IFIGENIA EN TÁURIDE
Personajes
IFIGENIA
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Hija de Agamenón
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Soprano
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La acción se desarrolla en Táuride, Crimea, en el siglo XIII a.C.
PREMIER ACTE
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc Rendez ces peuples plus avares Du sang des malheureux mortels. Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc Ces Dieux, que notre voix implore, Apaisent enfin leur rigueur. Le calme reparaît, mais au fond de mon coeur, Hélas! l'orage habite encore. Iphigénie, ô ciel, craindrait-elle un malheur? D'où naît le trouble affreux Dont votre âme est saisie? Juste ciel! Ah! parlez! divine Iphigénie! Nos malheurs sont communs: loin de notre patrie, Conduites avec vous sur ce funeste bord, N'avons pas toujours partagé votre sort? Cette nuit j'ai revu le palais de mon père. J'allais jouir de ses embrassements, J'oubliais, en ces doux moments, Ses anciennes rigueurs et quinze ans de misère… La terre tremble sous mes pas; Le soleil indigné fuit ces lieux qu'il abhorre. Le feu brille dans l'air et la foudre en éclats Tombe sur le palais, l'embrase et le dévore! Du milieu des débris fumants Sort une voix plaintive et tendre, Jusqu'au fond de mon coeur elle se fait entendre. Je vole à ces tristes accents À mes yeux se présente mon père, Sanglant, percé de coups, et d'un spectre inhumain Fuyant la rage meurtrière. Ce spectre affreux, c'était ma mère! Elle m'arme d'un glaive et disparaît soudain. Je veux fuir on me crie: "arrête! c'est Oreste!" Je vois un malheureux et je lui tends la main, Je veux le secourir, un ascendant funeste forçait mon bras à lui percer le sein. Ô songe affreux! Ô nuit effroyable! Ô douleur! Ô mortel effroi! Ton courroux est-il implacable? Entends nos cris! Ô ciel, apaise-toi! Ô race de Pélops! race toujours fatale! Jusque dans ses derniers neveux… Le ciel poursuit encore le crime de Tantale! Le roi des rois, le sang des Dieux, Agamemnon descend dans la nuit infernale. Son fils restait à ma douleur: J'attendais de lui seul la fin de ma misère. Ô mon cher Oreste! Ô mon frère! Tu ne sécheras pas les larmes de ta soeur. Calmez ce désespoir où votre âme est livrée; Les Dieux conserveront cette tête sacrée: Osez tout espérer. Non, je n'espère plus. Depuis que je respire, en butte à leur colère, D'opprobre et de malheurs tous mes jours sont tissus. Ils y mettent le comble, ils m'enlèvent mon frère. Reprends un bien que je déteste. Diane! Je t'implore. Je t'implore, arrêtes-en le cours. Rejoins Iphigénie au malheureux Oreste! Hélas, tout m'en fait une loi. La mort me devient nécessaire. J'ai vu s'élever contre moi, Les Dieux, ma patrie et mon père. Ô toi, qui prolongeas mes jours, etc. Quand verrons-nous tarir nos pleurs? La source en est-elle infinie? Ah, dans un cercle de douleur Le ciel marqua le cours de noire vie! (à part) Dieux! le malheur en tous lieux suit mes pas. Des cris du désespoir ces voûtes retentissent. Interprète des Dieux, Que vos voeux les fléchissent! À mes gémissements le ciel est sourd, hélas! Ce ne sont pas des pleurs, c'est du sang qu'il demande! Quelle effroyable offrande! Apaise-t-on les Dieux par des assassinats? Le ciel par d'éclatants miracles A daigné s'expliquer à vous. Mes jours sont menacés par la voix des oracles, Si d'un seul étranger, relégué parmi nous, Le sang échappe à leur courroux. De sinistres terreurs est obsédée. Le jour blesse mes yeux et semble s'obscurcir. J'éprouve l'effroi des coupables. Je crois voir sous mes pas la terre s'entrouvrir Et l'enfer prêt à m'engloutir Dans ses abîmes effroyables. Je ne sais quelle voix crie au fond de mon coeur: "Tremble, ton supplice s'apprête!" La nuit de ses tourments redouble encore l'horreur Et les foudres d'un Dieu vengeur Semblent suspendus sur ma tête! Les Dieux apaisent leur courroux; Ils nous amènent des victimes. À ces justes vengeurs de crimes, Que leur sang soit offert pour nous. (à part) Malheureuse! Grands Dieux, recevez nos offrandes! Moins je les espérais plus vos faveurs sont grandes. Deux jeunes Grecs, échoués sur ces bords, Ont longtemps contre nous tenté de se défendre: Ils viennent enfin de se rendre Après de pénibles efforts. L'un d'eux était rempli d'un désespoir farouche. Les mots de "crime", de "remords", Etaient sans cesse dans sa bouche. Il détestait la vie, il appelait la mort. Les Dieux apaisent leur courroux, etc. Dieux, étouffez en moi le cri de la nature. Si mon devoir est saint, hélas, qu'il est cruel! (à Iphigénie) Allez! Les captifs vont vous suivre à l'autel. Pour moi, qu'un trop sinistre augure Menace du courroux des Dieux, Ma présence pourrait nuire à vos saints mystères. (au peuple) Et vous, à nos Dieux tutélaires Adressez vos chants belliqueux! Que vos justes transports Pénètrent jusqu'aux cieux! Il nous fallait du sang pour expier nos crimes. Les captifs sont aux fers, les autels sont prêts! Les Dieux nous ont eux-mêmes amené les victimes. Que la reconnaissance égale leurs bienfaits! Sous le couteau sacré que leur sang rejaillisse, Que leur aspect impur n'infecte plus ces lieux! Offrons leur sang en sacrifice, C'est un encens digne des Dieux! Malheureux! Quel dessein à vous-mêmes contraire Vous amenait en mes États? Notre projet est un mystère. C'est le secret des Dieux, tu ne le sauras pas. De ton arrogance hautaine la mort sera le prix. Gardes, qu'on les emmène! (à Pylade) Ô mon ami, c'est moi qui cause ton trépas! Il nous fallait du sang, etc
où Pylade et Oreste sont enchaînés) Quel silence effrayant! quelle douleur funeste! Quoi, tu ne me réponds que par des longs sanglots? Que peut la mort sur l'âme des héros? Ne suis-je plus Pylade? N'es-tu plus Oreste? Dieux! à quelles horreurs m'aviez-vous réservé? D'un aveugle destin, déplorable victime, Partout errant, partout réprouve. Mon sort est accompli. J’étais né pour le crime! Que dis-tu? quel est ce remords? Quel nouveau crime enfin? Je t'ai donné la mort. Ce n'était pas assez que ma main meurtrière, Eût plongé le poignard dans le coeur d'une mère. Les Dieux me réservaient pour un forfait nouveau: Je n'avais qu'un ami, je deviens son bourreau. Dieux, auteurs de mes crimes, De l'enfer sous mes pas, entrouvrez les abîmes! Ses supplices pour moi seront encore trop doux! J'ai trahi l'amitié, j'ai trahi la nature. Des plus noirs attentats j'ai comble la mesure: Dieux! Frappez le coupable et justifiez-vous. Quel langage accablant pour un ami qui t'aime! Reviens à toi, mourons dignes de nous! Cesse, dans ta fureur extrême, D'outrager et les Dieux et Pylade et toi-même! Si le trépas nous est inévitable, Quelle vaine terreur te fait pâlir pour moi? Je ne suis pas si misérable, Puisque enfin je meurs près de toi! Nous n'avions qu'un même désir. Ah! mon cour applaudit d'avance Au coup qui va nous réunir. Le sort nous fait périr ensemble, N'en accuse point la rigueur; La mort même est une faveur, puisque le tombeau nous rassemble. du temple) Etrangers malheureux, il faut vous séparer. Grands Dieux! qu'ordonnes-tu barbare? (à Pylade) Non, ne me quitte pas, ami fidèle et rare! (aux gardes) Cruels, faut-il vous implorer? Hâtez la mort qu'on nous prépare, Mais laissez-nous la recevoir à deux! Vos glaives, vos bûchers sont cent fois moins affreux Que le moment qui nous sépare! J'obéis â nos lois, j'obéis à nos Dieux! Arrête! Hélas! Monstres sauvages! Pylade est mort pour toi. Dieux! protecteurs de ces rivages! Dieux! avides de sang, tonnez!, tonnez, écrasez-moi. Quelle tranquillité succède? Mes maux ont donc lassé la colère céleste, Je touche au terme du malheur. Vous laissez respirer le parricide Oreste. Dieux justes! Ciel vengeur! Oui, le calme rentre dans mon coeur. entourent Oreste. Les unes exécutent autour de lui un ballet pantomime de terreur les autres lui parlent. Oreste reste endormi pendant toute la scène) Vengeons et la nature et les Dieux en courroux! Inventons des tourments. Il a tué sa mère. Ah! ah! ah! Inventons des tourments. Il a tué sa mère. Vengeons et la nature et les Dieux en courroux! Ah! quels tourments! ah! quels tourments! Ils sont encore trop doux. Vengeons et la nature et les Dieux en courroux! Il a tué sa mère! des Euménides et s'abîme aussitôt ) Un spectre! ah! ah! Point de grâce, il a tué sa mère! Ayez pitié! Pitié? le monstre! il a tué sa mère! Vengeons et la nature et les Dieux en courroux! Ayez pitié! Ah, quels tourments! Egalons, s'il se peut, sa rage meurtrière. Ce crime affreux ne peut être expié, Ton forfait ne peut être expié! Ayez pitié! Dieux cruels! paraissent les Euménides s'abîment sans pouvoir être aperçues) (à Oreste) Je vois toute l'horreur que ma présence vous inspire. Mais au fond de mon coeur, étranger malheureux, si vos yeux pouvaient lire, Autant que je vous plains, vous plaindriez mon sort. (à part) Quels traits! quel étonnant rapport! (à Oreste) Quels bords vous ont vu naître? Que veniez-vous chercher dans ces climats affreux? Quel vain désir vous porte à me connaître? Parlez! (à part) Que lui répondre? Ô Dieux! D'où vient que votre coeur soupire? Qu'êtes-vous? Malheureux! C'est assez vous en dire. De grâce, répondez: de quels lieux venez-vous? Quel sang vous donna l'être? Vous le voulez? Mycènes m'a vu naître. Dieux! qu'entends-je? achevez, dites! Informez-nous du sort d'Agamemnon, De celui de la Grèce. Agamemnon? D'où naît la douleur qui vous presse? Agamemnon? Sous un fer parricide est tombé. (à part) Je me meurs. (à part) Quelle est donc cette femme? Et quel monstre exécrable A sur un roi si grand osé lever le bras? Au nom des Dieux, ne m'interrogez pas! Au nom des Dieux, parlez! Ce monstre abominable, c'est... Achevez! vous me faites frémir. ...son épouse! Grands Dieux! Clytemnestre? Elle-même! Ciel! Et des Dieux vengeurs la justice suprême A vu ce crime atroce? Elle a su le punir! Son fils... Ô ciel! ...il a vengé son père! De forfaits sur forfaits quel assemblage affreux! De mes forfaits quel assemblage affreux! Ce fils, qui du ciel a servi la colère, Ce fatal instrument des vengeances des Dieux? A rencontré la mort qu'il a longtemps cherchée. Électre dans Mycènes est seule demeurée. (à part) C'en est fait. Tous les tiens ont subi le trépas. Tristes pressentiments, vous ne me trompez pas. Ô ciel! de mes tourments la cause et le témoin, Jouissez du malheurs où vous m'avez réduite. Ils ne pouvait aller plus loin. Patrie infortunée, Où par des noeuds si doux Notre âme est enchaînée, Vous avez disparu pour nous! Ô malheureuse Iphigénie! Ta famille est anéantie! Vous n'avez plus de rois, je n'ai plus de parents. Mêlons nos cris plaintifs à ses gémissements. Vous n'avez plus de rois, je n'ai plus de parents. Nous n'avions d'espérance, hélas, que dans Oreste: Nous avons tout perdu, nul espoir ne nous reste. Honorez avec moi ce héros qui n'est plus. Au moins, qu'aux mânes de mon frère Les derniers devoirs soient rendus. Apportez-moi la coupe funéraire; Offrons à cette ombre si chère Les froids honneurs qui lui sont dus!. les cérémonies funèbres) Contemplez ces tristes apprêts, Mânes sacrés, ombre plaintive. Que nos larmes, que nos regrets, Pénètrent l'infernale rive! Ô mon frère, daignez entendre Les accents de ma douleur: Que les regrets de ta soeur Jusqu'à toi puissent
descendre! Contemplez ces tristes apprêts, etc Je cède à vos désirs: du sort qui vous opprime, Instruisons Électre, ma soeur. Aux horreurs du trépas j'arrache une victime Et je sers à la fois la nature et mon coeur. Hélas! je ne puis m'en défendre, Pour l'un de ces infortunés, Par nos barbares lois à la mort condamnes, Je sens la pitié la plus tendre. Mon coeur s'unit à lui par des rapports secrets... Oreste serait de son âge: Ce captif malheureux m'en rappelle l'image, Sa noble fierté m'en retrace les traits. J'aime encore à m'entretenir. Mon âme se plaît à nourrir L'espérance qui m'est ravie. Inutiles et chers transports! Chassons une vaine chimère: Ah, ce n'est plus qu'aux sombres bords Que je puis retrouver mon frère! Voici ces captifs malheureux. Allez! laissez-moi seule avec eux! (courant à Pylade) Ô joie inattendue! Je puis donc t'embrasser pour la dernière fois! Mon sort est moins affreux, puisque je te revois. À leur aspect touchant, je sens mon âme émue! Vous avez vu mes pleurs, je n'ai pu m'en défendre. Hélas! qui n'en verserait pas au récit Que je viens d'entendre? Si sur ces bords sanglants Le ciel fixe nos pas, Nous avons vu le jour dans de plus doux climats Et la Grèce est notre patrie. Quoi? Des mains d'une Grecque il faut perdre la vie? Ah! pour sauver vos jours, je donnerais les miens. Mais Thoas veut du sang. Sa piété barbare ajouterait aux maux Qu'on vous prépare, si de tous deux je brisais les liens. Je pourrais du tyran tromper la barbarie, De l'un de vous au moins que les jours conservés. Mon ami, tu vivras, tes jours seront sauvés. De celui de vous deux qui me devra la vie, Pourrais-je attendre un service? Achevez, je réponds de sa reconnaissance. Dans Argos comme vous, j'ai reçu la naissance: Il m'y reste encore des amis. Jurez-moi qu'un billet fidèlement remis... J'en atteste les Dieux, vos voeux seront remplis. Il faut donc entre vous choisir une victime. Hélas! dans le soin qui m'anime, Que ne puis-je à tous deux rendre un service égal! Il faut que l'un des deux expire! Mais puisqu'il faut enfin faire un choix si fatal... Que je parte? qu'il meure? Ô ciel! Répondez à mes voeux. Soyez prêt à partir: je cours en presser l'heure. Ö moment trop heureux! Ma mort à mon ami va donc sauver la vie! Et je consentirais, qu'elle te fût ravie? M'aimes-tu? Parle! Ô Dieux! tu l'oses demander? M'aimes-tu? Quel discours! quelle fureur te presse? Renonce au choix de la prêtresse! Ah! ce choix m'est trop cher, pour le pouvoir céder. Et tu prétends encore que tu m'aimes? Lorsqu'au mépris des dieux sacrifiant tes jours... Ils veillent sur les tiens; ils protègent leur cours. Je remplis leurs décrets suprêmes. À ces Dieux conjurés prétends-tu donc t'unir Pour ajouter aux tourments que j'endure? Que me demandes-tu? De me laisser mourir! Non, ne l'espère pas. Oreste t'en conjure. Cruel! Dieux, fléchissez son coeur! Rendez-moi mon ami, qu'il m'accorde sa grâce, Que tout mon sang vous satisfasse, Qu'il suffise à votre rigueur! Quoi! je ne vaincrai pas ta constance funeste? Quoi! ton âme toujours se refuse à mes voeux? Ne sais-tu pas que pour Oreste La vie est un supplice affreux? Ne sais-tu pas que ces mains parricides Fument encore du sang que j'ai versé? Ne sais-tu pas que l'enfer courroucé Rassemble autour de moi ses noires Euménides? Qu'elles m'obsèdent en tous lieux? Les voici! des serpents leurs mains s'arment encore! Où fuir? Eh! quoi? Pylade me fuit et m'abhorre? il me livre à leurs coups! Arrêtez! Ah! grands Dieux! Eh! quoi? méconnais-tu Pylade qui t'implore? Eh bien, Pylade, est-ce à toi de mourir? Ô Dieux, votre courroux ne peut-il se fléchir? La mort à mes tourments est l'unique relâche. Je l'obtenais; Pylade me l'arrache! Ah! mon ami, j'implore ta pitié! Oreste, hélas, peut-il me méconnaître? Qu'il s'attendrisse aux pleurs de l'amitié. Ton coeur au mien n'est pas fermé peut-être. Cet ami qui te fut si cher, Pylade est à tes pieds, il conjure, il te presse: À tes fureurs, laisse-moi t'arracher. Souscris au choix dicté par la prêtresse! Pylade! Ah! mon ami, j'implore ta pitié! Oreste, hélas, peut-il me méconnaître? Grands Dieux! Qu'il s'attendrisse aux pleurs de l'amitié. Ton coeur au mien n'est pas fermé peut-être. Malgré toi, je saurai t'arracher au trépas! (à Pylade) Que je vous plains! Non, prêtresse, arrêtez! Votre pitié s'égare! Que dites-vous? C'est à moi de mourir, Mon ami pourra vous servir, Qu'il soit le digne objet d'un service si rare. N'écoutez point ses transports furieux. (à Oreste) Vivez et me servez. Je ne le puis sans crime. Cruel, quelle fureur t'anime? Ah! je sens que mon choix est dicté par les Dieux! (à Pylade) C'en est fait. Ici même, à l'instant, je déclare... Arrête! (à Iphigénie) Eh bien! sachez Arrête! justes Dieux! (à Pylade) Quelle soudaine horreur de votre âme s'empare? (à Iphigénie) Prononcez, que ma mort... Non, ne l'espérez pas. Un pouvoir inconnu, puissant, irrésistible, Sur l'autel des Dieux même arrêterait mon bras. Quoi, toujours à mes voeux, vous êtes insensible? Mais c'est en vain, j'en atteste les Dieux: Si mon ami n'échappe au sort qu'on lui prépare, Je vais, m'immolant à vos yeux, Répandre tout ce sang dont le ciel est avare. Ô Dieux! Eh! bien, cruel, remplissez vos désirs. (à Pylade) Vis, mon ami, cours servir la prêtresse. D'une soeur qui m'est chère, adoucis la tristesse, Porte-lui mes derniers soupirs. Adieu! Puisque le ciel à vos jours s'intéresse, Prêtez-moi le secours que vous m'avez promis. Portez cet écrit jusqu'en Grèce, Qu'entre les mains d'Électre il soit par vous remis. Qu'entends-je? Quel rapport l'une à l'autre vous lie? J'ai respecté votre secret, n'exigez rien de plus. Vous serez obéie, Je remplirai vos voeux si e ciel le permet. Divinité des grandes âmes! Amitié, viens armer mon bras! Remplis mon coeur de tes célestes flammes, Je vais sauver Oreste, ou courir au trépas!
est élevée sur une estrade; à côté, l'autel des sacrifices. Iphigénie se trouve seule aux pieds de la statue) Non, cet affreux devoir je ne puis le remplir. En faveur de ce Grec un Dieu parlait sans doute. Au sacrifice affreux que mon âme redoute, Non, je ne saurai consentir. Dans le fond de mon coeur mets la férocité, Étouffe de l'humanité la voix plaintive et lamentable. Hélas! ah! quelle est donc la rigueur de mon sort? D'un sanglant ministère, victime involontaire, J'obéis: et mon coeur est en proie au remords! Ô Diane, sois-nous propice! La victime est parée, et l'on va l'immoler. Puisse le sang qui va couler, Puissent nos pleurs apaiser ta justice! La force m'abandonne; ô moment douloureux! Voilà le terme heureux de mes longues souffrances: De vos vengeances! Ô ciel! (à Iphigénie) Séchez les pleurs qui coulent de vos yeux, Ne plaignez point mon sort, La mort fait mon envie: Ah! cachez-moi cette horrible vertu! Les Dieux protégeaient votre vie, Mais vous allez mourir et vous l'avez voulu. Ces Dieux m'en avaient fait un devoir nécessaire. En voulant prolonger mon sort, Vous commettiez un crime involontaire. Un crime? ah! c'en est un de vous donner la mort. Que ces regrets touchants Pour mon coeur ont de charmes. Qu'ils adoucissent mes tourments! Depuis l'instant fatal, hélas! Depuis longtemps, personne à mes malheurs N'avait donné des larmes. Hélas! (Environnant Oreste et le conduisant dans le sanctuaire ou elles l'ornent de bandelettes et de guirlandes) Chaste fille de Latone, prête l'oreille à nos chants: Que nous voeux, que notre encens S'élèvent jusqu'à ton trône. Dans les cieux et sur la terre tout est soumis à ta loi. Tout ce que l'Erèbe enserre, À ton nom pâlit d'effroi. En tous temps on te consulte, Dans la paix, dans les combats; Et l'on t'offre le seul culte Révéré dans ces climats. Chaste fille de Latone, etc. derrière l'autel; on brûle des parfums autour de lui, on le purifie en faisant des libations sur sa tête) Quel moment! Dieux puissants, secourez-moi! (guidant Iphigénie vers l'autel) Approchez, souveraine prêtresse, Remplissez votre auguste emploi. (marchant péniblement vers l'autel) Barbares, arrêtez, respectez ma faiblesse! (une prêtresse lui présente le couteau sacré) Dieux! tout mon sang se glace dans mon coeur. Je tremble… et mon bras, plus timide ... Frappez! Ainsi tu péris en Aulide, Iphigénie, ô ma soeur. Mon frère,., Oreste!... Oreste, notre roi! Où suis-je? Se peut-il . Oui, c’est lui, c’est mon frère! Ma soeur Iphigénie! Est-ce elle que je vois? Oui, c’est elle, qu’aux fureurs d’un père, Qu’à la rage des Grecs Diane a su soustraire! Oui, c'est Iphigénie! Ô mon frère! Ô ma soeur! Oui, c’est vous: oui, tout mon coeur me l’atteste. Ô mon frère! Ô mon cher Oreste! Quoi, vous pouvez m'aimer, Vous n'avez point horreur? Ah! Laissons-là ce souvenir funeste, Laissez-moi ressentir l'excès de mon bonheur! Sans te connaître encore je t'avais dans mon coeur. Au ciel, à l'univers, je demandais mon frère… Le voilà, je le tiens! Il est entre mes bras! Mais que vois-je? Tremblez! On sait tout le mystère: Le tyran porte ici ses pas. Il sait qu'un des captifs, destinés au supplice, Sauvé par vous, fuyait loin de ces lieux! Le tyran furieux vient de l'autre À l'instant presser le sacrifice. Grands Dieux! secourez-nous! Il ne se fera pas, ce sacrifice abominable, impie… Vous sauvez votre roi des fureurs de Thoas! Il est du sang des Dieux, Ils défendront sa vie! (à Iphigénie) De tes forfaits la trame est découverte: Tu trahissais les Dieux et conjurais ma perte. Il est temps de punir ta noire perfidie, Il est temps que le ciel soit enfin satisfait. Immole ce captif, que tout son sang expie Et ton audace et ton forfait! Qu'oses-tu proposer, barbare? Sauvez-nous, justes Dieux, éloignez les horreurs que ce moment prépare! (à Iphigénie) Obéissez aux Dieux; le ciel parle, il suffit! Qu'on le saisisse! Ô ciel! qu'oses-tu faire? Qu'on le traîne à l'autel! Cruel, il est mon frère! Ton frère? Oui, je le suis! C'est mon frère et mon roi, Le fils d'Agamemnon. Frappez! quel qu'il puisse être! (aux gardes) N'approchez pas! (aux gardes) Lâches! Vous reculez d'effroi… J'immolerai moi-même, aux yeux de la Déesse, Et la victime et la prêtresse! L'immoler? qui, ma soeur? Oui, je dois la punir, et tout son sang! (frappant Thoas) C'est à toi de mourir! Vengeons le sang de notre roi! Frappons! Grands Dieux' sauvez mon/son frère! (aux Grecs) Courage, mes amis, et suivez-moi! Pylade! Ô mon Dieu tutélaire! O mon unique ami! Grands Dieux, secourez-nous! Grands Dieux, sauvez mon/son frère! De ce peuple odieux, Exterminons jusqu'au moindre reste. Servons la vengeance céleste, Et purifions ces lieux Au nom de Pylade et d'Oreste. Fuyons de ce lieu funeste! Sauvons-nous, évitons leurs coups! Les Dieux combattent pour Oreste. au milieu des combattants) Arrêtez! écoutez mes décrets éternels! Scythes, aux mains des Grecs remettez mes images: Vous avez trop longtemps, dans ces climats sauvages, Déshonoré mon culte et mes autels. Tes remords effacent tes forfaits: Mycènes attend son roi, vas y régner en paix Et rends Iphigénie à la Grèce étonnée. Ta soeur! qu'ai-je entendu? Partage mon bonheur. Et qu'un penchant si doux rendait cher à mon coeur, Connais ma soeur Iphigénie. Les Dieux, longtemps en courroux, Ont accompli leurs oracles; Ne redoutons plus d'obstacles, Un jour plus pur luit pour nous. Une paix douce et profonde Règne sur le sein de l'onde; La mer, la terre et les cieux, Tout favorise nos voeux. |
ACTO PRIMERO
¡Que el pueblo sea más avaro Con la sangre de los infelices mortales! ¡Grandes dioses, venid a socorrernos!...etc. Que los dioses, a quienes nuestra voz implora, Calmen finalmente su rigor. Vuelve la calma, pero en el fondo de mi corazón, ¡Ay! la tormenta sigue su fragor. Ifigenia, ¡oh, cielo! ¿temes una desgracia? ¿De dónde nace el terrible espanto Que aprisiona tu alma? ¡Justo cielo! ¡Ay, habla, divina Ifigenia! Nuestra desgracia es común: Lejos de nuestra patria, Nos trajeron junto contigo a esta costa funesta. ¿No hemos compartido siempre tu destino? Esta noche he vuelto a ver el palacio de mi padre. Quise disfrutar de su abrazo, y olvidé, En un momento tan tierno, Los antiguos rigores y quince años de sufrimiento. La tierra tembló bajo mis pasos, El sol indignado huyó de este paraje que él odia. El aire quemaba, los rayos caían sobre el palacio. ¡Y lo devoraban en llamas! De los escombros humeantes Salía una voz lastimera y tierna Que penetró en lo profundo de mi corazón. Acudí a esa triste voz Y allí, de pronto, apareció mi padre. Sangrante y lleno de heridas, Huyendo de la cólera asesina de un ser inhumano. ¡Ese espectro terrible, era mi madre! Ella me dio una espada y desapareció al momento. Quise escapar... Me dijeron: "¡alto, es Orestes!" Vi a un infeliz y le tendí la mano. Quería ayudarlo, pero una fuerza funesta Obligaba a mi mano a atravesarle el pecho. ¡Oh, horrible sueño! ¡Oh, noche terrible! ¡Oh, dolor! ¡Oh, horror mortal! ¿Tu cólera es implacable? ¡Oye nuestras súplicas! ¡Cielo, apacigua tu ira! ¡Oh, raza de Pélope! ¡Raza de un destino fatal! ¿Hasta la última generación El cielo vengará el crimen de Tántalo? Rey de reyes, sangre de los dioses, Así Agamenón desciende en la noche infernal. Su hijo se queda en mi dolor: Solo de él espero que ponga fin a mi dolor. ¡Oh, mi querido Orestes! ¡Oh, mi hermano! ¿Nunca secarás las lágrimas de tu hermana? ¡Calma la desesperación que azota tu alma! Los dioses conservarán esta cabeza sagrada. ¡Atrévete a esperarlo todo! ¡No, ya no tengo esperanza! Desde que nací, soy el blanco de su cólera. Mis días están tejidos de oprobio y tristeza. ¡Y ahora, también se han llevado a mi hermano! Vuelve a llevarte un bien que detesto! ¡Diana, te lo suplico! Te lo suplico, ¡detenlos! ¡Reúne a Ifigenia con el infeliz Orestes! ¡Ay de mí, soy un juguete del destino! La muerte me es imprescindible. He visto levantarse en mi contra A los dioses, a la patria y a mi padre. ¡Tú, que me has alargado la vida... etc. ¿Cuándo dejarán de correr nuestras lágrimas? ¿Acaso nacen de una fuente infinita? ¡Ay, en un círculo de dolor El cielo marcó nuestro destino! (aparte) ¡Dioses! La desgracia me sigue a donde voy. Gritos de dolor retumban en estos arcos. Intérprete de los dioses, ¡Que tus lágrimas los conmuevan! El cielo hace oídos sordos a mis lamentos, ¡ay! ¡No quiere lágrimas, sino sangre! ¡Qué ofrenda tan espantosa! ¿Apaciguaremos a los dioses con asesinatos? Con un brillante milagro El cielo os lo explica: Mis días estarán contados, dice el oráculo. ¡Si la sangre de un solo extranjero, Desterrado entre nosotros, Escapa de su furia. Obsesionan mi alma sin cesar. El día hiere mis ojos y parece oscurecerse. Siento el pavor de los culpables. Creo ver bajo mis pies cómo se abre la tierra, Y cómo el infierno se prepara Para tragarme en sus abismos espantosos. No sé que voz grita en el fondo de mi corazón: "¡Tiembla, tu suplicio se prepara!" La oscuridad de este tormento duplica mi espanto, ¡Y los rayos de un dios vengador Parecen suspendidos sobre mi cabeza! Los dioses apaciguan su furia, Pues nos han proporcionado víctimas. Que sea sacrificada la sangre De los justos vengadores de crímenes. (aparte) ¡Desgraciado! ¡Grandes dioses, recibid nuestra ofrenda! Cuando menos lo espero, recibo vuestros favores. Dos jóvenes griegos, náufragos en nuestras costas, Trataron largo tiempo de defenderse. Vienen por fin para rendirse, Después de esfuerzos penosos. Uno de ellos estaba lleno de desesperación feroz. Las palabras,"crimen", "remordimiento", No cesaban de salir de su boca. Detesta la vida y llama a la muerte. Los dioses apaciguan su furia…etc. ¡Dioses, ahogad en mí el grito de la naturaleza! Si mi deber es santo ¡ay! también es cruel. (a Ifigenia y las sacerdotisas) ¡Marcharos! Los cautivos os seguirán al altar. Sobre mí pesa el augurio siniestro De la furia de los dioses, Mi presencia perjudicaría vuestros ritos. (al pueblo) ¡Y vosotros, dirigid vuestros cantos belicosos A los dioses que nos protegen! ¡Que vuestro justo entusiasmo Ascienda a los cielos! La sangre expiará nuestros crímenes. ¡Los cautivos están encadenados, el altar listo! Los mismos dioses nos enviaron las víctimas. ¡Que nuestro agradecimiento iguale su bondad! Que bajo el cuchillo sagrado corra su sangre! ¡Que su presencia impura no infecte este lugar! ¡Ofrezcamos su sangre en sacrificio, Será un incienso digno de los dioses! ¡Desgraciados! ¿Con qué fin, que os llevó A la perdición, habéis venido a mi reino? Nuestro proyecto es un misterio. Es el secreto de los dioses, no lo sabrás. De tu arrogancia altiva, la muerte será el precio. ¡Guardias, lleváoslos! (a Pílades) ¡Oh, querido amigo, yo soy la causa de tu muerte. Necesitábamos sangre… etc.
encuentran encadenados) ¡Qué silencio tan terrible! ¡Qué dolor funesto! ¿Sólo me respondes con sollozos? ¿Qué puede la muerte sobre el alma de los héroes? ¿Acaso no soy Pílades? ¿Y tú Orestes? ¡Dioses! ¿Qué horrores me habíais reservado? Deplorable víctima de un destino ciego, Errante para siempre y por siempre rechazado. Mi suerte está echada: ¡he nacido para el crimen! ¿Qué dices? ¿Qué son esos remordimientos? ¿De qué nuevo crimen hablas? Soy responsable de tu muerte. ¿No fue suficiente que mi mano asesina clavara el puñal en el corazón de una madre? Los dioses me reservaban para una nueva tarea: Sólo me quedaba un amigo, ¡y seré su verdugo! ¡Dioses, autores de mis crímenes! Abrid bajo mis pies el abismo del infierno. ¡Su suplicio será para mi demasiado dulce! Traicioné la amistad, traicioné la naturaleza. He cruzado la frontera de los actos más horrendos. ¡Dioses, golpead al culpable y justificaros! ¡Qué lenguaje abrumador para un amigo! Vuelve en ti. Muramos con dignidad. Deja ya, en tu furor extremo, de ultrajar A los dioses, a mí, Pílades, y a ti mismo. Si la muerte nos es inevitable... ¿Qué terror vano te hace palidecer por mí? ¡No soy tan desgraciado Porque muero junto a ti! Siempre tuvimos un solo deseo. ¡Oh, mi corazón aplaude por anticipado El golpe que ha de unirnos! El destino decidió que debemos morir juntos. No lo acuses de dureza. La misma muerte es un favor, Puesto que la tumba nos unirá. del templo) ¡Desgraciados extranjeros, debéis separaros! ¡Por los dioses! ¿Qué ordenas, bárbaro? (a Pílades) ¡No, no me dejes, amigo único y fiel! (a los guardias) Ser cruel ¿debemos implorarte? Apresuraos a darnos la muerte que nos espera, Pero permitidnos recibirla juntos. ¡Vuestras espadas y hogueras son Cien veces menos horribles Que el momento en que nos separéis! ¡Obedezco a nuestras leyes y a nuestros dioses! ¡Alto! ¡Ay de mí! ¡Monstruos salvajes! ¡Pílades muere por mi culpa! ¡Dioses protectores de estas horribles costas! ¡Dioses ávidos de sangre, tronad! ¡Aplastadme! ¿Qué tranquilidad le sigue? Mi sufrimiento ha calmado la ira celeste. Me aproximo al término de la desgracia. ¿Dejáis vivir al parricida Orestes? ¡Dioses justos! ¡Cielo vengador! Sí, la calma vuelve a mi corazón. rodean a Orestes. Unas ejecutan a su alrededor un baile de espanto, otras le hablan. Orestes permanece adormecido durante toda la escena) ¡Venguemos a la naturaleza y a los dioses! ¡Inventemos tormentos! ¡Él mató a su madre! ¡Ah! ¡Venguemos a la naturaleza y a los dioses! ¡Ay, qué tormentos! Aún son muy suaves. ¡Venguemos a la naturaleza y a los dioses! ¡Él mató a su madre! de las Euménides y desaparece enseguida) ¡Un espectro! ¡Ah! ¡No hay piedad para ti! ¡Mataste a tu madre! ¡Tened piedad! ¿Piedad? ¡Monstruo! ¡Él mató a su madre! ¡Venguemos a la naturaleza y a los dioses! ¡Tened piedad! ¡Oh, qué tormento! Igualemos si es posible su rabia asesina. Aquel crimen horrible no puede ser perdonado. ¡No hay perdón para un crimen tan horrendo! ¡Tened piedad, dioses crueles! sacerdotisas y las Euménides desaparecen sin ser percibidas por aquellas) (a Orestes) Veo el horror que mi presencia te inspira. Pero si pudieses ver el fondo de mi corazón, extranjero desgraciado, lamentarías mi suerte Como os lamentáis de la vuestra. (aparte) ¡Esos rasgos, qué asombroso parecido! (a Orestes) ¿En qué costas habéis nacido? ¿Qué venís a buscar a este terrible lugar? ¿Qué vano deseo os lleva a querer conocerme? ¡Habla! (aparte) ¿Qué responderle? ¡Oh, cielo! ¿Por qué suspira tu corazón? ¿Quién eres? ¡Un desgraciado! Más no puedo deciros. Te ruego que me respondas: ¿de dónde vienes? ¿Cuál es tu linaje? ¿Queréis saberlo? Nací en Micenas. ¡Dioses! ¿Qué oigo? ¡Sigue hablando! Háblame del destino de Agamenón... ¡Y de Grecia! ¿Agamenón? ¿De dónde nace el dolor que te acosa? ¿Agamenón? ¡Veo correr tus lágrimas! Cayó bajo un puñal parricida. (aparte) ¡Muero! (aparte) ¿Quién es esta mujer? ¿Y qué monstruo execrable Osó levantar la mano contra un rey tan grande? ¡Por todos los dioses, no me preguntéis más! ¡Por todos los dioses, habla! El monstruo abominable fue... ¡Continúa, me haces estremecer! ...¡su esposa! ¡Por todos los dioses! ¿Clitemnestra? Ella misma. ¡Cielos! Y la justicia suprema de los dioses vengadores... ¿Ha contemplado ese crimen atroz? ¡Fue vengado! Su hijo... ¡Cielos! ...¡vengó a su padre! Crimen tras crimen, ¡qué suma tan espantosa! ¡Qué conjunto de horribles crímenes! ¿Dónde está el hijo que sirvió a la cólera divina? ¿El fatal instrumento de la venganza celestial?
Encontró la muerte que tanto buscaba. Sólo queda Electra en Micenas. (aparte) Todo acabó. Todos los tuyos han muerto. Tristes presentimientos, ¡no me engañabais! ¡Oh, cielo! Causa y testigo de mi tormento, Alégrate del sufrimiento que me has causado. ¡No podría ser más profundo! Patria infortunada, Que aún nos mantienes unidos Con tus dulces lazos. ¡Has desaparecido para nosotros! ¡Oh, desgraciada Ifigenia! ¡Tu familia está aniquilada! Ya no tenéis reyes, ya no tengo padres. ¡Mezclad vuestros sollozos con mis lamentos! ¡Mezclemos nuestros sollozos con sus lamentos! Ya no tenéis reyes, ya no tengo padres. Sólo teníamos esperanzas en Orestes, ¡ay! Hemos perdido todo, ya no nos queda esperanza. ¡Honrad conmigo a ese héroe que ya no vive! Al menos, a los manes de mi hermano Rindamos los últimos deberes. ¡Traedme la urna funeraria! Ofrezcamos a esa sombra tan querida Los fríos honores que le son debidos. ceremonia fúnebre) Contemplad esta triste ofrenda, Manes sagrados, sombras lastimeras. ¡Que nuestras lágrimas, que nuestros pesares, Alcancen la infernal orilla! ¡Oh, hermano mío, oye Los acentos de mi dolor! ¡Que los pesares de tu hermana Hasta ti puedan descender! Contemplad esta triste ofrenda... etc ¡Cedo a su deseos! De la suerte que los acucia, Informaré Electra, mi hermana. Arrancaré de las garras de la muerte una víctima, Y así servir a mi corazón y a la naturaleza. ¡Ay de mí, no lo puedo resistir! Por ese infortunado, Condenado por nuestras bárbaras leyes, Siento la piedad más tierna. Un lazo secreto une nuestros corazones. Orestes sería de su edad. Este cautivo desgraciado me recuerda su imagen, Y su noble orgullo, evoca sus rasgos. De su querida presencia. Mi alma se anima alimentando la esperanza, Que me ha sido arrebatada. ¡Fantasías inútiles y queridas! Persigo una vana quimera. ¡Ay, sólo tras las oscuras fronteras Podré encontrar a mi hermano! He aquí los cautivos desgraciados. ¡Iros! ¡Dejadme sola con ellos! (corriendo hacia Pílades) ¡Oh, júbilo inesperado! ¡Podré abrazarte por última vez! Mi suerte es menos horrible pues te veo de nuevo. ¡Viendo esta imagen mi alma se conmueve! Habéis visto mis lágrimas, no pude resistirlo. ¡Ay! ¿Quién no las derramaría Tras escuchar tal historia? Aunque sobre estas costas sangrantes El cielo fijó nuestros pasos, Nacimos en un lugar de clima más dulce Y Grecia es nuestra patria. ¿Qué? ¿Perderemos la vida a manos de una griega? ¡Oh, daría mi vida por salvar la vuestra! Pero Toante quiere sangre. Su crueldad aumentará los males Que os tienen preparados, Si os libero de vuestras ataduras. Aunque podría saciar la barbarie del tirano... Matando sólo a uno y salvando al otro. ¡Amigo mío, vivirás, salvarán tu vida! A aquél de vosotros que me deba la vida, ¿Podría pedirle un favor? ¡Decidlo, respondo de su agradecimiento! Nací en Argos, como vosotros. Me quedan allí todavía unos amigos. Jurad que llevaréis fielmente una carta... ¡Juro por los dioses que cumpliré vuestro deseo! Entonces habré de elegir una víctima. ¡Ay, qué dilema!... ¡Cómo desearía salvaros a ambos! ¡Pero es necesario que uno de los dos muera! Debo hacer la elección fatal... ¿Yo debo irme? ¿Y él morir? ¡Oh, cielos! Obedece mi decisión y prepárate a partir. Voy a disponerlo todo. ¡Oh, momento de júbilo! ¡Mi muerte salvará la vida de mi amigo! ¿Y debo consentir que te quiten la tuya? ¿Me amas? ¡Habla! ¡Por los dioses! ¿Osas preguntarlo? ¿Me amas? ¡Qué pregunta! ¿Eres presa del delirio? ¡Renuncia a la elección de la sacerdotisa! ¡No, me es demasiado grata para renunciar a ella! ¿Y todavía pretendes quererme? Al sacrificar tu vida, desprecias a los dioses... Ellos velan la tuya y protegen tu destino. Cumpliré sus deseos supremos. ¿Quieres unirte al conjuro de esos dioses Para añadir dolor a los tormentos que sufro? ¿Qué me pides? ¡Que dejes que yo muera! No lo esperes. ¡Orestes te lo ruega! ¡Cruel! ¡Dioses, conmoved su corazón! ¡Devolvedme a mi amigo! ¡Que mi sangre os satisfaga! ¡Que sólo mi sangre baste para vuestro rigor! ¡Qué! ¿No venceré tu constancia funesta? ¡Qué! ¿Tu alma se resiste a mis súplicas? ¿No sabes que para Orestes La vida es un suplicio horrible? ¿No sabes que estas manos matricidas Aún huelen a la sangre que derramé? ¿No sabes que el infierno enfurecido Reúne a mi alrededor a sus negras Euménides Que me obsesionan en cualquier lugar? ¡Están aquí, sus manos son como serpientes! ¿Adónde huir? ¡Eh! ¿Qué? ¿Pílades me evita y me aborrece? ¡Me entrega a sus golpes! ¡Oh, grandes dioses! ¡Eh! ¿Qué? ¿Acaso ignoras los ruegos de Pílades? ¿Serás tú, Pílades, quien debe morir? ¡Oh, dioses! ¿Él no puede apaciguar vuestra ira? Sólo la muerte me liberará de mis tormentos. Me había merecido y ahora Pílades me la quita. ¡Oh, amigo mío, imploro tu piedad! ¡Ay de mí! ¿Orestes puede confundir mis actos? ¡Que le conmuevan las lágrimas de la amistad! Tu corazón no está cerrado frente al mío. Este amigo que te era tan querido, Pílades, está a tus pies, te suplica e implora. ¡Déjame salvarte de tus delirios! ¡Acepta la elección de la sacerdotisa! ¡Pílades! ¡Oh, amigo mío, imploro tu piedad! ¡Ay de mí! ¿Orestes puede confundir mis actos? ¡Grandes dioses! ¡Que le conmuevan las lágrimas de la amistad! Tu corazón no está cerrado frente al mío. ¡A pesar tuyo, sabré arrancarte de la muerte! (a Pílades) ¡Cómo os compadezco! ¡No, sacerdotisa, alto! ¡Vuestra piedad me tortura! ¿Qué quieres decir? ¡Yo soy el que debe morir! Mi amigo os servirá. ¡Que él sea el ejecutor de vuestras órdenes! ¡No escuchéis sus desvaríos! (a Orestes) ¡Vive y sírveme! No puedo, sin cometer un crimen. ¿Cruel, qué furor te anima? ¡Mi elección fue dictada por los dioses! (a Pílades) ¡Ya basta! Aquí y ahora declaro... ¡Detente! (a Ifigenia) ... que debéis saber... ¡Detente! ¡Justos dioses! (a Pílades) ¿Qué terrible horror se apoderó de su alma? (a Ifigenia) ¡Pronunciad mi muerte! ¡No, no lo esperes! Un poder desconocido, poderoso e irresistible, Sobre el altar de los dioses detendría mi brazo. ¿Sois insensible a mis súplicas? Pero es en vano, y pongo a los dioses por testigos: Si mi amigo no escapa de la suerte que le espera, Me inmolaré yo mismo ante vuestros ojos. ¡Y derramaré toda la sangre que el cielo ansía! ¡Oh, dioses! ¡Bien, cruel, cumpliré tus deseos! (a Pílades) ¡Vive, amigo mío, Y sirve a la sacerdotisa! Si vuelves a ver a mi querida hermana, Llévale mis últimos suspiros. ¡Adiós! Puesto que el mismo cielo se interesa por tu vida, dame el socorro que me habías prometido. Lleva esta carta a Grecia Y entrégasela a Electra, en persona. ¿Qué oigo? ¿Qué lazos os unen? Respeté vuestro secreto, no me pidas nada más. Seréis obedecida, Cumpliré vuestros deseos si el cielo lo permite. ¡Divinidad de las grandes almas! ¡Amistad, ven a armar mi brazo! Llena mi corazón de tus celestiales llamas. ¡Salvaré a Orestes, o encontraré la muerte!
diosa se eleva sobre un estrado; al lado, el altar de los sacrificios. Ifigenia se encuentra sola) ¡No, este deber horrible no puedo cumplirlo! A favor de del griego, sin duda un dios habla. Un sacrificio horrible que hace temblar mi alma, No, no lo puedo cumplir. Siembra la crueldad en mi corazón, Y ahoga la humanidad de mi voz lastimera. ¡Ay de mí! ¡ah! ¿Cuál es el rigor de mi suerte? Soy víctima inocente de un ministerio sangriento. ¡Obedezco, pero me remuerde el corazón! ¡Oh Diana, sénos propicia! La víctima está preparada y vamos a inmolarla. Que la sangre que va a fluir y nuestras lágrimas, ¡Puedan apaciguar tu justicia! Las fuerzas me abandonan, ¡oh, momento terrible! He aquí el final feliz de mis largos sufrimientos. ¡Grandes dioses, que éste sea también El fin de vuestra venganza! ¡Oh, cielo! (a Ifigenia) Secad las lágrimas que fluyen de vuestros ojos, No compadezcáis mi suerte, Pues la muerte es lo que ansío. ¡Golpead! ¡Oh, oculta esa virtud horrible! Los dioses protegen tu vida, Pero vas a morir porque así lo deseas. Los dioses lo consideran un deber necesario. Queriendo prolongar mi vida, Cometíais un crimen involuntario. ¿Un crimen? ¿Oh, matarte es un crimen? Estos lamentos conmovedores exaltan mi corazón. ¡Cómo suavizan mis tormentos! Desde aquel instante fatal ¡ay! Desde hace mucho tiempo, nadie había llorado por mi cruel destino. ¡Ay de mí! (Conducen a Orestes al santuario donde lo adornan con cintas y guirnaldas). ¡Casta hija de Latona, oye nuestros cantos! Que nuestras oraciones y nuestro incienso Se eleven hasta tu trono. Todo, en cielo y tierra, está sometido a tu ley. Todo lo que rodea a Erebo, Ante tu nombre palidece de pavor. Siempre te consultamos, En la paz, en los combates; Y te ofrecemos el único culto Verdadero de estos parajes. ¡Casta hija de Latona, etc. lo llevan tras del altar; queman perfumes y lo purifican con libaciones en la cabeza) ¡Qué momento! ¡Dioses poderosos, socorredme! (guiando a Ifigenia hacia el altar) Acercaos, soberana sacerdotisa, Cumplid con vuestro augusto deber. (caminando a duras penas hacia el altar) ¡Crueles, ya basta, respetad mi debilidad! (una sacerdotisa le presenta el cuchillo sagrado) ¡Dioses, la sangre se hiela en mi corazón! Tiemblo y mi brazo tan frágil... ¡Golpead! Así pereciste en Áulide, Ifigenia, ¡oh, hermana! ¿Mi hermano?... ¡Orestes!... ¡Orestes, nuestro rey! ¿Dónde estoy? ¿Dónde? ¡Sí, es él, mi hermano! ¡Mi hermana Ifigenia! ¿Es a ella a quien veo? ¡Sí, es a ella, a quien Diana salvó de los furores de un padre y de la ira de los griegos! ¡Sí, es Ifigenia! ¡Oh, mi hermano! ¡Oh, mi hermana! ¡Sí, eres tú! ¡Sí, mi corazón me lo atestigua! ¡Oh, mi hermano! ¡Oh, mi querido Orestes! ¿Qué, aún puedes quererme? ¿No estás horrorizada? ¡Oh, dejemos atrás un recuerdo tan funesto! ¡Déjame sentir este exceso de felicidad! Sin haberte reconocido, ya estabas en mi corazón. Al cielo y a la tierra rogué por mi hermano... ¡Helo aquí, lo tengo! ¡Está entre mis brazos! Pero ¿qué veo? ¡Temblad, se ha revelado el misterio! El tirano dirige aquí sus pasos. Sabe que uno de los cautivos destinados al suplicio fue salvado por ti y ha huido. El tirano furioso viene hacia aquí A acelerar el sacrificio del que queda. ¡Grandes dioses, socorrednos! No se hará ese sacrificio abominable e impío... ¡Salvad a vuestro rey de la locura de Toante! ¡Él tiene sangre de los dioses Y ellos que defenderán su vida! (a Ifigenia) La trama de tu crimen ha sido descubierta. Traicionabas a los dioses y planeabas mi caída. Ya es hora de castigar tu negra perfidia, Ya es hora de satisfacer los deseos del cielo. ¡Inmola a este cautivo para que su sangre expíe Tu audacia y tu crimen! ¿Que osas proponer, cruel? ¡Salvadnos, dioses justos, Alejad los horrores que se avecinan! (a Ifigenia) Obedece a los dioses. ¡El cielo ha hablado, ya basta! ¡Atrapadlo! ¡Oh, cielo! ¿Qué osas hacer? ¡Arrastradlo al altar! ¡Cruel, es mi hermano! ¿Tu hermano? ¡Sí, lo soy! Es mi hermano y mi rey, El hijo de Agamenón. ¡Matadlo, sea quien sea! (a los guardias) ¡Atrás! (a los guardias) ¡Cobardes! ¿Retrocedéis por miedo?... Yo mismo inmolaré, frente a la diosa, Al prisionero y a la sacerdotisa. ¿Inmolar? ¿A quién? ¿A mi hermana? ¡Sí, debo castigarla y a su estirpe! (hiriendo a Toante) ¡Tú serás el que morirá! ¡Venguemos la sangre de nuestro rey! ¡Golpeemos! ¡Grandes dioses salvad a mi/su hermano! (a los griegos) ¡Valor, amigos, seguidme! ¡Pílades! ¡Oh, mi dios tutelar! ¡Oh, mi único amigo! ¡Grandes dioses, socorrednos! ¡Grandes dioses salvad a mi/su hermano! De este pueblo odioso, Exterminemos hasta el menor rastro. ¡Sirvamos a la venganza celestial, Y purifiquemos este lugar En nombre de Pílades y de Orestes! ¡Huyamos de este lugar funesto! ¡Salvémonos, evitemos sus golpes! ¡Los dioses combaten por Orestes! los combatientes) ¡Alto! ¡Oíd mis decretos eternos! Escitas, devolved mis estatuas a los griegos. Demasiado tiempo, en estos climas salvajes, Habéis deshonrado mi culto y mis altares. Tus remordimientos borran tus crímenes. Micenas espera a su rey. Ve y reina en paz... Devuelve a Ifigenia a una Grecia agradecida. ¡Tu hermana! ¿Que oí? Comparte mi felicidad. Y que era la predilecta a mi corazón, Reconoce a mi hermana, Ifigenia. Los dioses, mucho tiempo furiosos, Cumplieron sus oráculos. No temamos más obstáculos, Un día más puro luce para nosotros. Una paz dulce y profunda Reina sobre el pináculo de la ola. El mar, la tierra y el cielo, Todo favorece nuestra felicidad.
Begoña Domínguez 2010 |