!
Mais le
passé se
dresse
tout à
coup
devant
moi,
m'enlace
et me
reprend!
(comme
égaré,
éperdu)
Je m'y
débats
en vain!
le passé
me
reprend!
OCTAVIE
(à ses
genoux)
Non!
non! je
savais
tes
tourments... ah!
laisse-moi
t'aimer
comme
une
soeur...
mais ne
me
chasse
pas... ah!
par
pitié!
ah!
Marc-Antoine...
je
t'aime...
Ne me
chasse
pas...
par
pitié...
laisse-moi
près de
toi...
près de
toi!
MARC-ANTOINE
(à part,
pendant
que
parle
Octavie,
il
continue
haletant,
torturé)
Un autre
est dans
ses
bras!
Un autre
connaît
ses
baisers...
et ce
corps
adoré!
ah!
c'est
mon être
qui
souffre...
Je
saurai
si l'on
m'a
menti...
Je
partirai
là-bas...
là-bas...
là-bas!
(décidé)
Je
partirai... j'irai
la
rejoindre
en
Egypte!
OCTAVIE
(plus
désespérément)
Tu
partirais?
ah!
non...
pas
cela!
tu
m'abandonnerais?
MARC-ANTOINE
(la
repoussant)
Laisse-moi,
laisse-moi!
Comme un
réprouvé...
Comme
une bête
fauve
qui sème
sur ses
pas la
frayeur
et la
mort!
(Il
tombe en
sanglotant
sur la
table)
OCTAVIE
(douloureusement
blessée)
Hélas!
Hélas!
(avec
une
profonde
émotion)
Adieu
donc,
Marc-Antoine!
(péniblement,
en se
retirant)
Si le
destin
te
frappant
quelque
jour...
Si tu
veux un
refuge
ou
calmer
ta
souffrance...
Songe
alors à
la
mienne... elle
t'accueillera
sans
rien te
reprocher.
(avec
une
douceur
où passe
tout son
amour
meurtri)
Ma
douleur
t'attendra... sans
jamais
espérer!
(Des
femmes
ont paru
sur le
seuil de
la
chambre
nuptiale.
Octavie
défaillant
tombe
dans
leurs
bras.
Elles
l'entraînent
et elle
disparaît
dans la
chambre
dont les
portes
se
referment.
Marc-Antoine
se voit
seul,
il
relève
la tête
et
alors
irrésistiblement
il
fouille
dans
le
coffre,
en
retire
le voile
de
Cléopâtre
et,
éperdu,
les
respire
longuement)
MARC-ANTOINE
(passionnément)
O parfum
de ta
chair!!
Second
Tableau
La
taverne
d'Amnhès
(Cris;
applaudissements
enthousiastes
dans la
taverne;
rideau
fermé.
C'est à
Alexandrie,
dans
le
quartier
populeux
de
Nicopolis,
la
taverne
d'Amnhès,
sorte de
bouge où
les
matelots,
les
soldats,
les
lutteurs,
les
filles
viennent
boire
et
s'amuser.
La porte
d'entrée
est au
fond.
Des
hommes,
des
femmes
pittoresques
et
sinistres
sont
réunis
dans le
fond
et les
bas
côtés,
assis
autour
des
tables
ou
allongés
sur des
nattes.
Au
premier
plan,
sont
Cléopâtre
et
Spakos.
Spakos
est vêtu
très
simplement
en
esclave.
Cléopâtre
est
habillée
en jeune
égyptien,
tunique
courte
qui
descend
jusqu'aux
genoux;
comme
coiffure,
la
coiffure
d'étoffe,
dite de
sphinx,
qui
enveloppe
toute le
tête
et ne
laisse
voir que
le
profil.
La
taverne
est
éclairée
par des
lanternes
et des
torches.Amnhès,
le
parton
de
bouge,
circule
entre
les
groupes
et fait
servir à
boire.
Au fond,
des
contorsionnistes,
des
jongleurs
terminent
leurs
jeux.
On crie,
on
applaudit,
on
danse.
Cléopâtre,
indifférente
et
ennuyée,
Spakos
tout
à la
contemplation
ardente
de
Cléopâtre.
Musique
dans la
taverne)
LA FOULE
Ah! Ah!
Ah! Ah!
(Cris;
applaudissements
en
tumulte)
AMNHÈS
(très
empressé
auprès
de
Cléopâtre
et de
Spakos;
à
Cléopâtre)
Eh!
biens,
jeune
étranger...
parle...
es-tu
satisfait?
CLÉOPÂTRE
(nonchalante)
N'as-tu
rien de
mieux à
m'offrir?
AMNHÈS
Par
Isis, tu
es plus
difficile
à rendre
heureux
que les
vieillards
les plus
lassés!
CLÉOPÂTRE
(riant)
C'est
que sans
doute ma
jeunesse
a déjà
goûté
trop
d'ivresses,
épuisé
trop de
joies...
ah! ah!
ah!
AMNHÈS
Je te
contenterai...
où j'y
perdrai
ma
gloire!
Veux-tu
voir
danser
des
éphèbes?
Un deux
surtout
te
ravira!
Alexandrie
n'a rien
de plus
beau à
t'offrir...
CLÉOPÂTRE
(nonchalante)
Fais-les
danser...
(Amnhès
s'éloigne.
Rumeurs
dans la
taverne;
réclamations
des
consommateurs
qui
demandent
des
boissons
on sert
aussi à
la
table
de
Cléopâtre
et de
Spakos;
le calme
revient
peu à
peu. À
Spakos)
Spakos...
tu ne
dis
rien...
qu'as-tu?
SPAKOS
(avec
adoration)
Je te
regarde!
CLÉOPÂTRE
(moqueuse)
Et je te
plais
toujours?
SPAKOS
(ardemment)
Ah!
tais-toi...
tais-toi...
par
pitié!
(vibrant
et
tendre)
Depuis
que ton
regard
s'est
abaissé
sur
moi...
je reste
émerveillé
du
bonheur
qui
m'inonde!
Et tu ne
peux
savoir
jusqu'où
va mon
amour!
CLÉOPÂTRE
(coquette)
Pourquoi
t'ai-je
choisi?
Pourquoi
t'ai-je
gardé?
SPAKOS
(ardent)
Mon
désir
entre
tous
était le
plus
fervent.
CLÉOPÂTRE
Peut-être...
tu m'as
plu...
et tu me
plais
encore...
(Spakos
va
répondre,
mais
Cléopâtre
voit
arriver
Adamos;
elle
continue)
Ne parle
pas...
laisse-moi
regarder.
Son
corps
est
souple
et
fin...
il a des
yeux de
volupté!
(Spakos
souffre.
Danse
lente et
langoureuse
d'Adamos.
Pendant
la
danse,
Cléopâtre
observe
avec
sensualité)
Sa danse
est
langoureuse...
elle
évoque
les
charmes
de
bonheurs
inconnus...
de
nouvelles
délices...
SPAKOS
(suppliant)
Tais-toi...
CLÉOPÂTRE
(avec
quelque
impatience)
Tu
troubles
mon
plaisir...
(Spakos
penche
la tête,
muet
et
furieux)
AMNHÈS
(à
Cléopâtre,
après la
danse
d'Adamos)
Ai-je
comblé
tes
voeux?
CLÉOPÂTRE
(montrant
Adamos)
Oui...
son nom?
AMNHÈS
Adamos...
(avec
orgueil)
il est
sans
égal...
S'il
dansait
devant
elle,
il
ravirait
Cléopâtre
elle
même!
CLÉOPÂTRE
Je le
crois
(à
Spakos)
...
n'est-ce
pas?
SPAKOS
(sombre)
Peut-être...
CLÉOPÂTRE
(à
Amnhès,
pendant
qu'Adamos
se met
à genoux
devant
elle)
Il
faudra
donc
qu'il
danse
devant
elle...
SPAKOS
(à
Cléopâtre,
suppliant
et tout
bas)
Ne me
fais pas
souffrir!
CLÉOPÂTRE
(Cléopâtre,
montrant
Adamos à
Spakos,
avec
admiration
émue)
N'est-ce
pas
qu'il
est
beau?
Si la
Reine
d'Egypte
voyait
ce corps
charmant
aux
souplesses
lascives...
Ces yeux
baignés
d'espoir...
cette
lèvre où
fleurit
la
pourpre
du
désir...
elle
aimerait
ce
corps...
cette
lèvre...
ces
yeux...
(à
Spakos)
N'est-ce
pas
qu'il
est
beau?
SPAKOS
(qui n'a
pu se
maîtriser
pendant
les
paroles
de
Cléopâtre,
se jette
sur
Adamos
et tente
de
l'étrangler
brutalement
en
l'écrasant
contre
une
table)
Il est
trop
beau!
(Tous,
en
tumulte,
poussent
des cris
d'effroi
et de
colère)
CLÉOPÂTRE
(furieuse,
haineuse)
Spakos...
qu'as-tu
fait?
SPAKOS
(brutal)
Je suis
jaloux!
(Alors,
Cléopâtre
regarde
Spakos;
un
sourire
erre sur
les
lèvres)
AMNHÈS
(criant)
Adamos... on
l'a
blessé!
La
gloire
de ma
taverne!
LA FOULE
(criant)
Adamos...
on l'a
blessé!
Adamos!
Adamos!...
à mort
les
étrangers!
à mort!
à mort!
à mort!
(Pendant
que l'on
emmène
Adamos
défaillant,
la foule
furieuse
se
retourne
contre
Cléopâtre
et
Spakos)
SPAKOS
(attirant
à lui
Cléopâtre)
Viens!
je te
défendrai!
CLÉOPÂTRE
(dans
ses
bras)
Ah! tu
m'aimes
vraiment
pour
avoir
fait
cela!
(Cléopâtre
et
Spakos
sont
dans un
coin.
Spakos
couvre
Cléopâtre
de son
corps)
AMNHÈS
ET LA
FOULE
(houleuse,
terrible,
les
entourant,
menaçante)
A mort
les
étrangers!
(Certains
ont tiré
leurs
couteaux
et
d'autres
ont pris
des
sièges
qu'ils
brandissent.
Spakos
retranché
derrière
une
table
s'apprête
à se
défendre
avec
son
poignard.
Soudain
Cléopâtre
se
dégage
de sa
protection,
fait us
pas en
avant
vers les
hommes
qui
reculent,
et, d'un
geste
souverain,
arrache
sa
coiffure
d'éphèbe;
ses
longs
cheveux
se
déroulent
sur
ses
épaules)
CLÉOPÂTRE
Arrêtez!
SPAKOS
Tais-toi!
CLÉOPÂTRE
(poursuivant)
Reconnaissez
votre
Reine.
LA FOULE
(avec
stupeur)
Cléopâtre...
CLÉOPÂTRE
Oui...
Cléopâtre...
qui
venait
se mêler
aux
plaisirs
de son
peuple...
AMNHÈS
(tombant
à
genoux)
Pardonne-nous...
CLÉOPÂTRE
C'est
bien!
Je
croyais
tout
connaître...
avoir
épuisé
pour
jamais
les
bonheurs
les plus
fous!
Hélas!
Je
m'ennuyais...
En vain
mes
serviteurs,
mes
esclaves,
mes
prêtres,
essayaient
d'amener
un
sourire
à mes
lèvres!
Hélas!
Je
m'ennuyais!
Je
m'ennuyais...
(changeant
de ton)
Mais
vous,
dans
votre
bouge,
vous
avez
fait
pour
moi plus
que tous
ceux qui
m'aiment!
Vous
avez
ajouté
le
crainte
aux
voluptés!
Sous
l'aile
de la
mort,
la vie
semble
plus
belle!
(caressant)
Et vous
m'avez
donné
quelques
frissons
nouveaux...
ah! ah!
ah! ah!
ah!
vous
avez
fait
pour moi
plus
que tous
ceux qui
m'aiment.
Merci!
LA FOULE ET AMNHÈS
(reculant
craintivement)
Cléopâtre!
C'est
Cléopâtre!
(La
porte
est
ouvert.
Charmion,
la
suivante
de
Cléopâtre
paraît
suivie
de
gardes
et
s'élance
vers la
Reine)
CLÉOPÂTRE
Charmion!
(Elle
congédie
aussitôt
tous les
assistants
qui
disparaissent,
sauf
Spakos.
Les
gardes
restent
près de
la porte
ouverte;
presque
au
dehors)
CHARMION
(à part,
à
Cléopâtre;
Spakos,
seul,
écoute)
Je te
cherchais,
maîtresse.
CLÉOPÂTRE
(à
Charmion)
Pourquoi
viens-tu
troubler
mes
jeux?
CHARMION
Il te
faut
retourner
sur le
champ
au
palais...
CLÉOPÂTRE
Au
palais...
CHARMION
Une
galère
est
arrivée
de
Rome...
et
Marc-Antoine
est de
retour...
CLÉOPÂTRE, SPAKOS
Marc-Antoine!
CHARMION
Il
t'attend...
il te
fait
rechercher
par la
ville...
il veut
te voir
sur
l'heure...
... je
savais
seul où
pouvoir
te
trouver...
Et j'ai
couru
vers
toi...
CLÉOPÂTRE
Je te
suis...
(Charmion
enveloppe
rapidement
Cléopâtre
dans un
grand
voile
qu'elle
a
apporté,
et sort.
La porte
reste
ouverte.
Cléopâtre
va
suivre
Charmion,
mais
Spakos
la
retient)
SPAKOS
(anxieux)
Tu vas
le
retrouver?
(suppliant)
Ah! Ne
fais pas
cela!
CLÉOPÂTRE
(pour
Spakos,
seul)
Ne
sais-tu
pas
qu'il y
va de
mon
trône?
SPAKOS
Je
t'aime!
tu t'es
donnée à
moi...
(avec
désespérance)
Je
souffrirais
trop...
trop...
Tu
n'iras
pas!
non!
non!
Fais-moi
plutôt
mourir!
tu
n'iras
pas ce
soir...
te
donner à
un
autre!
CLÉOPÂTRE
(luttant)
Spakos...
obéis-moi...
SPAKOS
... te
donner à
un
autre!
Je suis
jaloux...
je
t'aime
tant...
fais-moi
plutôt
mourir!
Tu
n'iras
pas!
non!
non!
CLÉOPÂTRE
(criant)
A moi!
(Des
lutteurs
paraissent
ainsi
qu'Ahmnhès
et
s'élancent
sur
Spakos
qu'ils
maîtrisent)
Saisissez-le!
SPAKOS
Lâche!
Cruelle!
CLÉOPÂTRE
(hautaine)
Des
injures!
Oses-tu
résister
quand je
t'ai
dit:
Je veux!
SPAKOS
(redoublant
de
fureur)
Lâche!
CLÉOPÂTRE
(avec un
sourire
cruel)
Allons!
Insulte-moi!
Tes yeux
sont
bien
plus
beaux
quand la
fureur
t'affole!
(plus
près de
lui)
Redonne-moi
tes
yeux!
SPAKOS
Lâche!!
CLÉOPÂTRE
(encore
plus
près)
Peut-être
un
jour...
mon
regard
voudrai-t-il...
te
choisis...
de
nouveau... oui,
peut-être
à
nouveau...
tu
sauras
mon
amour!
Spakos,
tu le
vois
bien...
(avec
intention)
... il ne
faut pas
mourir...
il ne
faut pas
mourir...
SPAKOS
(éperdu,
est
entraîné
par les
lutteurs
hors
de la
vue de
Cléopâtre,
qui le
regarde
encore)
Ah!
CLÉOPÂTRE
(se
disposant
à sortir
avec
Charmion
et
les
gardes
qui
l'attendent
à la
porte)
Marc-Antoine!
Tu vas
me
retrouver
heureuse
et
frémissante.
ACTE
TROISIÈME
Les
Jardins
de
Cléopâtre
(Fête
asiatique
dans les
jardins
de
Cléopâtre,
sous les
terrasses;
Marc-Antoine
est
étendu
mollement
sur un
lit de
repos
magnifique
que
surplombe
un
velum;
il a
dépouillé
le
costume
romain
et est
somptueusement
vêtu à
l'oriental,
comme un
roi
asiatique.
Cléopâtre
est à
côté de
lui,
merveilleusement
parée.
Charmion
est
debout
derrière
elle.
De
belles
esclaves
sont
étendues
autour
du lit
de
repos.
Au fond,
de côté,
une
terrasse
élevée
à
laquelle
on
accède
par une
pente
fleurie.
Dans les
diverses
danses
se
distinguent
des
Lydiennes,
des
Syriennes,
des
Scythes,
des
Amazones
et des
Chaldéennes)
Ballet
des
syriennes
Ballet
de
Chaldéennes
Ballet
de
Amazones
(Les
danses
sont
interrompues
par
Cléopâtre
qui
s'est
levée et
a pris
une
coupe
que lui
a tendu
Charmion)
CLÉOPÂTRE
J'ai
versé le
poison
dans
cette
coupe
d'or.
Quiconque
effleurera
ses
bords,
en la
vidant
boira la
mort!
Mais à
celui
qui la
prendra
mon
baiser
viendra
répondre
à son
baiser!
Et
j'offrirai
mon doux
regard...
oui,
j'offrirai
mon
regard
le plus
tendre...
mon doux
regard...
mon doux
baiser
le plus
tendre!
O mes
esclaves,
parmi
vous, en
est-il
un
qui
m'aime
et me
désire
assez,
pour
vouloir
se
griser...
d'une
caresse?
O mes
esclaves,
parmi
vous, en
est-il
un
qui
m'aime
et me
désire
assez?
Il
connaîtra
mon doux
regard...
il
connaîtra
mon plus
tendre
baiser!
(des
esclaves,
hommes,
tendent
des
bras
suppliants
vers
elle.
Elle en
choisit
un)
Viens,
toi...
(lui
tendant
la
coupe)
Je suis
la mort
divine,...
enchanteresse!
(L'esclaves
va
saisir
la
coupe,
mais
Marc-
Antoine
la lui
arrache,
la jette
et
attire
à lui
Cléopâtre,
tandis
que
l'esclave
recule
désespéré
avec
toutes
les
danseuses
qui
l'entraînent
dans le
fond,
où tous
restent
massés
un
moment
sans
s'éloigner)
MARC-ANTOINE
O
Cléopâtre!
Charmeresse!
Cesse
ces jeux
cruels...
Je sais
trop que
pour toi
l'on
peut
avoir
tous les
courages...
toutes
les
lâchetés...
CLÉOPÂTRE
Pourquoi
donc
toute
audace
est-elle
morte en
toi!
MARC-ANTOINE
Que
veux-tu
dire?
CLÉOPÂTRE
La
guerre
est
déclarée
entre
Rome et
l'Egypte...
Octave
réunit
ses
légions
et sa
flotte.
Nos
soldats
sous ces
murs
attendent
pour
partir... nos
vaisseaux
dans le
port
veulent
mettre à
la
voile...
Cependant...
tu
hésites...
Pourquoi?
que
veux-tu
donc?
MARC-ANTOINE
Il
faudrait
te
quitter...
je n'ose
pas
partir...
CLÉOPÂTRE
Si ta
gloire
l'ordonne...
MARC-ANTOINE
Mon
amour
s'y
refuse!
J'ai
trop
souffert
déjà
loin de
toi...
Ce
Spakos.
CLÉOPÂTRE
(l'interrompant)
Ne parle
pas de
lui...
MARC-ANTOINE
Il se
cache...
il me
craint...
Tu l'as
aimé?
CLÉOPÂTRE
(embarrassée)
Non!
Non!
C'était
pour
t'oublier...
toi-même
épousais
Octavie...
je te
croyais
perdu à
jamais
pour mon
coeur...
mais tu
es
revenu...
tu m'as
toute
reprise...
(expressif)
... à ton
premier
regard,
à ton
premier
baiser!
(Les
danses
rependront,
sur un
signe de
Charmion,
pendant
que
Cléopâtre
s'abandonnera
aux bras
de Marc-Antoine)
Ballet
de
Lydiennes
Ballet
de
Scythes
(Un
serviteur
s'avance
précédant
Octavie,
qui
tient un
pan de
sa
palla-manteau
relevé
au-dessus
de sa
tête et
rabattu
devant
son
visage.
Quand
Octavie
est
devant
Cléopâtre
est
devant
Cléopâtre
et
Marc-Antoine,
elle
rejette
le pan
de son
manteau)
MARC-ANTOINE
(avec
effroi)
Octavie?
CLÉOPÂTRE
(surprise
et
méprisante)
Octavie!
(Sur un
signe de
Charmion
tous
sortent
en
tumulte.
Octavie,
Cléopâtre
et
Marc-Antoine
restent
seuls)
OCTAVIE
(sans
vouloir
regarder
Cléopâtre)
Marc-Antoine,
j'ai
quitté
Rome... devançant
en ces
lieux le
triumvir,
mon
frère...
MARC-ANTOINE
Que
viens-tu
faire
ici?
OCTAVIE
(simplement)
Je ne
viens
pas en
ennemie...
je
t'apporte
la paix.
MARC-ANTOINE
La paix?
OCTAVIE
Oui...
je veux
éviter
des
luttes
fratricides...
(expressif)
Sacrifie
tes
plaisirs
aux
devoirs
de ta
gloire...
suis-moi...
reviens
à
Rome...
et tout
s'apaisera...
MARC-ANTOINE
Tu
pouvais
t'épargner
une
prière
vaine.
J'ai
mieux
que toi
le souci
de ma
gloire!
Elle
n'est
plus à
Rome...
elle est
toute en
Egypte...
OCTAVIE
Hélas!
(à
Cléopâtre)
Ayez
pitié!
Laissez-moi
vous
parler...
(émue)
Par
vous,
j'ai
tout
perdu,
jusqu'à
l'espoir
lui-même...
J'accepte
mes
tourments...
En
voyant
vos
beautés,
je
comprends
leur
pouvoir.
Pourtant
si vous
l'aimez...
Ayez
pitié de
lui...
n'en
faites
pas une
traître
à son
passé de
gloire...
Montrez-lui
le
devoir
qu'il
dédaigne
et
méprise!
Ayez le
douloureux
courage
d'obliger
l'univers
à mieux
vous
admirer
encore!
Sa
renommée,
vos
lauriers,
sa
mémoire...
tout est
entre
vos
mains!
Si vous
l'aimez
un
peu...
ayez
pitié de
lui!
ayez
pitié de
lui!
CLÉOPÂTRE
(à
Marc-Antoine)
Octavie
a
raison...
MARC-ANTOINE
Que
dis-tu?
CLÉOPÂTRE
Mon âme
égalera
le
sienne.
MARC-ANTOINE
(avec
fureur)
Te
quitter...
pour
jamais... ah!
je
comprends
ta
ruse...
tu
attends
mon
départ...
il te
délivrerait...
(éclatant)
Que le
monde
romain
s'ensanglante
et
périsse!
que je
sois
traître
à Rome,
à ma
gloire,
au
devoir..
.j'accepte
tout
pour
garder
Cléopâtre.
OCTAVIE
Voilà ce
qu'il
est
devenu!
CLÉOPÂTRE
Généreuse
Octavie...
mon
effort
reste
vain...
Rends-m'en
témoignage...
au
Sénat...
à
Octave...
Il est
un Dieu
plus
fort que
tous les
dieux...
C'est
celui...
(tendrement)
... que je
sers...
c'est
l'amour
triomphant...
OCTAVIE
(avec
énergie)
Ah! ne
l'insultez
pas!
L'amour
sublime
et pur
ignore
la
bassesse!
Il
élève...
ennoblit...
et
magnifie
les
âmes!
Mais
quand il
fait des
lâches...
quand il
rend
l'homme
vil...
Comme la
bête
même...
Ce n'est
que le
plaisir...
Non, ce
n'est
pas
l'amour!
non, ce
n'est
pas
l'amour...
CLÉOPÂTRE
(à
Marc-Antoine)
Marc-Antoine...
choisis...
il en
est
temps
encore...
MARC-ANTOINE
(dans un
élan
vers
elle)
Cléopâtre!!
OCTAVIE
(désespérée)
Hélas!
CLÉOPÂTRE
(à
Marc-Antoine)
J'éprouvais
ton
amour...
Je suis
fière de
lui.
(à
Octavie)
Nous
acceptons
sans
peur la
lutte
qui
commence.
OCTAVIE
Dieux!
CLÉOPÂTRE
(à
Marc-Antoine)
Réveille
ton
courage
et donne
le
signal!
(fièrement)
Va
combattre
pour
moi...
MARC-ANTOINE
(fièrement)
Triompher
ou
périr!
CLÉOPÂTRE
Si ton
coeur me
chérit!
MARC-ANTOINE
Mes
soldats
frémissants
m'attendent...
et
m'appellent!
CLÉOPÂTRE
Va!
courage!
Va
combattre
pour
moi,
si ton
coeur me
chérit
allons!
MARC-ANTOINE
Oui, je
cours à
leurs
côtés!
Je cours
triompher
avec
eux!
allons!
OCTAVIE
Dieux!
prenez
pitié de
ma
peine...
Ah!
pitié de
ma peine
cruelle!
à jamais
il est
perdu!
Hélas!
pitié!
ah!
pitié!
ah!
pitié!
pitié!
ah!!
CLÉOPÂTRE
Marc-Antoine,
Tes
soldats
t'appellent!
Va
triompher
avec
eux...
si ton
coeur me
chérit...
si ton
coeur me
chérit!
oui, tu
vas
triompher,
triompher
avec
eux!
avec
eux!!
MARC-ANTOINE
Mes
soldats
m'appellent!
Et je
cours
triompher
avec
eux...
et mon
coeur te
chérit... et
mon
coeur te
chérit!
oui, je
vais
triompher,
triompher
avec
eux!
avec
eux!!
(Marc-Antoine
s'élance
au
dehors.
Cléopâtre,
après un
regard
de
triomphe
à
Octavie,
monte
sur la
terrasse
suivie
de
Charmion
et de
ses
esclaves
accourues
au
devant
d'elle,
Octavie
reste
seule et
désespérée)
OCTAVIE
(seule)
Hélas!
Tout est
perdu!
(Spakos,
qui est
entré
depuis
un
moment
et a
observé
Octavie,
s'approche
d'elle,
loin de
la vue
de
Cléopâtre
qui est
sur la
terrasse)
SPAKOS
(à
Octavie,
qui
l'écoute
avec
surprise)
Femme... ne pleure pas...
Cléopâtre est à moi...
et je veux la reprendre...
Femme, ne pleure pas...
L'ARMÉE
(au
loin)
Triumvir...
gloire à
toi!
(L'armée
paraît
et
commence
à se
masser
ou pied
de la
terrasse
où se
tiennent
Cléopâtre
et ses
femmes.
Cléopâtre
et ses
femmes,
en
chantant
la
gloire
de
Marc-Antoine,
jettent
des
fleurs
sur
l'armée)
CLÉOPÂTRE
(enivrée)
Donnez
des
fleurs,
donnez
des
fleurs
toutes
les
fleurs
du
monde!
FEMMES,
CHARMION
(avec
les 1rs
Sopranos)
Des
fleurs!
voici
des
fleurs!
CLÉOPÂTRE
Leur vol
léger
parfumera
nos
adieux
si
tendres!
CHARMION,
FEMMES
Des
fleurs!
voici
des
fleurs!
(Marc-Antoine
paraît
sur son
char
d'or
traîné
par
quatre
chevaux
blancs;
il
s'arrête
sous les
paroles
de
Cléopâtre)
CLÉOPÂTRE
Voici!
le beau
vainqueur
des
victoires
prochaines!
CHARMION, FEMMES
Voici le
beau
vainqueur!
MARC-ANTOINE
(à
Cléopâtre,
avec
élan)
A toi ma
vie! à
toi ma
joie!
et mes
victoires
prochaines!
CLÉOPÂTRE
(à
Marc-Antoine)
A toi!
ma vie!
à toi ma
joie
et les
victoires
prochaines!
A toi
ces
fleurs!
ô beau
vainqueur!... gloire
à toi!
L'ARMÉE
Gloire à
toi,
triumvir!
Gloire à
triumvir
Beau
vainqueur
des
victoires
prochaines!
gloire à
toi!
MARC-ANTOINE
A toi ma
gloire!
à toi ma
joie! à
toi!
CHARMION, FEMMES
A toi
ces
fleurs!
ô beau
vainqueur!...
gloire à
toi!
(Cléopâtre,
Charmion
et les
Femmes
jettent
des
fleurs
sur
l'armée
qui
défile.
Marc-Antoine,
sur son
char,
envoie
un
dernier
adieu à
Cléopâtre.
Les
soldats
agitent
leurs
armes
et
poussent
des cris
de
gloire)
ACTE
QUATRIÈME
La mort
des
amants
(La
terrasse
de
l'hypogée.
D'un
côté
l'entrée
de
l'hypogée.
Toutes
les
esclaves
de
Cléopâtre
sont
massées
à
l'entrée
du
tombeau
autour
d'un
autel de
pierre
et
s'activent
à
des
préparatifs
funéraires.
Tout au
loin, la
ville
d'Alexandrie
blanche
sous
le grand
ciel
bleu,
à
l'horizon,
la mer
très
bleue.
Cléopâtre
est
allongée,
seule,
sur un
lit de
repos.
Elle
interroge
du
regard
l'immensité.
Deux
esclaves
morts
sont
étendus
à ses
pieds.
Des
gardes
près de
l'hypogée.
Spakos
sombre
et
silencieux
est
debout
au fond,
appuyé
sur
lance;
il
regarde
lui
aussi à
l'horizon.
Charmion
et les
suivantes
sont
près
du lit
de
Cléopâtre)
CLÉOPÂTRE
(à
Charmion
et à ses
suivantes)
Hâtez-vous
d'accomplir
les
rites
funéraires.
J'ai
fait
courir
partout
le bruit
de mon
trépas,
mais ma
ruse
peut-être
découverte...
et je
veux
être
prête à
mourir
aussitôt...
(après
un
silence,
elle
appelle
Spakos
qui
tourne
la tête
vers
elle)
Spakos!
As-tu
suivant
mon
ordre,
envoyé
des
esclaves
pour
chercher
Marc-Antoine?
et
l'amener
ici?
SPAKOS
Oui...
Cléopâtre...
CLÉOPÂTRE
(après
un
silence)
Hélas!
tout est
perdu!
Actium!
(avec
agitation)
... la
défaite!
la
fuite!
L'horrible
souvenir!
CHARMION
(qui est
près
d'elle)
Mais...
Marc-Antoine
encor
peut
trouver
des
soldats...
venir à
ton
secours...
CLÉOPÂTRE
Le temps
s'écoule...
il ne
vient
pas...
Octave
est
partout
la
vainqueur...
(montrant
les
esclaves
morts)
Deux
fois
déjà ses
messagers
funèbres
ont payé
de leur
vie les
nouvelles
de ses
victoires...
(Une
esclave
paraît
portant
une
corbeille
de
fruits
et de
fleurs.
Cléopâtre
la voit)
Toi,
quel
nouveau
malheur
m'annonces-tu?
CHARMION
(désignant
l'esclave
qui
s'est
mise à
genoux
tendant
la
corbeille)
Hélas!
pour
obéir à
tes
désirs
cruels
j'ai
fait
cacher
un aspic
sous ces
fruits...
sous ces
fleurs...
Sa
morsure
donne
une mort
certaine!
Doucement,
comme à
la fin
du
jour...
la mort
paisible
et
maternelle
te
bercera
entre
ses bras
pour un
sommeil
sans
rêve...
un
sommeil
sans
réveil!
CLÉOPÂTRE
(à une
suivante)
Prends
ce don
précieux...
pose-le
sur
l'autel...
CHARMION
(implorant)
O
maîtresse
pourquoi...
pourquoi
veux-tu
mourir?
le
triumvir
Octave...
(La
suivante
a pris
la
corbeille
des
mains de
l'esclave
qui la
suit et
va la
déposer
sur
l'autel)
CLÉOPÂTRE
Non...
son âme
est
cruelle...
et son
coeur
implacable...
Je vois
trop
bien le
destin
qui
m'attend...
des
licteurs
impudents
mettraient
la main
sur
moi...
Je
rendrais
plus
fameux
le
triomphe
d'Octave...
les
mains
chargées
d'entraves,
nue,
les
cheveux
épars,
enchaînée
à son
char,
je
serais
la risée
des
populaces
viles,
moi,
¡Cléopâtre...
horreur!
SPAKOS
(qui
s'est
approché)
Je
t'accompagnerai
dans la
tombe...
O
maîtresse!
mon
amour
t'y
suivra!
CLÉOPÂTRE
(la face
appuyée
sur son
poing)
Spakos!
ne parle
pas
d'amour...
(Spakos
douloureusement
et se
maîtrisant,
accompagne
Charmion
et les
suivantes
jusqu'à
l'hypogée
dans
lequel
elles
pénètrent
silencieusement.
Spakos
reste
seul,
près de
l'hypogée,
abattu,
et ne se
retourne
que sur
les
derniers
mots de
Cléopâtre:
«Ah! ne
viendra-t-il
pas?»
douloureusement
songeuse
et
pendant
l'éloignement
momentané
de tous)
Sur ma
terrasse
je pense
à lui...
Ah! ne
viendra-t-il
pas?
je
l'attends...
et je
pleure!
Et dans
mon
coeur
brisé,
loin de
lui,
c'est la
mort!
ah! ne
viendra-t-il
pas?
SPAKOS
(se
rapprochant)
Qu'espères-tu
de lui?
CLÉOPÂTRE
Son
pardon!
Car
c'est
moi qui
causai
sa
défaite...
cette
fuite
insensée...
SPAKOS
Ne pense
plus à
lui... que
son sort
s'accomplisse... il
ne peut
rien
pour toi
Vaincu...
désespéré...
il n'a
plus de
soldats...
son
armée
l'a
trahi...
Marc-Antoine
ne
viendra
pas!
(avec
mépris)
Ce
triumvir...
ce
romain... ce
héros
ne doit
songer
qu'à
fuir...
et qu'à
sauver
sa vie!
CLÉOPÂTRE
Hélas!
SPAKOS
(ému et
énergique)
Seul,
aux
heures
d'infortune
je te
suis
fidèle...
Seul, tu
m'as
retrouvé
dans la
tourmente
affreuse.
Seul, je
t'aide à
porter
le
fardeau
du
malheur.
Seul,
avec
toi, je
veux
mourir!...
je veux
mourir!
Seul, je
t'aime,
ô
Cléopâtre!
CLÉOPÂTRE
Tais-toi!
SPAKOS
(anxieux)
Cet
homme...
tu
devais
plier à
ses
caprices...
parce
qu'il
était
grand...
qu'il
avait le
pouvoir?
Si tu
l'attends
encore
c'est
que tu
crois...
qu'il
pourrait
te
sauver...
(implorant)
Mais tu
ne
l'aimais
pas?
dis? tu
ne
l'aimais
pas?
CLÉOPÂTRE
(dans un
cri)
Je
l'aime
maintenant...
SPAKOS
(se
reculant
comme
blessé)
Dieux!
que
dis-tu?
que
dis-tu?
CLÉOPÂTRE
(palpitante)
Tant
qu'il
était
puissant,
vainqueur
et
glorieux...
je
n'avais
pas
compris
que
j'aimais
Marc-Antoine...
Dans le
fond de
mon âme,
tout
s'est
éclairé...
et le
remords
m'accable!
Il doit
pleurer...
je
l'aime...
il est
vaincu...
je
l'aime... il
souffre...
je
l'adore!
SPAKOS
Cléopâtre!
pitié!
CLÉOPÂTRE
Ah! le
revoir
encore... le
consoler...
l'aimer!
l'aimer!!
SPAKOS
(d'abord
avec une
fureur
concentrée)
Il est
perdu
pour
toi...
tu ne le
verras
plus!
CLÉOPÂTRE
Que
dis-tu?
SPAKOS
(éclatant)
J'ai
donné
l'ordre
à tous
les
messagers
de lui
affirmer
ton
trépas...
CLÉOPÂTRE
Dieux!
SPAKOS
Ainsi
que
tous...
il te
croit
morte...
et sans
doute il
a fui
loin
d'ici!
CLÉOPÂTRE
Ah!
SPAKOS
(avec
âme)
Ta mort
est à
moi
seul...
je ne
veux pas
d'un
autre
auprès
de toi!
CLÉOPÂTRE
(dans un
furieux
mouvement
de
colère
arrache
un
poignard
à la
ceinture
de
Spakos,
et le
frappe à
la
poitrine)
Misérable!!
SPAKOS
(chancelle
et tombe
sur
les
genoux,
près du
lit
repos)
Ah!!
CLÉOPÂTRE
(désespéré)
Pourquoi
m'as-tu
trompée?
SPAKOS
(haletant)
Pour...
me
venger...
de
lui...
parce
que...
je
t'adore...
(avec un
suprême
effort)
... et
que tu
m'as
aimé...
UN
ESCLAVE
(accourant)
Maîtresse...
Marc-Antoine...
il
vient!
CLÉOPÂTRE
(avec un
cri de
joie)
Ah!
SPAKOS
(avec un
cri de
rage)
Ah!
(Spakos
se
dresse
effrayant;
il tend
les
bras
vers
Cléopâtre...
et tout
à coup
retombe
en
arrière)
CLÉOPÂTRE
(à
elle-même;
éperdue
de
bonheur
et
triomphante)
Le voir!
je vais
le
voir!!
(avec
fièvre,
aux
gardes
et aux
esclaves
qui son
sortis
de
l'hypogée)
Qu'on
emporte
les
corps
des
messagers
funèbres!
qu'on
ôte de
ma
vue...
(désignant
Spakos)
... ce
traître,
ce
maudit...
(On
traîne
les
corps
derrière
le
cortège
des
suivantes
qui sont
accourues,
venant
de
l'hypogée,
et qui
sèment
des
fleurs
autour
d'elles)
Semez
partout
les
fleurs
que
j'avais
réservées
pour mes
derniers
instants!
(à
Charmion,
accourue;
avec
ivresse)
... ah! je
veux
être
belle,
belle
encor
pour le
revoir!
(Charmion
et les
suivantes
présentent
à
Cléopâtre
son
miroir,
la
parent
de
bijoux,
mettent
des
fleurs à
ses
tempes,
versent
sur ses
mains
des
parfums)
Faites-moi
belle!
belle!
(Tout à
coup
Cléopâtre
se
dresse,
elle a
aperçu
Marc-Antoine
au
dehors)
Marc-Antoine!
(Marc-Antoine
paraît,
la
poitrine
sanglante)
MARC-ANTOINE
(apercevant
Cléopâtre,
dans un
cri
de joie)
Cléopâtre!
vivante!
CLÉOPÂTRE
Il est
blessé!
(On
dépose
Marc-Antoine
sur le
lit de
repos.
Cléopâtre
se jette
à ses
genoux,
il
l'attire
doucement
à lui en
lui
prenant
les
mains.
Tous les
assistants
s'écartent
en
silence
et
rentrent
dans
l'hypogée)
CLÉOPÂTRE
Marc-Antoine...
qu'as-tu?
MARC-ANTOINE
(d'une
voix
altérée)
On m'a
trompé!
Je
croyais
à ta
mort...
et dès
que j'ai
vu ton
tombeau...
dans mon
désespoir,
je me
suis
frappé...
pour ne
pas te
survivre!
CLÉOPÂTRE
Hélas!
Hélas!
MARC-ANTOINE
Je
voulais
m'endormir
à jamais
près de
toi...
Je
venais
triste
et
seul...
désespéré...
Vaincu...
(avec un
suprême
effort)
Tu es
vivante...
O joie!
tu es
vivante!
vivante!
Consolé
dans tes
bras,
heureux,
heureux...
je
mourrai...
CLÉOPÂTRE
(éplorée)
Marc-Antoine...
pardon...
MARC-ANTOINE
...
qu'ai-je
à te
pardonner?
CLÉOPÂTRE
Ton
malheur
et ta
mort.
MARC-ANTOINE
(calme)
Je ne
regrette
rien...
(doucement)
... à
tes
côtés
j'ai
fait le
rêve le
plus
beau...
Tes
baisers
m'ont
payé
de
toutes
mes
souffrances!
Tout
s'oublie...
tout
s'efface!
Si j'ai
perdu
l'Empire...
j'ai
régné
sur ton
âme!
Tout
s'oublie...
quand je
vois en
tes yeux
rayonner
ta
tendresse...
CLÉOPÂTRE
(tendrement)
Tu dis
vrai...
tu dis
vrai...
mon
amour
répond à
ton
amour...
MARC-ANTOINE
Cléopâtre!
CLÉOPÂTRE
(lui
montrant
l'horizon)
Regarde
l'horizon!
C'est le
plus
beau des
soirs!
C'est
l'heure
la plus
douce!
MARC-ANTOINE
C'est le
plus
beau des
soirs!
CLÉOPÂTRE, MARC-ANTOINE
C'est
l'heure
la plus
douce!
Sous
l'aile
de la
mort
nos
coeurs
sont
mieux
unis!
Ah!
bénis
soient
les
Dieux
pour
cette
heure
divine!
CLÉOPÂTRE
C'est le
plus
beau des
soirs!
CLÉOPÂTRE, MARC-ANTOINE
C'est le
plus
beau des
soirs!
le plus
beau des
soirs!!
MARC-ANTOINE
Cléopâtre!
(Long
baiser
dans
lequel
Marc-Antoine
expirera)
Ah!
(Cléopâtre
sent que
le corps
du
triumvir
fléchit
entre
ses
bras.
Elle a
compris
et
se dresse
avec
épouvante)
CLÉOPÂTRE
Le
triumvir
est
mort!
(sanglotant
sur le
corps)
Marc-Antoine!
Antoine!
(Charmion
et
toutes
les
femmes
accourent
autour
d'elle.
Se
dressant;
avec
effroi)
Il n'est
plus!
(désespérée)
Je
veux...
je veux
mourir!
(à
Charmion,
désignant
la
corbeille
avec
une
suprême
agitation)
Donne-moi
ce
présent
magnique,
le plus
beau
qu'on
m'ait
fait,
car
c'est la
délivrance!
(aux
femmes
qui
sanglotent
à genoux
près
d'elle
et la
supplie
de ne
pas
accepter
la mort)
Femmes...
ne
pleurez
pas...
adieu...
(avec
désespoir)
mourir!
je vais
mourir...
ah!
c'est
affreux!
mourir...
(Au loin
les
trompettes
d'Octave;
elle
tressaille)
Voici
les
ennemis!
et
j'hésitais
encore!
(Elle
tombe
sur le
lit, et
prend la
corbeille.
Elle se
fait
piquer
par
l'aspic.
Frémissant)
Ah!
(calme)
... tout
est
bien!
une
douce
torpeur
envahit
tout mon
être...
je vais
dormir
du grand
sommeil
sans
rêve!
(avec
use
surprise
d'épouvante)
Grands
Dieux!
quel est
ce froid
qui
monte
vers mon
coeurs?
quel est
ce froid
qui
envahit
peu à
peu
tous mes
membres...
Est-ce
la mort
qui
vient?
Mourir...
c'est
donc
vrai?
Cléopâtre
meurt...
Cléopâtre...
qui fut
la joie
et la
tendresse...
elle qui
adora la
vie et
le
soleil!
(frissonnant)
J'ai
froid!
J'ai
froid!
ah! ce
froid
implacable...
Il monte
de la
terre...
il me
glace
les
tempes...
il gagne
tout mon
être!
ah!
C'est
affreux!
mourir!
mourir!
ne plus
revoir
la
lumière
et les
fleurs...
moi qui
fus
l'amour...
toute la
volupté...
moi qui
fus
Cléopâtre!
(frémissant)
Mes yeux
se
voilent...
(se
débattant
contre
la mort
qui
vient
avec ses
visions
funèbres)
...
non...
je ne
veux
pas...
c'est un
gouffre...
de
l'ombre...
ah! tout
est
noir...
J'ai
froid... ah!
j'ai
froid...
j'ai
froid...
(tâchant
d'étendre
les
mains
vers
Marc-Antoine)
Antoine...
Cléopâtre
à jamais
réunis!
(Elle
tombe
sur le
corps du
triumvir)
(Trompettes..)
UN VOIX
(crie)
Place à
César!
(Octave
paraît
suivi de
ses
gardes.
Il
avance
rapidement,
voit les
deux
cadavres
enlacés.
Il a un
mouvement
de
surprise
et
d'effroi;
puis
il
s'incline
devant
eux et,
en se
redressant,
se
voile
la face
du pan
de son
manteau)
|
ACTO
PRIMERO
Campamento
de
Marco
Antonio
(El
campamento
romano
en
Tarso,
Asia
Menor,
a
orillas
del río
Cidno. A
un lado
la
tienda
de
Marco
Antonio.
Al fondo
el río.
Se ven
aquí y
allá,
otras
tiendas
de
campaña.
Marco
Antonio,
rodeado
de sus
lugartenientes
y las
águilas
romanas,
se
encuentra
en el
umbral
de su
tienda.
Frente
al
triunviro
romano
están
los
embajadores
de los
pueblos
sometidos
y
tributarios.
Los
esclavos
están
inclinados
hacia el
suelo,
con los
brazos
extendidos.
Ante
ellos
están
los
presentes
traídos:
cofres
cincelados
llenos
de oro,
cestas,
etc.
Spakos,
un poco
apartado,
con los
brazos
cruzados
en medio
de un
grupo de
esclavos
egipcios
arrodillado
a sus
pies
Los
soldados
romanos
de pie,
montan
guardia
fuera de
la
tienda
y detrás
de los
embajadores
y
tributarios)
JEFES
ROMANOS
EMBAJADORES,
TRIBUTARIOS
¡Roma es
grande
y
su
nombre
brilla
en todo
el
mundo!
Marco
Antonio
hace
triunfar
sus
águilas
y los
pueblos
del
Asia,
te
suplican
¡oh,
vencedor!
que
aceptes
sus
tributos.
¡Gloria
a ti,
triunviro!
¡Gloria
a
ti!
¡Gloria
a ti,
triunviro!
¡Gloria
a
ti!
¡Gloria
a
ti!
¡Gloria
a ti,
triunviro!
¡Roma es
grande y
brilla
en todo
el
mundo!
(Suenan
trompetas
en el
exterior)
MARCO
ANTONIO
(a los
embajadores
y
tributarios)
Recibo
vuestro
homenaje
y
os
prometo
la paz.
Sobre
vosotros, la
República
extiende
sus
brazos
victoriosos.
Desde
las
columnas
de
Hércules
hasta
las
montañas
de Asia,
el sol
radiante
sólo
ilumina
tierras
romanas.
El
triunviro
Octavio
triunfó
en el
occidente;
y yo, con mi
victoria,
¡he
sometido
al
oriente!
Mis
tropas
lo
mantendrá
sumiso
por
siempre.
¡Vencidos,
obedeced,
pues
Roma
es la
más
poderosa
y su
gloria
brillará
por
siempre
en el
mundo!
JEFES
ROMANOS,
EMBAJADORES
¡Gloria
a ti!
¡Gloria
a ti,
triunviro!
(Los
esclavos
se
levantan
y siguen
a
los
tributarios
llevando
los
presentes
a la
tienda
de Marco
Antonio.
Los
embajadores
se
alejan.
Sólo
Spakos
no se
mueve.
Suenan
trompetas)
MARCO
ANTONIO
(a
Spakos,
que
permanece
inmóvil)
Y tú,
que
eres el
único
que
has
venido
con las
manos
vacías,
¿de qué
rey, de
qué
pueblo
vienes a
anunciar
el
sometimiento?
SPAKOS
(con
calma)
¡No
traigo
presentes...
ni
cofres
llenos
de oro!
¡Oh
triunviro,
sin
embargo,
te
anuncio
un
tesoro
que vale
más que
las
maravillas
más
raras!
¡Cleopatra
pronto
se
presentará
ante ti!
Ella ya
salió de
Egipto...
y
se
acerca a
Tarso...
MARCO
ANTONIO
(con un
gesto de
orgullo)
¡Cleopatra!
(a sus
lugartenientes)
Le he
pedido
que se
someta.
(a
Spakos)
¿Y
quién
eres tú?
SPAKOS Uno de
sus
libertos...
que,
como
todos
los
hombres,
¡palidece
y se
estremece
cuando
su
mirada
me
roza!
MARCO
ANTONIO
(burlonamente)
Por
haber
elegido
de tal
embajador...
ella
siguió
mis
órdenes...
viene
como una
esclava...
SPAKOS
(impasible)
¡La
verás!
MARCO
ANTONIO
(a sus
lugartenientes)
Viene a
suplicarme
con el
corazón
temeroso.
SPAKOS
(igualmente)
Tú la
verás...
MARCO
ANTONIO
La veré
humillarse...
con su
orgullo
doblegado.
(altivo)
¡No soy
César
para que
juegue
conmigo!
¡Cortesana!
¡Cortesana
de
frente
coronada!
(desdeñoso)
¡Ni ella
misma
sabe el
número
de
amantes
que ha
tenido
entre
sus
amorosos
brazos!
¡Ah!
¡Cleopatra,
crees
que
podrás
esclavizarme!
Y a preparas
tus
trucos y
tus
trampas
voluptuosas.
¡Cortesana!
(concentrado)
¿A
qué
amante
que
abandonas
para
venir
hoy aquí
a
someterte
a mi
ley?
¿Qué
besos
han sido
marchitados?
¡Cortesana!
¡Cortesana
de
frente
coronada!
(altivamente)
¡Mantendré
mi
gloria y
mi
orgullo
romanos...
¡Cleopatra!
¡No te
tengo
miedo!
¡Cortesana!
¡Ven!
¡Cortesana!
(Llega
un
primer
cortejo
de
esclavas
griegas
con
flores.
Una de
ellas
camina
con los
brazos
cargados
de
rosas.
Los
soldados
romanos
se
aproximan
poco
a poco y
observan
con
curiosidad)
ESCLAVAS
GRIEGAS
(todas
sopranos)
Fluid,
fluid
entre
nuestros
dedos,
cálices
blancos.
¡Volad,
deslizaros,
cálices
blancos!
¡Volad,
cálices
rosados!
¡Deslizaros,
volad!
¡Deslizaros,
volad,
volad!
¡Volad!
¡Deslizaros!
MARCO
ANTONIO
(señalando
a la
esclava
que se
arrodilla
ante él
y
derrama
capullos
de rosas
a
sus
pies)
Cleopatra... ¿es
ella?
SPAKOS
De
rodillas
ante
ti...
Está
una
esclava
elegida
entre
las más
perfectas.
MARCO
ANTONIO
¿Qué
dices?
¡Es
muy
hermosa!
SPAKOS
¡Es la
más
bella!
(Avanza
un nuevo
cortejo.
Son
esclavas
egipcias,
que
llevan
como
presentes
ricos
cofres,
velos
bordados
en
oro y
plata.
Otras
agitan
incensarios.
Una de
ellas
avanza
llevando
en
sus
manos
extendidas
un velo
brillante
y
hermoso:
el velo
de
Cleopatra)
ESCLAVAS
EGIPCIAS
(Todas
contraltos)
Dígnate
aceptar
la
canela y
mirra.
Embriágate
con las
fragancias
más
raras.
¡Embriágate...
con los
perfumes!
MARCO
ANTONIO
(a la
que le
presenta
el velo
de
Cleopatra,
de
rodillas
delante
de él)
Y tú...
¿quién
eres?
CHARMION
¡Una
esclava
de
Cleopatra
apenas
digna de
desatar
los
cordones
de sus
sandalias
de oro!
MARCO
ANTONIO
¿Eres una
hechicera?
Sea como
sea
romperé
sus
sortilegios...
¡La
veré!
SPAKOS
(a Marco
Antonio)
¿Quieres
verla?...
En el
esplendor
del sol
que se
oculta,
mira
como se
acerca
a lo
lejos la
galera
dorada
de
velas
carmesí.
¡Mira!
¡Aspira
el
perfume
que trae
la
brisa!
(muy
expresivo)
¡Mira!
En medio
de las
ninfas...
y las
gracias...
inmóvil
y
radiante.
¿Es una
mujer?
¡No!
¡Es la
misma
Venus!
¡Es
Venus -
Cleopatra!
¡Los
Placeres
forman
su
séquito
y como
un
copo de
nieve al
que besa
el sol,
los
corazones
de hielo
se
derriten
bajo su
mirada!
(En una
exaltación
de
triunfo,
la galera
de
Cleopatra
llega
a Cidno.
La popa
está
reluciente
de oro,
las
velas
de
púrpura,
los
remos
están
recubiertos
de
plata.
El
puente
está
cubierto
por un
pabellón
donde
brillan
telas
bordadas
en
oro.
Cleopatra,
bajo una
túnica
transparente
que deja
entrever
el esplendor
de su
cuerpo,
está
inmóvil
entre
sus
esclavas
vestidas
como
ninfas.
Antorchas
perfumadas
arden
alrededor
de ella.
De
la galera
baja de
una
amplia
escalera
que se
posa en
la
ribera.
En
tierra,
las
esclavas
extienden tapices
para
hacerle
un
camino a Cleopatra)
¡Pueblos,
adorad
su
sagrada
belleza!
¡Adorad,
adorad
a Cleopatra!
¡Pueblos,
adorad,
adorad,
adorad,
adorad,
adorad!
MARCO
ANTONIO
(extasiado)
¡Cleopatra!!
ESCLAVAS
¡Es
la Venus Cleopatra!
¡Los
Placeres
forman
su
séquito!
¡Ah!
¡Ah!
JEFES
ROMANOS
¡Es
la Venus Cleopatra!
¡Los
Placeres
forman
su
séquito!
¡Es
Venus!
¡Es
la Venus Cleopatra!
¡Cleopatra!
¡Cleopatra!
CHARMION
(con
seducción)
¡Cleopatra!
¡Cleopatra!
CLEOPATRA
(avanza
hacia
Marco
Antonio,
ante
quien se
inclina)
He
venido
dejando
mis
palacios
encantados...
He
venido...
He
abandonado
el
Egipto
de
cielos
perfumados,
llenos
de
amor...
y
bañados
en
ternura.
De
terrazas
en flor
junto al Nilo
que
parecen...
robar al
atardecer
la
mirada
de las
estrellas...
¡He
venido!
(Muy
melodiosa)
¡Oh
Marco
Antonio,
oh
señor!
¡Aquí
estoy,
aquí
estoy
ante ti,
dispuesta
a
servirte
como se
sirve a
un amo,
a
un
dios!
MARCO
ANTONIO
¿Eres,
Cleopatra?
CLEOPATRA
Cleopatra
ya no
existe.
Sólo soy
una
mujer...
cuyo
secreto, si tú lo deseas,
conocerás...
MARCO
ANTONIO
¡No voy
a ceder
ante tus
hechicerías!
(Con
intención
despectiva)
Yo no
soy
César.
CLEOPATRA
Sé que
tu
corazón
es más
fuerte
que el
suyo.
Vengo
suplicante...
y
sometida
a los
rigores
de tu
ley...
¿Por qué
me
tienes
miedo?
MARCO
ANTONIO
No temo
nada...
mi alma
es
altiva
y mi
corazón
valeroso.
CLEOPATRA
(con
calma y
enigmática,
espera,
observando
a
Marco
Antonio)
Yo ya lo
sabía...
MARCO
ANTONIO
(a los
otros)
¡Marcharos!
(Bajo la
mirada
de
Cleopatra,
Marco
Antonio,
brutalmente,
aparta
con un
gesto
a los
que
intentaban
quedarse.
Todos se
alejan.
Sobre la
galera
inmóvil,
queda visible
sólo
una
esclava
que
vigila.
Es el
atardecer
dorado
de un
día
magnífico)
MARCO
ANTONIO
¿Y bien?...
¿Qué
quieres?
¡Habla!
(Cleopatra
guarda
silencio,
inmóvil)
Guardas
silencio...
¡ahora!
¿Es por
engaño o
por
burla?
¿Creíste
que al
verte...
con un
gesto
tuyo,
con una
simple
mirada...
yo iba a
caer de
rodillas
ante ti?
(Él
espera,
pero ella
sigue
impasible)
Eres
hermosa.
¡Es
verdad!
Ciertamente
más
bella de
lo que
me había
imaginado
en
sueños...
El
deseo...
merodea
a tu
alrededor.
(con una
falsa
energía)
Pero yo,
yo te
conozco...
puedo
desafiar
tus
ojos,
que son
un
hechizo...
¡y voy a
alejarte
de mi
avergonzada
y
despreciada!
(Ella no
se
inmuta;
él se
asombra
de
que
su
violencia
no la
conmueva)
¿Callas?...
Siento
tu
mirada
implacable
y
perturbadora
sobre
mí.
¿Quién
te crees
que
eres
para
atreverte
a
mirarme
a la
cara
cuando
hablo?
(gira a
su
alrededor,
como una
bestia
salvaje
que se
estremece
ante su
domador
y no se
atreve a
atacarlo)
Sí...
conoces
tu
fuerza...
sabes
que eres
hermosa...
tu carne
es un
mármol
viviente...
tus ojos
son
un
abismo
misterioso
de
voluptuosidad...
¡Aparta
tu
mirada...
agota
mis
fuerzas!
¡No te
permanezcas
así...
atenta...
al deseo
que
ves
nacer en
mí! ¡Ah!
(como un
loco)
¡Vete!
¡Vete!
(con una
súplica
y un
estertor
de amor)
¡No
quiero
amarte!
¡No
quiero
amarte!
¡Ah!
¡Vete!
¡Vete!
(Ella le
lanza
una
fugaz
sonrisa)
CLEOPATRA
(Lentamente,
expresiva
y
tierna)
Temía
hallar a
un
conquistador...
Pero me
encontré
con
Marco
Antonio...
y yo soy
su
esclava...
(Sin un
gesto va
hacia
él,
mirándolo
y fascinándolo)
MARCO
ANTONIO
(en un
arrebato
enloquecido
abraza
a
Cleopatra;
se besan
largamente)
¡Ah!
(Llega
la
noche,
azul,
diáfana,
todavía
manchada
de rosa
en
algunos
lugares.
Se oye
una
fanfarria
de
trompetas
y
el
rumor de
gente
que se
acerca)
MARCO
ANTONIO
(escuchando)
¿Quién
se
atreve a
venir
aquí?
(Ennio
llega,
seguido
de una
escolta
de oficiales
y
soldados
romanos)
ENNIO
(que
trae un
rollo de
pergamino en sus
manos)
Perdona,
triunviro,
si violé
tu
umbral...
(dándole
el
rollo)
Las
órdenes
son
urgentes...
vienen
del
Senado.
MARCO
ANTONIO
¿Del
Senado?
(Se
acerca a
un
trípode
que
acaban
de
encender
y
desenrolla
el
pergamino;
lo
lee,
su
rostro
es
iluminado
por los
reflejos
de la
llama.
Cleopatra,
de pie,
lo
observa
con
furia
mal
contenida)
¡Presentarme
en
Roma!
¿Se
atreven
a
llamarme
para
justificarme...
para
rendirles
cuentas?
¡Me
ordenan...
marchar... del
campo de
batalla!
¡Se han
atrevido
a
hacerlo!
ENNIO
Nuestra
galera
espera...
MARCO
ANTONIO
Está
bien...
ENNIO
(Marco
Antonio
mira a
Cleopatra)
No
temas,
triunviro,
que Roma
te trate
como a
un
enemigo...
A tu
regreso,
Octavio
pondrá
en
tus
manos
la mano
de su
hermana
Octavia.
(silencio)
MARCO
ANTONIO
Tengo la
intención
de ser
mi
propio
amo...
ENNIO
Recuerde
que el
Senado
te llama
y
espera.
(Ennio
sale con
su
escolta.
Marco
Antonio
reflexiona)
CLEOPATRA
(se
acerca y
le habla
en voz
baja)
Marco
Antonio...
entonces,
adiós...
MARCO
ANTONIO
(ansioso)
¿Quieres
huir de
mí?
CLEOPATRA
(apenada)
Tienes
que
marcharte
mañana...
Vete...
es tu
destino...
Yo voy a
seguir
el
mío...
¡Oh, mi
hermoso
conquistador!
(Con
fingida
resignación)
¡Te vas!
MARCO
ANTONIO
(Violento,
desesperado)
¡No voy
a
irme!
¿Qué me
importan
Roma o
el
Senado...
cuando
tu beso
me
espera?
Me
olvido
en tus
brazos
de mi
propia
gloria...
¡No voy
a
ir!
CLEOPATRA
(amorosamente)
Entonces
huyamos
los
dos...
sígueme.
Ven a
Egipto,
la
tierra
del
placer
y la
voluptuosidad...
Más
adelante...
si
quieres...
irás a
Roma...
(apesadumbrada)
Más
adelante...
si
quieres...
tomarás
como
esposa a
Octavia...
MARCO
ANTONIO
¡Cállate!
¡Cállate!
CLEOPATRA
(Felina,
envolvente)
Pero yo
te
embriagaré
con
dulces
caricias...
Te
hechizaré
con
placeres
tan
profundos,
que
desafiaré
al
destino
que
pueda
arrancarme
de tu
corazón
y
memoria...
MARCO
ANTONIO
¡Cleopatra!
CLEOPATRA
¡Ven...
mi
galera
está
lista
para
zarpar...
para el
viaje
feliz...
bajo el
cielo
lleno de
estrellas!
VOZ A LO
LEJOS
Recojamos
todos
los
besos...
CLEOPATRA
¡Ven! Es
la noche
del amor.
VOZ A LO
LEJOS
El amor
es el
dueño
del
mundo...
CLEOPATRA ¡Ah, vamos!
¡Soy
toda
tuya!
(Cleopatra
y Marco
Antonio
llegan a
la
rampa de
acceso a
la
galera.
Cleopatra
se
adelanta
y sube a
la
cubierta)
MARCO
ANTONIO
(Al oír
los
toques
de
trompeta,
se
detiene,
inquieto
y
turbado)
Esa
llamada...
mis
soldados...
CLEOPATRA
(tiende
sus
brazos
hacia
él)
¡Marco
Antonio!
MARCO
ANTONIO
(se
precipita,
después
de
luchar
contra
sí mismo
por un
instante)
¡Cleopatra!
(Ella
eleva
sus
manos
hacia
las
estrellas
quedando
ambos
iluminados
por la
luna)
CLEOPATRA
Es la
noche
del
amor...
(Los
esclavos
impulsan
con sus
remos
la
galera
que se
aleja
suavemente)
MUJERES
A LO
LEJOS
¡Recojamos
todos
los
besos... los
besos!
ACTO
SEGUNDO
Cuadro
Primero
El
matrimonio
romano
(Estamos
en Roma,
en el
atrio de
la casa
de
Marco
Antonio,
el día
de su
boda con
Octavia.
Al
fondo,
la
entrada
del
atrio; a
la
derecha,
la de la
cámara
nupcial.
Grupos
de
amigos
ocupan
el
atrio;
a la
izquierda,
un
grupo
de
oficiales
entre
los
cuales
está
Severo.
Los
esclavos
adornan
la casa
con
ramos y
flores, etc)
ENNIO
(al
esclavo
de la
puerta)
Esclavo,
¿dónde
está
Marco
Antonio?
ESCLAVO
El
aparecerá
tan
pronto
como la
esposa
llegue
al
umbral...
ENNIO
(Yendo
hacia el
grupo
de
la
izquierda)
Vengo a
unir mis
votos a
los de
sus
amigos.
SEVERO
(viéndolo
acercarse)
¡Ennio!
¡Aquí
de nuevo!
ENNIO
Sí, acabo
de
llegar
de
Egipto...
SEVERO
Donde
le
llevaste
al
triunviro
el nuevo
requerimiento
del
Senado...
ENNIO
¡Estaba
sojuzgado
por
Cleopatra!
SEVERO
¿Crees
que su
regreso
ha
disipado
su
pasión?
ENNIO
Seis
meses
se
resistió
a
las
órdenes
del
Senado...
¡Seis
meses
estuvo
gozando
de los
placeres;
esclavizado
en
Egipto,
a los
pies de
Cleopatra!
¡La
voluptuosidad
lo
aferraba
con
cadenas
de
flores
más
fuertes
que
las
de
hierro
de los
derrotados!
¡Pero
por fin
se
liberó
y se
casa con Octavia!
Posee un
alma
es libre
y su
corazón
no tiene
remordimientos.
(afuera
se oyen
los
cantos
nupciales
cada vez
más
cercanos)
CORTEJO
NUPCIAL
¡Himeneo!
¡Himeneo!
¡Himeneo!
ENNIO
¡Ah,
ya llega
la joven
esposa y
su
séquito!
CORTEJO
NUPCIAL
¡Himeneo!
¡Himeneo!
¡Himeneo!
(Todos
acompañan
a este
canto
con un
golpear
de
palmas
rítmico
y
cadencioso)
¡Ciñe tu
frente
con
mejorana,
posa tu
pie
ligero en la
tierra
que
festeja
este
día!
¡Himeneo!
¡Himeneo!
(el
cortejo
se
desplaza
al fondo
del
atrio.
Está
integrado
por
jóvenes
de ambos
sexos.
Va
precedido
por las
cuatro
deidades
guardianas
del
matrimonio.
Los
miembros
del
cortejo
llevan
antorchas
de
madera
de
abeto.
Aparece
Octavia
que
se
detiene
en el
umbral
del
atrio.
Marco Antonio
aparece
en el
umbral
de la
cámara
nupcial)
CORTEJO
NUPCIAL ¡Ciñe tu
frente
con
mejorana,
posa tu
pie
ligero en la
tierra
que
festeja
este
día!
¡Himeneo!
¡Himeneo!
(Octavia
permanece
siempre
velada)
MARCO
ANTONIO
Tú que
franqueas,
velada,
el
umbral
de mi
casa,
virgen,
¿quién
eres tú?
OCTAVIA
Si
lo
deseas,
seré tu
fiel
esposa
MARCO
ANTONIO
¡Oh
virgen,
permíteme
levantar
el velo
que
oculta
su
belleza!
OCTAVIA
Obedezco
al
deseo
que
acaricia
tu alma.
MARCO
ANTONIO
¡Permite
que mi
mirada
se pose
sobre tu
rostro
y sobre
esos
ojos más
frescos
que las
flores!
OCTAVIA
No tengo
nada más
que
ofrecerte
que mi
joven
amor.
¡Te lo
entrego!
¡Recibe
mi
juvenil
ternura!
¡Oh, qué
dulzura!
MARCO
ANTONIO
¡Oh, qué
dulzura!
¡Oh, qué
ternura!
¡Oh, qué
dulzura!
¡Esta es
la casa
para la
que has
sido
elegida
entre
todas
las
mujeres!
(a las
compañeras
de
Octavia)
Guiadla
hasta la
alcoba
donde mi
deseo la
espera...
¡Preparad
su
candor
para los
dichosos
misterios!
CORTEJO
NUPCIAL
¡Himeneo!
¡Himeneo!
(Las
mujeres
conducen
a
Octavia
a la
cámara
nupcial.
El
cortejo
nupcial
se
aleja.
Marco
Antonio
se queda
a solas
con sus
oficiales)
SEVERO
(a Marco
Antonio)
Triunviro,
tu
felicidad
alegra a
los que
te aman.
MARCO
ANTONIO
(a
todos)
Si algo
puedo
hacer
por
vosotros,
os
lo
concederé.
¡Habla... Severo!
SEVERO
¡Sólo
deseo
combatir
a tu
lado!
MARCO
ANTONIO
¡Roma y
la
República
nos van
a
necesitar!
(mirando
a Ennio)
Ennio... te
creía
lejos...
¿dónde
estás
destinado?
ENNIO
En las
legiones
de
Egipto...
MARCO
ANTONIO
(con
cierta
emoción)
¿En
Egipto?
ENNIO
Sí,
triunviro,
y
vengo...
MARCO
ANTONIO
¿Qué
dicen
mis
soldados
allí?
ENNIO
¡Sus
deseos
son como
los
míos!
MARCO
ANTONIO
(después
de
alguna
duda)
¿Y la
reina?
(Ennio
muestra
sorpresa.
Marco
Antonio
continúa)
Habla
sin
miedo...
Mi
corazón
se curó
de su
pasión...
pero
quiero
disfrutar
de mi
felicidad
sin el
remordimiento...
de saber
que
alguien
sufre y
llora
allá.
ENNIO
(sutilmente)
¡Entonces...
no te
preocupes!
Cleopatra
es
dichosa...
MARCO
ANTONIO
(Sorprendido
y
forzando
una
sonrisa)
¿Qué
dices?
¿Puede
serlo?
ENNIO
(sutilmente)
De los
brazos
de esa
cortesana,
un
amante
pasa...
y otro
lo
reemplaza...
MARCO
ANTONIO
(conjeturando
acompañado
de una
especie
de
rugido
de dolor
y miedo)
¡Spakos!
¡Eso no
puede
ser
cierto!
ENNIO
¡Juro
por el
cielo
que es
cierto!
MARCO
ANTONIO
(con un
gemido
de
desesperación)
¡Ah!
ENNIO
(Sorprendido
de su
furor) Marco
Antonio,
¿es una
trampa
que me
has
tendido?
MARCO
ANTONIO
(Recuperándose
un poco)
¡No,
no!
Creía
ser más
fuerte...
¡Ni una
palabra
más!
(alejándolos
con un
gesto)
¡Dejadme...
dejadme!
(Sus
compañeros,
tras un
cruce
de
miradas
se
alejan.
Marco
Antonio
queda a
solo)
¿Dijo la
verdad?
¡Ah,
qué
despertar
espantoso!
Quiero
olvidar
todo...
¡Olvidaré
a esa
mujer!
Pero ¿y
si me
hubiera
engañado?
Ennio
fue
quien
viajó a
Egipto...
a
traerme
la orden
del
Senado...
¿Y si él
fuera
el
instrumento
de mis
enemigos?
(con
desesperación)
¡Oh,
dioses
crueles,
por qué
me
torturáis
así!
¡Cleopatra!
Tengo
miedo de
los
recuerdos
qu se
despiertan...
¿Tus
besos
responderían
a las
caricias
de otro
hombre?
¿Entregarías
tu
cuerpo a
un vil
esclavo?
¡Ah, qué
horrible
pensamiento!
¡Qué
horrible
tortura!
(loco,
jadeante;
se lanza
sobre el
cofre
de
Cleopatra
que está
en un
mueble a
la
izquierda,
debajo
de las
imágenes
de los
antepasados;
estremecido)
Tus
mensajes
de
amor...
¡Serían
mentiras!
(desesperadamente)
¡Cleopatra!
(Abre el
cofre y
saca
sutiles
velos
y
cartas)
¡Ah!
¡Sus
velos!...
(los
aspira
apasionadamente)
El aroma
embriagador
y sutil
de tu
cuerpo
permanece
dormido...
(tomando
los
mensajes)
¡Oh!
¿Podrías
mentir...
cuando
escribiste
estas
líneas?
(leyendo
con
profunda
emoción)
"Sola
en mi
angustia,
¡pienso
en ti!
Y evoco
una
noche
entre
todas
¡Era la
luminosa
primavera!
¡Ay! Ya
no estás
aquí...
Te
estoy
esperando
y
lloro... y
en mi
corazón
herido,
lejos de
ti... ¡es
invierno!
Solitaria
en mi
desesperanza,
pienso
en
ti...
¡Pienso
en ti!"
(para sí)
¡No! ¡No
mentías
cuando
escribiste
estas
líneas!
¡No
mentías!
(¡Viendo
a
Octavia
se
levanta,
y
abandona
las
cartas)
¡Octavia!
OCTAVIA
(dulcemente)
Marco
Antonio...
¿qué
tienes?
MARCO
ANTONIO
(Tratando
de
controlarse
y
rechazándola)
Vete...
déjame
solo...
OCTAVIA
(Con
sorpresa,
angustiada)
¡Marco
Antonio!...
MARCO
ANTONIO
(vagamente)
Tengo
miedo de
mí...
¡Me
estoy
volviendo
loco!...
¡Ah, no
me
reconozco!
No
quiero
mancillar
tu
candor y
gracia...
No te
puedo
amar...
yo...
¡tengo
miedo de
mí
mismo!
OCTAVIA
¡Ah! Por
piedad...
cállate...
cada
palabra
causa
una
herida
en mi
alma que
sangra...
(llorando
se
aferra a
él)
Marco
Antonio...
¡Piedad...
piedad!
¡Temo
adivinar!
MARCO
ANTONIO
(torturado)
¡Ah, mira,
si
quieres,
en el fondo de
mi alma!
¡Pensé
que
podría
amarte...
y en tus
castas
miradas
recomenzar
mi vida!
Pero el
pasado
se
presenta
de
repente ante
mí...
¡Me
abraza,
me
arrastra!
(Como
perdido,
desconcertado)
¡Me
debato
en vano!
¡El
pasado
me
arrastra!
OCTAVIA
(De
rodillas)
¡No!
¡no!
Conocía
tus
tormentos...
¡ah!
deja que
te
quiera
como una
hermana...
pero no
me
rechaces...
¡ah!
¡por
piedad!
¡ah!
Marco
Antonio...
te
amo...
No me
rechaces...
por
piedad...
¡Déjame
estar a
tu
lado...
a tu
lado!
MARCO
ANTONIO
(para sí,
mientras
Octavia
habla,
él
continúa
ansioso,
torturado)
¡Otro
está en
sus
brazos!
¡Otro
disfruta
de sus
besos...
y de su
cuerpo
adorado!
¡Ah,
todo mi
ser
sufre!...
Sabré si
me
mentiste...
¡Voy a
ir
allí...
allí...
allí!
(decidido,
a
Octavia)
¡Partiré...
iré a
buscarla
a
Egipto!
OCTAVIA
(Más
desesperada
aún)
¿Te
irás?
¡Ah, no... eso
no!
¿Me
abandonarás?
MARCO
ANTONIO
(rechazándola)
¡Déjame,
déjame!
Soy
un
réprobo...
¡Soy
una
bestia
salvaje
que
siembra
a su
paso el
miedo y
la
muerte!
(Cae
llorando
sobre la
mesa)
OCTAVIA
(dolorosamente
herida)
¡Ay de
mí! ¡Ay!
(Con
profunda
emoción)
¡Adiós,
Marco
Antonio!
(afligida,
se
retira)
Si el
destino
te
golpea
algún
día...
Si
necesitas
un
refugio
o calmar
tu
sufrimiento...
Vuelve a
mí...
que te
daré la
bienvenida
sin
ningún
reproche.
(Con una
dulzura
que se
sobrepone
a su
amor
herido)
¡Mi
dolor te
aguarda...
sin
esperanza!
(Las
mujeres
se han
asomado
al
umbral
de la
cámara.
Desfalleciente,
Octavia
cae
en
sus
brazos.
Ellas se la
llevan
cerrando
las
puertas.
Marco
Antonio
levanta
la
cabeza y
luego,
sin
poderse
contener,
hurga en
el
cofre,
toma el
velo
de
Cleopatra
y, angustiado,
lo huele
profundamente)
MARCO
ANTONIO
(apasionadamente)
¡Oh, el
perfume
de tu
carne!
Cuadro
segundo
La
taberna
de
Amnhès
(Gritos,
aplausos
en la
taberna
a telón
cerrado.
Estamos
en
Alejandría,
en el
populoso
barrio de
Nicópolis,
en la
taberna Amnhès,
donde
los marineros
y
soldados
vienen a
beber y
a
divertirse.
La
puerta
de
entrada
está al
fondo.
Hombres
y
mujeres
del más
variado
origen,
están
sentados
alrededor
de las
mesas o
acostados
en
esteras.
En
primer
plano
están Cleopatra
y
Spakos,
que va
vestido
como
un
esclavo. Cleopatra,
vestida
como
una
joven
egipcia,
con una
túnica
corta
que llega
hasta
las
rodillas;
luce un
tocado
de tela, llamado
de
la
Esfinge,
que le
envuelve toda la
cabeza,
dejando
sólo ver
su perfil. Amnhès,
el
patrón
del
local,
circula
entre
los
asistentes
y sirve
de
beber.
En el
fondo,
contorsionistas
y
malabaristas
realizan
sus
rutinas
artísticas.
Gritos,
aplausos y bailes.
Cleopatra
se
muestra
indiferente
y
aburrida.
Spakos
la
contempla
con
pasión,
mientras
los
músicos
no cesan
de
tocar)
LA
MULTITUD
¡Ah!
¡Ah!
¡Ah!
¡Ah!
(Gritos
y
aplausos
tumultuosos)
AMNHÈS
(Muy
gentilmente,
junto a
Cleopatra
y
Spakos;
dirigiéndose
a ella)
Y
bien,
joven
extranjera...
dime...
¿está
satisfecha?
CLEOPATRA
(indiferente)
¿No
tienes
nada
mejor
que
decir?
AMNHÈS
¡Por
Isis,
eres más
difícil
de
conformar
que los
viejos
aburridos!
CLEOPATRA
(riendo)
Es que
sin duda
en mi
juventud
he
probado
demasiada
embriaguez
y
experimentado
demasiadas
alegrías...
¡ah!
¡ah!
¡ah!
AMNHÈS
¡Te
complaceré...
o
perderé
mi
gloria!
¿Quieres
ver
efebos
bailando?
¡Uno de
ellos,
en
especial,
te
encantará!
Alejandría
no tiene
nada
mejor
que
ofrecer...
CLEOPATRA
(indiferente)
Hazlos
bailar...
(Amnhès
se
aleja.
Se
escuchan
rumores
generalizados
de los
asistentes
que
solicitan
más bebida,
que es
servida
incluso
en la
mesa de
Cleopatra
y
Spakos;
la calma
renace
lentamente)
Spakos...
no dices
nada...
¿qué
tienes?
SPAKOS
(En
actitud
de
adoración)
¡Te
estoy
mirando!
CLEOPATRA
(burlona)
¿Y
todavía
te
gusto?
SPAKOS
(con
impaciencia)
¡Ah!
¡Calla...
cállate!...
¡Por
favor!
(vibrante
y
tierno)
Después
que tus
ojos se
posaron
en mí...
¡quedé
admirado
por la
felicidad
que me
inunda!
¡Y no
sabes
hasta
qué
punto te
amo!
CLEOPATRA
(coqueta)
¿Por qué
te
elegí?
¿Por qué
te
retuve?
SPAKOS
(ardiente) Porque
mi deseo
es el
más
ferviente
de
todos.
CLEOPATRA
Tal
vez...
me
gustaste...
y me
gustas
todavía...
(Spakos
va a
responder
pero Cleopatra,
viendo
llegar a
Adamos,
continúa)
No
hables...
déjame
ver.
Su
cuerpo
es suave
y
delicado...
¡Lleva
la
voluptuosidad
en sus
ojos!
(Spakos
sufre.
Adamos
realiza
una
lenta
y
voluptuosa
danza.
Durante
el
baile,
Cleopatra
lo
observa
con
sensualidad)
Su danza
es
voluptuosa...
evoca el
encanto
de los
placeres
desconocidos...
de
nuevas
delicias...
SPAKOS
(suplicante)
Cállate...
CLEOPATRA
(impaciente)
¿Te turba
mi
placer?...
(Spakos
baja la
cabeza,
furioso)
AMNHÈS
(a
Cleopatra,
después
del
baile
de Adamos)
¿Satisfice
tus
deseos?
CLEOPATRA
(señalando
a
Adamos)
Sí...
¿su
nombre?
AMNHÈS
Adamos...
(con
orgullo)
Es
inigualable...
¡Si
llegara
a bailar
delante
de ella,
haría
las
delicias
de la
propia
Cleopatra!
CLEOPATRA
Ya lo
creo.
(a
Spakos)
¿Verdad
que sí?
SPAKOS
(sombríamente)
Tal
vez...
CLEOPATRA
(a
Amnhès,
mientras
que
Adamos
se pone
de
rodillas
ante
ella)
Entonces...
tendrá
que
bailar
ante
ella.
SPAKOS
(a
Cleopatra,
suplicante
y
susurrando)
¡No me
hagas
sufrir!
CLEOPATRA
(Cleopatra,
señalando
a Adamos
con
emotiva
admiración)
¿No es
hermoso?
Si la
reina de
Egipto
viera
ese
cuerpo
encantador
y
lascivamente
flexible...
Esos
ojos
llenos
de
esperanza...
esos
labios
donde
florece
la
púrpura
del
deseo...
amaría
ese
cuerpo...
esos
labios...
esos
ojos...
(a
Spakos)
¿No es
hermoso?
SPAKOS
(Al
no
poder
controlarse
ante las
palabras
de
Cleopatra,
se
abalanza
sobre
Adamos y
trata de
estrangularlo
brutalmente
contra
una
mesa)
¡Es
demasiado
bello!
(se
produce
un
tumulto,
acompañado
de
gritos
de temor
y de
cólera)
CLEOPATRA
(furiosa,
llena de
odio)
Spakos...
¿qué
estás
haciendo?
SPAKOS
(brutal)
¡Estoy
celoso!
(Cleopatra
mira a
Spakos;
una
sonrisa
vaga
aparece
en sus
labios)
AMNHÈS
(gritando)
¡Adamos...
está
herido!
¡La
gloria
de mi
taberna!
LA
MULTITUD
(gritando)
¡Adamos...
ha sido
herido!
¡Adamos!
¡Adamos!...
¡Muerte
a los
extranjeros!
¡Muerte!
¡Muerte!
¡Muerte!
(mientras
se
llevan
desvanecido
a
Adamos,
la
multitud
furiosa
se
vuelve
contra
Cleopatra
y
Spakos)
SPAKOS
(atrae a
Cleopatra
hacia
él)
¡Ven!
¡Yo te
defenderé!
CLEOPATRA
(en sus
brazos)
¡Ah!
¡Realmente
me amas!
(Cleopatra
y Spakos
están en
un
rincón.
Spakos
cubre
con su
cuerpo a
Cleopatra)
AMNHÈS,
MULTITUD
(Rodeándolos
con
acritud)
¡Muerte
a los
extranjeros!
(Algunos
sacan
sus
cuchillos
y otros
toman y
blanden
las
sillas.
Spakos
atrincherado
detrás
de una mesa se
defiende con su daga. De repente,
Cleopatra
sale
tras de
Spakos
y
avanza
hacia
los
hombres que
retroceden.
Con un
gesto
soberano,
se
quita
el
tocado
de esfinge
y el
cabello
le
cae
sobre
los
hombros)
CLEOPATRA
¡Deteneos!
SPAKOS
¡Cállate!
CLEOPATRA
(prosigue
altiva)
¡Reconoced a
vuestra
reina!
LA
MULTITUD
(asombrada)
¡Cleopatra!...
CLEOPATRA
Sí...
Cleopatra...
que vino
a
compartir
los
placeres
de su
pueblo...
AMNHÈS
(cayendo
de
rodillas)
Perdónanos...
CLEOPATRA
¡Está
bien!
Yo creía
que lo
había
experimentado
todo...
¡que se
habían
agotado
los
placeres
más
salvajes!
¡Ay de
mí! Me
aburría...
¡En vano
mis
servidores,
mis
esclavos,
mis
sacerdotes,
trataban
de
lograr
que
surgiera
una
sonrisa
en mis
labios!
¡Ay de
mí! ¡Me
aburría!
Me
aburría...
(Cambiando
de tono)
¡Pero
vosotros,
en
este
tugurio,
habéis
hecho
por mí
más que
todos
mis
servidores!
¡Habéis
añadido
temor
a los
placeres!
¡Bajo el
ala de
la
muerte,
la vida
parece
más
hermosa!
(cariñosamente)
¡Vosotros
me
babéis
proporcionado
nuevas
emociones!...
¡ah!
¡ah!
¡ah!
¡ah!
¡ah!
habéis
hecho
por mí
más que
todos
mis
servidores!
¡Gracias!
MULTITUD
Y AMNHÈS
(retrocediendo
atemorizados)
¡Cleopatra!
¡Es
Cleopatra!
(La
puerta
se abre.
Charmion,
una
esclava
de
Cleopatra
aparece
seguida
por los
guardias
y se
precipita
hacia la
Reina)
CLEOPATRA
¡Charmion!
(Cleopatra
despide a
todos
los
asistentes
que
desaparecen,
excepto
Spakos.
Los
guardias
permanecen
cerca de
la
puerta
abierta;
del lado
de
fuera)
CHARMION
(a Cleopatra)
Os
estaba
buscando,
señora.
CLEOPATRA
(a
Charmion)
¿Por qué
vienes a
perturbar
mi
diversión?
CHARMION
Debéis
regresar
inmediatamente
a
palacio...
CLEOPATRA
¿Al
palacio?...
CHARMION
Una
galera
acaba de
llegar
de
Roma...
y Marco
Antonio
viene en
ella...
SPAKOS,
CLEOPATRA
¡Marco
Antonio!
CHARMION
Os
está
esperando...
os ha
hecho
buscar
por toda
la
ciudad...
Quiere
veros
de
inmediato...
Sólo
yo sabía
dónde
os
encontrabais...
CLEOPATRA
Te
sigo...
(Charmion
cubre
rápidamente
a
Cleopatra
con un
gran
manto
que ella
trajo
consigo,
y ambas
se
disponen
a salir
cuando
Spakos
retiene
a
Cleopatra)
SPAKOS
(ansioso)
¿Vas a
reencontrarte
con él?
(suplicante)
¡Ah! ¡No
hagas
eso!
CLEOPATRA
(a
Spakos)
¿No
sabes
que mi
trono
está en
juego?
SPAKOS
¡Te amo!
¡Te
has
entregado
a mí!...
(con
desesperación)
Sufro
demasiado...
demasiado...
¡No vas
a ir!
¡no!
¡no!
¡Ante
dame la
muerte!
No vas
a ir
esta
noche...
¡A
entregarte
a otro!
CLEOPATRA
(con
firmeza)
Spakos...
¡obedéceme!...
SPAKOS
...
¡Entregarte
a otro!
Estoy
celoso...
Te amo
tanto...
¡Antes
déjame
morir!
¡No
irás!
¡No!
¡No!
CLEOPATRA
(gritando)
¡A mí!
(Los
guardias
aparecen
junto
con Ahmnhès
y se
lanzan
sobre
Spakos)
¡Apresadlo!
SPAKOS
¡Vil!
¡Cruel!
CLEOPATRA
(con
altivez)
¿Me
injurias?
¿Osas
oponerte
a mis
deseos?
SPAKOS
(con
furia
redoblada)
¡Cobarde!
CLEOPATRA
(Con una
sonrisa
cruel)
¡Vamos!
¡Insultáme!
¡Tus ojos
son más
hermosos
cuando
la furia
te
domina!
(Más
cerca de
él)
¡Mírame!
SPAKOS
¡Miserable!!
CLEOPATRA
(más
cerca
aún)
Quizás
un
día...
mis ojos
te
buscarán
de
nuevo...
otra vez
te
elegiré...
sí, tal
vez de
nuevo...
¡serás
mi amor!
Spakos,
bien lo
sabes...
(con
intención)
No
debes
morir...
no debes
morirte...
SPAKOS
(desesperado,
es
llevado
por los
soldados
fuera de
la vista
de
Cleopatra,
que lo
sigue
con su
mirada)
¡Ah!
CLEOPATRA
(se
dispone
a salir
con
Charmion
y los
guardias
que
esperan
en la
puerta)
¡Marco
Antonio!
Me
encontrarás
dichosa
y
estremecida.
ACTO
TERCERO
Jardines
del
palacio
de
Cleopatra
(Fiesta
en los
jardines
de Cleopatra,
bajo
las
terrazas,
Marco
Antonio
está
tendido
en un
hermoso
lecho
bajo
un
dosel.
Va
vestido
con
espléndidas
ropas
orientales,
como
si fuera
un rey
asiático.
Cleopatra,
a
su lado,
bellamente
engalanada.
Charmion
está de
pie
tras
de ella.
Hermosas
esclavas
están
tendidas
alrededor
del
lecho.
Al
fondo,
una
terraza
elevada
a la que
se
accede
por una
pendiente
de
flores.
Entre
las distintas
danzas
se
distinguen
la
de
Lidia,
la de los
sirios,
la de
los
escitas,
de las
amazonas
y los
caldeos)
Ballet
de
Esclavas
sirias
Ballet
de
esclavas
caldeas
Ballet
de
amazonas
(Los
bailes
son
interrumpidos
por
Cleopatra,
que
poniéndose
de pie,
toma una
copa
que le
alcanza
Charmion)
CLEOPATRA
He
vertido
veneno
en esta
copa de
oro.
¡Quien
bese sus
bordes
y la
vacíe, beberá
la
muerte!
¡Pero al
que la
tome, mi
beso
vendrá a
retribuir
su beso!
Y voy a
ofrecer
mi más
dulce
mirada...
Sí, voy
a
ofrecer
mi
mirada
más
tierna...
mi dulce
mirada...
¡mi beso
más
dulce y
tierno!
¡Oh, mis
esclavos!
¿Hay
entre
vosotros,
alguien
que me
ame y me
desee lo
suficiente,
para
querer
embriagarse...
con una
caricia?
¡Oh, mis
esclavos!
¿Entre
vosotros,
hay
alguno
que me
ame y me
desee lo
suficiente?
¡Le
concederé
mi dulce
mirada...
él
disfrutará
de mi
beso más
tierno!
(Los
esclavos
tienden
sus
brazos
suplicantes
hacia
ella,
que
elige a
uno)
Ven
tú...
(dándole
la copa)
¡Soy la
muerte
divina...
encantadora!
(El
esclavo
va a
asir la
copa,
pero
Marco
Antonio
se la
arrebata,
la
arroja
lejos y
atrae
hacia sí
a
Cleopatra,
mientras
que
el
esclavo
retrocede
junto
con
todos
los
bailarines
que lo
arrastran
hacia el
fondo,
donde
todos
permanecen
sin
moverse)
MARCO
ANTONIO
¡Oh,
Cleopatra!
¡Hechicera!
Termina
con
estos
juegos
crueles...
Yo sé
muy bien
que para
ti
pueden
tener
mucho
valor el
coraje...
y la
cobardía...
CLEOPATRA
¿¡Por
qué
entonces
toda audacia
ha
muerto
en ti!?
MARCO
ANTONIO
¿Qué
quieres
decir?
CLEOPATRA
Se ha
declarado
la
guerra
entre
Roma y
Egipto...
Octavio
ha
reunido
sus
legiones
y su
flota.
Nuestros
soldados,
bajo
estos
muros,
esperan
para
marchar...
Y
nuestros
barcos
en el
puerto
para
navegar...
Sin
embargo...
tú
vacilas...
¿Por
qué?
¿Qué
quieres?
MARCO
ANTONIO
Tendría
que
dejarte...
No me
atrevo a
partir...
CLEOPATRA
¡Tu
gloria
lo
ordena!...
MARCO
ANTONIO
¡Y mi amor
lo
rechaza!
Ya he
sufrido
demasiado
por
ti...
Ese
Spakos.
CLEOPATRA
(interrumpiéndolo)
No
hables
de él...
MARCO
ANTONIO
Se
esconde...
él me
teme...
¿Lo
amaste?
CLEOPATRA
(turbada)
¡No!
¡No! Fue
para
olvidarte...
Tú te
ibas a
casar
con
Octavia...
pensé
que te
había
perdido
para
siempre,
pero has
regresado...
has
vuelto
para
amarme...
(expresiva)
¡En
tu
primera
mirada,
en tu
primer
beso!
(Los
bailes
se
reanudan
ante un
gesto de
Charmion,
mientras
que
Cleopatra
se
abandona
en los
brazos
de Marco
Antonio)
Ballet
de
esclavas
lidias
Ballet
de
esclavas
escitas
(Un
sirviente
avanza
precediendo
a
Octavia,
que
sostiene
una
parte de
su
capa
levantada
cubriendo
su
cabeza y
plegada
delante
de su
cara.
Cuando
Octavia
llega
frente a
Cleopatra
y
Marco
Antonio,
se
despoja
de su
capa)
MARCO
ANTONIO
(con
espanto)
¡Octavia!
CLEOPATRA
(Sorprendida
y
despectiva)
¡Octavia!
(A una
señal de
Charmion
la
fiesta
cesa
y todos
salen
tumultuosamente.
Octavia,
Cleopatra
y Marco
Antonio
quedan a
solas)
OCTAVIA
(sin
querer
mirar a
Cleopatra)
Marco
Antonio,
dejé
Roma... y
vine
aquí
adelantándome
a los
triunviros
y a mi
hermano...
MARCO
ANTONIO
¿A
qué
has
venido?
OCTAVIA
(sencillamente)
No vengo
como una
enemiga...
Te
traigo
la paz.
MARCO
ANTONIO
¿La paz?
OCTAVIA
Sí...
quiero
evitar
luchas
fratricidas...
(expresivamente)
Sacrifica
tus
placeres
a los
deberes
de tu
gloria...
sígueme...
vuelve a
Roma...
y todo
se
calmará...
MARCO
ANTONIO
Puedes
ahorrarte
tu
súplica
infructuosa.
¡Yo,
mejor
que tú,
me
ocuparé
de mi
gloria!
Ella ya
no está
en
Roma...
sino en
Egipto...
OCTAVIA
¡Ay!
(a
Cleopatra)
¡Ten
piedad!
Déjame
hablarte...
(emotiva)
Por ti,
lo he
perdido
todo,
incluso
la
propia
esperanza...
Acepto
mis
penurias...
Al ver
tu
belleza,
comprendo
tu
poder.
Sin
embargo,
si lo
amas...
ten
piedad
de él...
no lo
transformes
en un
traidor
a sus
glorias
pasadas...
¡Señálale
su deber
que él
desdeña
y
desprecia!
¡Ten el
doloroso
valor de
forzar
al
universo
a
admirarte
aún más!
Su
fama,
sus
laureles,
su
memoria...
¡todo
está en
tus
manos!
Si lo
amas un
poco...
¡ten
piedad
de él!
¡Ten
piedad
de él!
CLEOPATRA
(a Marco
Antonio)
Octavia
tiene
razón...
MARCO
ANTONIO
¿Qué
dices?
CLEOPATRA
Mi alma
igualará
a la
suya.
MARCO
ANTONIO
(con
furia)
Dejarte...
para
siempre...
¡ah!
Comprendo
tu
ardid...
Tú
esperas
mi
partida...
y así
tendrás
libertad...
(exultante)
¡Que el
mundo
romano
sea
bañado
en
sangre
y
perezca!
Que yo
sea un
traidor
a Roma,
a mi
gloria
y
a
mi
deber...
¡Acepto
todo
para
conservar
a
Cleopatra!
OCTAVIA
¡Mira
en lo
que
te has
convertido!
CLEOPATRA
Generosa
Octavia...
mi
esfuerzo
es
inútil...
Llévale
mi
testimonio
al
Senado...
a
Octavio...
Es a un
dios más
fuerte
que
todos
los
dioses...
Es a
él
a
quien...
(con
ternura)
... yo
sirvo...
¡al
Amor
triunfante!
OCTAVIA
(con
ímpetu)
¡Ah, no
blasfemes!
¡El amor
sublime
y puro
ignora
la
mezquindad!
¡Él
eleva...
ennoblece...
y
magnifica
las
almas!
Pero
cuando
transforma
al
hombre
en
un
cobarde...
cuando
lo
vuelve
vil...
semejante
a las
mismas
bestias...
el amor
sólo es
diversión.
¡No, eso
no es
amor!
¡No, no
es
amor!...
CLEOPATRA
(a Marco
Antonio)
Marco
Antonio...
elige...
todavía
estás a
tiempo...
MARCO
ANTONIO
(En un
impulso
hacia
ella)
¡Cleopatra!
OCTAVIA
(desesperada)
¡Ay!
CLEOPATRA
(a Marco
Antonio)
Experimenté
tu
amor...
Estoy
orgullosa
de él.
(a
Octavia)
Aceptamos
sin
miedo
que
comience
la
lucha.
OCTAVIA
¡Dioses!
CLEOPATRA
(a Marco
Antonio)
¡Despierta
tu
coraje y
da la
señal!
(orgullosa)
¡Ve a
combatir
por
mí!...
MARCO
ANTONIO
(altivo)
¡Triunfar
o
perecer!
CLEOPATRA
¡Sí, tu
corazón
me ama!
MARCO
ANTONIO
¡Mis
soldados
exultantes
me
esperan...
y me
reclaman!
CLEOPATRA
¡Ve!
¡Coraje!
¡Ve a
luchar
por mí!
¡Sí, tu
corazón
me ama!
¡Ve!
MARCO
ANTONIO
¡Sí,
corro
junto a
ellos!
¡Corro a
triunfar
con
ellos!
¡Vamos!
OCTAVIA
¡Dioses,
tened
compasión
de mi
dolor!...
¡Ah,
piedad
de mi
cruel
pesar!
¡Él se
perderá
para
siempre!
¡Ay!
¡Piedad!
¡Ah!
¡Piedad
¡Ah!
¡Piedad!
¡Piedad!
¡Ah!!
CLEOPATRA
¡Marco
Antonio,
tus
soldados
te
llaman!
¡Ve a
triunfar
con
ellos...
si tu
corazón
me
ama...
si tu
corazón
me ama!
¡Sí, ve
a
triunfar,
a
triunfar
con
ellos!
¡Con
ellos!
MARCO
ANTONIO
¡Mis
soldados
me
llaman!
¡Y corro
a
triunfar
con
ellos...
y mi
corazón
te
ama...
mi
corazón
te ama!
¡Sí, voy
a
triunfar,
a
triunfar
con
ellos!
¡Con
ellos!
(Marco
Antonio
se
precipita
fuera.
Cleopatra,
después
de
lanzar
una
mirada
de
triunfo
a
Octavia,
sube a
la
terraza,
seguida
por
Charmion
y sus
esclavos.
Octavia
queda
sola y
desesperada)
OCTAVIA
(a
solas)
¡Ay!
¡Todo
está
perdido!
(Spakos,
que
entró
poco
después
y
observó
a Octavia,
se
acerca a
ella,
fuera
de la
vista de
Cleopatra
que está
en la
terraza)
SPAKOS
(a
Octavia,
que lo
escucha
sorprendida)
Mujer...
no
llores...
Cleopatra
es
mía...
y yo
quiero
recuperarla...
Mujer,
no
llores...
LOS
SOLDADOS
(a lo
lejos)
¡Triunviro...
gloria a
ti!
(Las
tropas
aparecen
y
comienzan
a
congregarse
al pie
de la
terraza
donde
está
Cleopatra
y sus
damas.
Cleopatra
y las
mujeres
cantan
la
gloria
de Marco
Antonio,
y
arrojan
flores a
los
soldados)
CLEOPATRA
(embelesada)
¡Arrojémosles
flores,
arrojémosles
flores,
todas
las
flores
del
mundo!
MUJERES,
CHARMION
(Las
primeras
sopranos)
¡Flores!
¡Flores!
CLEOPATRA
¡Su
vuelo
ligero
perfumará
nuestra
tierna
despedida!
CHARMION,
MUJERES
¡Flores!
¡Flores!
(Marco
Antonio
aparece
en su
carro de
oro
tirado
por
cuatro
caballos
blancos,
se
detiene
ante la
voz de
Cleopatra)
CLEOPATRA
¡He
aquí
al
apuesto
vencedor
de la
próxima
batalla!
CHARMION,
MUJERES
¡He aquí
al
apuesto
vencedor!
MARCO
ANTONIO
(a
Cleopatra,
con un
impulso)
¡Para ti
mi vida,
mi
alegría
y mis
futuras
victorias!
CLEOPATRA
(a Marco
Antonio)
¡Tuya!
¡Para ti
mi vida!
¡Tuya
será mi
dicha
y las
próximas
victorias!
¡Para ti
estas
flores!
¡Oh,
apuesto
vencedor!...
¡Gloria
a ti!
SOLDADOS
¡Gloria
a ti,
triunviro!
Gloria
al
Triunviro
¡Gran
vencedor
de las
próximas
victorias!
¡Gloria
a Ti!
MARCO
ANTONIO
¡Para ti
mi
gloria!
¡A ti mi
alegría!
¡A ti!
CHARMION,
MUJERES
¡Para ti
estas
flores!
¡Oh,
apuesto
vencedor!...
¡Gloria
a ti!
(Cleopatra,
Charmion
y las
mujeres
arrojan
flores
al
ejército
que
desfila.
Marco
Antonio,
en su
carro,
envía un
último
adiós a
Cleopatra.
Los
soldados
agitan
sus
armas y
lanzan
gritos
de
gloria)
ACTO
CUARTO
La
muerte
de los
amantes
(La
terraza
de la
tumba.
Los
esclavos
de
Cleopatra
congregados
en la
entrada
del
hipogeo
en torno
a un
altar de
piedra,
están
ocupados
con los
preparativos
del
funeral.
A
lo
lejos,
la
ciudad de
Alejandría
blanca
bajo
el cielo
azul; en
el
horizonte,
el mar
muy
azul.
Cleopatra
se ha
quedado
sola en
una
litera.
Con su
mirada
escruta
la
inmensidad.
Dos
esclavos
muertos
están
tendidos
a sus
pies.
Guardias
cerca
del
hipogeo.
Spakos
sombrío
y
silencioso
está de
pie en
el
fondo,
apoyado
sobre una
lanza.
También
él
observa
el
horizonte.
Charmion
y los
sirvientes
están
alrededor
de la
litera
de
Cleopatra)
CLEOPATRA
(a
Charmion
y sus
sirvientes)
Apresuraros
a
cumplir
los
ritos
funerarios.
Hice
correr
por
todos
lados el
rumor de
mi
muerte,
pero mi
ardid
quizá
sea
descubierto...
y quiero
estar
dispuesta
a morir
de
inmediato...
(Después
de una
pausa,
ella
llama a
Spakos
que gira
la
cabeza
hacia
ella)
¡Spakos!
¿Has
cumplido
mis
órdenes
de
enviar
esclavos
a Marco
Antonio
para que
lo
traigan
aquí?
SPAKOS
Sí...
Cleopatra...
CLEOPATRA
(Después
de una
pausa)
¡Ay,
todo
está
perdido!
¡Actium!
(Con
agitación)
¡La
derrota!
¡La
fuga!
¡Qué
horrible
recuerdo!
CHARMION
(junto a
ella)
Pero...
Marco
Antonio
aún
puede
encontrar
soldados...
y venir
en tu
ayuda...
CLEOPATRA
El
tiempo
pasa...
él no
viene...
Octavio
ha
triunfado
en todos
los
frentes...
(señalando
a los
esclavos
muertos)
Dos
veces ya,
sus
mensajeros
fúnebres
han
pagado
con sus
vidas la
noticia
de sus
victorias...
(Una
esclava
aparece
llevando
una
cesta
de
frutas y
flores.
Cleopatra
la ve)
Tú ¿qué
nueva
desgracia
me
vienes a
anunciar?
CHARMION
(señalando
a la
esclava
que está
de
rodillas
sosteniendo
la
canasta)
¡Ay!
para
obedecer
tus
crueles
deseos
hice
ocultar
un áspid
entre
esas
frutas...
bajo
esas
flores...
¡Su
mordedura
provoca
una
muerte
segura!
Dulcemente,
como al
finalizar
el
día...
la
muerte
apacible
y
maternal
te
mecerá
en sus
brazos
para un
sueño
sin
sueños...
¡un sueño
sin
despertar!
CLEOPATRA
(a un
servidor)
Toma ese
precioso
don...
ponlo
sobre el
altar...
CHARMION
(implorando)
¿Oh
señora,
por
qué?...
¿Por qué
quieres
morir?
El
triunviro
Octavio...
(El
sirviente
toma el
cesto de
manos de
la
esclava
que lo
trajo y
lo
coloca
sobre
el
altar)
CLEOPATRA
No...
su alma
es
cruel...
y su
corazón
implacable...
Sé muy
bien el
destino
que me
espera...
Líctores
insolentes
pondrán
sus
manos
sobre
mí...
Yo haría
más
vistoso
el
triunfo
de
Octavio...
Mis
manos
cargadas
de
cadenas,
desnuda,
mis
cabellos
despeinados,
encadenada
a su
carro
triunfal,
sería el
hazmerreír
del vil
populacho,
¡Yo, Cleopatra...
qué
horror!
SPAKOS
(que se
le
acerca)
Voy a ir
contigo
a la
tumba...
¡Oh, mi
señora!
¡Mi amor
te
seguirá
hasta
allí!
CLEOPATRA
(con el
rostro
apoyado
en su
puño)
¡Spakos!
No
hables
de
amor...
(Spakos,
atormentado,
se
controla
y
acompaña
a
Charmion
y a los
sirvientes
hasta el
hipogeo
en el
que
penetran
silenciosamente.
Spakos
permanece
solo,
abatido,
reflexiona
sobre
las
últimas
palabras
de
Cleopatra:
«¡Ah! ¿Él
no
vendrá?» quedando
apesadumbrado
y
pensativo)
En este
momento
pienso
en él...
¡Ah! ¿Ya
no
vendrá?
¡Yo lo
espero...
y lloro!
¡Y en mi
corazón
quebrado,
lejos de
él,
está la
muerte!
¡ah!
¿Él
ya no
regresará?
SPAKOS
(acercándose)
¿Qué
esperas
de él?
CLEOPATRA
¡Su
perdón!
Porque
soy yo
la causa
de su
derrota...
fue una
insensatez...
SPAKOS
No
pienses
en
él...
que se
cumpla
su
destino...
Él ya no
te puede
ayudar.
Vencido...
desesperado...
sin
soldados...
su
ejército
lo ha
traicionado...
¡Marco
Antonio
ya no
vendrá!
(con
desprecio)
Ese
triunviro...
ese
romano,
ese
héroe
debe
estar
pensando
solamente
de
huir...
¡para
salvar
su vida!
CLEOPATRA
¡Ay de
mí!
SPAKOS
(Emocionado
y
enérgico)
Sólo en
las
horas de
desgracia
yo te
soy
fiel...
Tú
me
encuentras
en medio
de la
terrible
tormenta.
Sólo yo
te ayudo
a llevar
la carga
de la
desgracia.
¡Sólo
contigo,
yo
quiero
morir!...
¡Quiero
morir!
¡Sólo
yo, te
amo, oh
Cleopatra!
CLEOPATRA
¡Cállate!
SPAKOS
(ansioso)
Ese
hombre...
al que
tuviste
que
plegarte
a sus
caprichos...
¿Acaso
él era
grande...
él tenía
poder?
Si
todavía
lo
esperas...
¿es
porque
piensas
que
podría
salvarte?...
(suplicando)
Pero, tú
no lo
amas...
dime ¿lo
amas?
CLEOPATRA
(gritando)
¡Lo amo!...
SPAKOS
(retrocede
como
herido)
¡Dioses!
¿Qué
dices?
¿Qué
dices?
CLEOPATRA
(palpitante)
Mientras
él era
poderoso,
victorioso
y
glorioso...
No me
había
dado
cuenta
de que
amaba
a Marco
Antonio...
¡Mi alma se
ha
iluminado...
y el
remordimiento
me
abruma!
Él sufre...
lo
amo...
fue
derrotado...
Lo
amo...
él sufre... ¡Yo
lo
adoro!
SPAKOS
¡Cleopatra!
¡Por
piedad!
CLEOPATRA
¡Ah!
¡Volver
a
verlo!...
¡Consolarlo!...
¡Amarlo!
¡Amarlo!!
SPAKOS
(al
borde de
un
ataque
de
furia)
¡Él se
ha
perdido... no
lo verás
más!
CLEOPATRA
¿Qué
dices?
SPAKOS
(soberbio)
Le
ordené a
todos
mis
mensajeros
que le
dijeran
que tú
habías
muerto...
CLEOPATRA
¡Dioses!
SPAKOS
¡Así
es... él
piensa
que
estás
muerta...
y sin
duda
ha huido
lejos de
aquí!
CLEOPATRA
¡Ah!
SPAKOS
(con
sentimiento)
¡Tu
muerte
es la
mía!...
¡Yo no
quiero a
nadie
más que
a ti!
CLEOPATRA
(En un
ataque
de furia
arrebata
una
daga
de la
cintura
de
Spakos,
y lo
hiere
mortalmente
en el
pecho)
¡Miserable!
SPAKOS
(Se
tambalea
y cae de
rodillas
junto a
la
litera)
¡Ah!
CLEOPATRA
(desesperada)
¿Por qué
me has
engañado?
SPAKOS
(expirando)
Por... venganza...
hacia
él...
porque...
te
adoro...
(con
gran
esfuerzo)
...
y
porque
tú me
has
amado...
UN
ESCLAVO
(acude
presuroso)
¡Señora...
Marco
Antonio...
viene!
CLEOPATRA
(con un
grito de
alegría)
¡Ah!
SPAKOS
(con un
último
grito de
rabia)
¡Ah!
(Spakos
se
levanta
aterrado,
extiende
sus
brazos
hacia
Cleopatra...
y de
pronto
cae
de
nuevo)
CLEOPATRA
(Para sí,
colmada
de
felicidad
y
triunfante)
¡Lo
veré!
¡Voy a
verlo!
(Con
pasión,
a los
guardias
y sus
esclavos
que
salen de
la
tumba)
¡Que se
lleven
los
cuerpos
de los
mensajeros!
¡Quitadlos
de mi
vista...
(señalando
a
Spakos)
... y a
ese
traidor,
a ese
maldito
también...
(los
cuerpos
son
arrastrados
por
los
sirvientes
que
acuden
desde el
hipogeo,
y
siembran
flores a
su
alrededor)
¡Esparcid
las
flores
que
había
reservado
para mis
últimos
momentos!
(a
Charmion,
presurosa
y
excitada)
.¡Ah!
¡Quiero
estar
bella,
más
bella
aún,
para
verlo de
nuevo!
(Charmion
y los
sirvientes
le
presentan
a
Cleopatra
un
espejo y
joyas;
le
ponen
flores
en las
sienes
y
vierten
en sus
manos
perfumes)
¡Ponedme
hermosa!
¡Hermosa!
(De
repente,
Cleopatra
se
detiene,
pues
ha visto
a Marco
Antonio
afuera)
¡Marco
Antonio!
(Marco
Antonio
aparece,
con el
pecho
ensangrentado)
MARCO
ANTONIO
(Viendo
a
Cleopatra,
lanza un
grito
de
alegría)
¡Cleopatra!
¡Vive!
CLEOPATRA
¡Estás
herido!
(Marco
Antonio
se
acuesta
en la
litera.
Cleopatra
cae de
rodillas,
él
dulcemente
la
induce a
tomar
sus
manos.
Todos
los
asistentes
salen en
silencio
y
vuelven
a
entrar
en el
hipogeo)
CLEOPATRA Marco
Antonio...
¿qué
tienes?
MARCO
ANTONIO
(con voz
alterada)
¡Me he
equivocado!
Creí en
tu
muerte...
y en
cuanto
vi tu
tumba...
en mi
desesperación,
me herí
de
muerte...
¡para no
sobrevivirte!
CLEOPATRA
¡Ay!
¡Ay!
MARCO
ANTONIO
Quise
dormir
para
siempre
a tu
lado...
Estaba
triste y
solitario...
desesperado...
vencido...
(Con un
supremo
esfuerzo)
¡Estás
viva!...
¡Oh qué
alegría!
¡Estás
viva!
¡Viva!
Consolado
en tus
brazos,
feliz,
feliz...
moriré...
CLEOPATRA
(llorosa)
Marco
Antonio...
perdóname...
MARCO
ANTONIO ¿Qué
tengo
que
perdonarte?
CLEOPATRA
Tu
desgracia
y tu
muerte.
MARCO
ANTONIO
(con
calma)
No me
arrepiento
de
nada...
(dulcemente)
A tu
lado
viví mi
sueño
más
hermoso...
¡Tus
besos
compensaron
todos
mis
sufrimientos!
¡Todo se
olvida...
todo
desaparece!
¡Si he
perdido
el
Imperio...
he
reinado
en tu
alma!
Todo se
olvida...
cuando
veo tus
ojos
que
irradian
amor...
CLEOPATRA
(con
ternura)
Tienes
razón...
tienes
razón...
mi amor
responde
a tu
amor...
MARCO
ANTONIO
¡Cleopatra!
CLEOPATRA
(señalando
al
horizonte)
¡Mira el
horizonte!
¡Es el
más
hermoso
atardecer!
¡Es la
hora más
dulce!
MARCO
ANTONIO
¡Es el
más
hermoso
atardecer!
CLEOPATRA,
MARCO
ANTONIO
¡Este es
el
momento
más
dulce!
¡Bajo el
ala de
la
muerte
estarán
más
unidos
nuestros
corazones!
¡Ah,
benditos
sean los
dioses
por esta
hora
divina!
CLEOPATRA
¡Es el
más
hermoso
atardecer!
CLEOPATRA,
MARCO
ANTONIO
¡Es el
más
hermoso
atardecer!
¡El más
hermoso
atardecer!!
MARCO
ANTONIO
¡Cleopatra!
(se
besan
prolongadamente
mientras
Marco
Antonio
expira)
¡Ah!
(Cleopatra
nota
que el
cuerpo
del
triunviro
se
abandona
en sus
brazos.
Ella
comprende
que ha
muerto y
se
aparta
con
horror)
CLEOPATRA
¡El
triunviro
está
muerto!
(Sollozando
sobre el
cuerpo)
¡Marco
Antonio!
¡Antonio!
(Charmion
y todas
las
mujeres
acuden
presurosas)
¡Ya no
vive!
(desesperada)
¡Quiero...
quiero
morir!
(a
Charmion,
señalándole
la cesta
con
una
suprema
agitación)
¡Dame
ese
magnífico
regalo,
el mejor
que he
recibido,
pues
en él
está la
liberación!
(Las
mujeres
sollozan
de
rodillas
a su
lado y
le piden
que no
acepte
morir)
Mujeres...
no
lloréis...
adiós...
(desesperadamente)
¡Morir!
Voy a
morir...
¡Ah,
es
horroroso
morir!...
(escuchan
a lo
lejos
las
trompetas
de
Octavio)
¡He ahí
a
los
enemigos!
¿Y
todavía
dudo?
(se
recuesta
en la
litera y
tomando
la
cesta,
hace que
un áspid
la
muerda)
¡Ah!
(con
calma)
¡Todo
está
bien!
Un
dulce
sopor
invade
todo mi
ser...
¡voy a
dormir
el gran
sueño
sin
retorno!
(con un
gesto de
terror)
¡Grandes
dioses!
¿Qué es
este
frío que
sube a
mi
corazón?
¿Qué es
este
frío que
invade
poco a
poco
todos
mis
miembros?...
¿Se
aproxima
la
muerte?
Morir...
¿es
entonces
verdad?
¡Cleopatra
muerta!...
¡Cleopatra...
quien
fuera
toda
alegría
y
ternura...
¡Ella
que
adoraba
la vida
y el
sol!
(estremeciéndose)
¡Tengo
frío!
¡Tengo
frío!
¡Ah,
un
frío
implacable!...
Se eleva
desde la
tierra...
congela
mis
sentidos...
invadiendo
todo mi
ser...
¡Ah!
¡Es
espantoso!
¡Morir!
¡Morir!
Nunca
volver a
ver la
luz y
las
flores...
Yo, que
fui el
amor...
toda la
voluptuosidad...
¡Yo, que
fui
Cleopatra!
(estremeciéndose)
Mis ojos
se
nublan...
(lucha
contra
la
muerte
que
llega
con
visiones
fúnebres)
... No.... no
quiero...
es un
abismo...
Las
sombras...
¡ah!
todo es
negro...
¡Tengo
frío...
ah!
Tengo
frío...
Tengo
frío...
(Tratando
de
extender
sus
manos
hacia
Marco
Antonio)
¡Antonio...
y
Cleopatra
siempre
juntos!
(Ella
cae
sobre el
cuerpo
del
triunviro.
Se oyen
el
sonar
de
trompetas)
UNA VOZ
(gritando,
fuera de
escena)
¡Abrid
paso al
César!
(Octavio
aparece
seguido
por sus
guardias
y al
ver los
dos
cuerpos
entrelazados,
hace
un
gesto de
sorpresa
y de
espanto.
Se
inclina
ante
ellos y
luego
irguiéndose,
se cubre
el
rostro
con su
capa)
Digitalizado
y
traducido
por:
José Luis
Roviaro
2020
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