LAS INDIAS GALANTES
Personajes
HEBE BELLONE AMOR OSMÁN EMILIA VALERE HUÁSCAR PHANI DON CARLOS TACMAS ALÍ ZAÍRA FÁTIMA ADARÍO DAMÓN DON ÁLVARO ZIMA |
PRÓLOGO Diosa Lunar Diosa de la Guerra Dios del Amor PRIMERA ENTRADA Rico Turco Priosionera de Osmán Enamorado de Emilia SEGUNDA ENTRADA Sacerdote Inca Princesa Inca Militar Español TERCERA ENTRADA Mercader Persa Muchacho Persa Muchacha Persa Muchacha Persa CUARTA ENTRADA Cacique Indio Militar Francés Militar Español Muchacha India |
Soprano Barítono Soprano Bajo Soprano Tenor Bajo Soprano Tenor Tenor Barítono Soprano Soprano Barítono Tenor Bajo Soprano |
La acción se desarrolla en diferentes países Perú, Persia, Turquía... en época indeterminada.
PROLOGUE (Le théâtre représente le palais d'Hébé dans le fond, et ses jardins dans les ailes) Ouverture Première Scène HÉBÉ Vous, qui d'Hébé suivez les lois, Venez, rassemblez-vous, accourez à ma voix! Vous chantez dès que l'aurore Éclaire ce beau séjour: Vous commencez avec le jour Les jeux brillants de Terpsichore; Les doux instants que vous donne l'Amour Vous sont plus chers encore. Scène Deuxième Entrée Des 4 Nations. (Troupe de jeunesse française, espagnole, italienne et polonaise, qui accourt et forme des danses gracieuses) HÉBÉ Amants sûrs de plaire, Suivez votre ardeur! Chantez votre bonheur, Mais sans offenser le mystère! Il est pour un tendre coeur Des biens dont le secret augmente la douceur. Songez qu'il faut les taire! (Air grave pour deux polonais) Premier Menuet Second Menuet HÉBÉ Musettes, résonnez dans ce riant bocage, Accordez-vous sous l'ombrage Au murmure des ruisseaux, Accompagnez le doux ramage Des tendres oiseaux. CHOEUR Musettes, résonnez dans ce riant bocage, Accordez-vous sous l'ombrage Au murmure des ruisseaux, Accompagnez le doux ramage Des tendres oiseaux. (Musette en rondeau) (Bruit de tambours qui interrompt le ballet) HÉBÉ Qu'entends-je! Les tambours font taire nos musettes? C'est Bellone! Ses cris excitent les héros: Qu'elle va dérober de sujets à Paphos! Scène Troisième (Bellone arrive au bruit des tambours et des trompettes qui la précèdent avec des guerriers portant des drapeaux. Elle invite la suite d'Hébé à n'aimer que la gloire) BELLONE (à la suite d'Hébé) La Gloire vous appelle: écoutez ses trompettes! Hâtez-vous, armez-vous, et devenez guerriers! Quittez ces paisibles retraites! Combattez, il est temps de cueillir des lauriers. CHOEUR (Les guerriers appellent les amants des nations alliées. Ces amants généreux se rangent près de Bellone, et suivent les étendards) La Gloire vous appelle: écoutez ses trompettes! Hâtez-vous, armez-vous, et devenez guerriers! (Air pour deux guerriers portant les drapeaux) (Air pour les amants et amantes qui suivent Bellone) CHOEUR Vous nous abandonnez. Quelle peine mortelle! Que vont devenir nos beaux jours! Quelle peine mortelle! Écoutez les Amours. La Gloire nous appelle, Nous n'écoutons qu'elle. Scène Quatrième HÉBÉ Bellone les entraîne... O toi, vainqueur des Cieux, Viens prouver ton pouvoir suprême! On ose te quitter pour suivre d'autres Dieux! Fils de Vénus, ah! Qui peut mieux te venger que toi-même? Scène Cinquième (L'Amour descend des cieux sur des nuages; il porte des traits nouveaux; il est accompagné d'une troupe d'Amours armés comme lui, dont les uns tiennent des brandons et les autres arborent des étendards galants) (Annonce de l'Amour) HÉBÉ L'Amour paraît armé, qu'il soit victorieux! L'AMOUR Pourquoi Mars à l'Amour déclara-t-il la guerre? Mars perd-t-il son encens, lorsqu'on vient m'en offrir? Jamais les myrthes sur la terre N'ont empêché les lauriers de fleurir. HÉBÉ (à l'Amour) Pour remplacer les coeurs que vous ravit Bellone, Fils de Vénus, lancez vos traits les plus certains; Conduisez les plaisirs dans les climats lointains, Quand l'Europe les abandonne! L'AMOUR (à sa suite) Ranimez vos flambeaux, remplissez vos carquois, Moissonnez, méritez les palmes les plus belles! Amours, remportez, à la fois, Cent victoires nouvelles! L'horreur suit le terrible Mars; Les Jeux s'amusent sur vos traces, Partez, partez, vos nouveaux étendards Sont l'ouvrage des Grâces. (Air pour les Amours) L'AMOUR, HÉBÉ Traversez les plus vastes mers, Volez, volez, Amours, volez, volez! Portez vos armes et vos fers Sur le plus éloigné rivage! Est-il un coeur dans l'univers Qui ne vous doive son hommage? CHOEUR (Les Amours s'envolent pendant le choeur et se dispersent loin de l'Europe dans les différents climats de l'Inde) Traversez les plus vastes mers, Volez, volez, Amours, volez, Amours. Portez vos armes et vos fers Sur le plus éloigné rivage! PREMIÈRE ENTRÉE Le Turc généreux (Le théâtre représente les jardins d'Osman Pacha terminés par la mer) Scène Première ÉMILIE (entrant seule) C'est Osman qui me suit, ne lui cachons plus rien! Pour arrêter son feu, découvrons-lui le mien! OSMAN (entrant, à Émilie) Chercherez-vous toujours et l'ombre et le silence! ÉMILIE Je voudrais de mes maux cacher la violence. OSMAN Ciel! Qu'entends-je! ÉMILIE Apprenez mon destin rigoureux! Dans le séjour témoin de ma naissance J'épousais un amant digne de ma constance; Sur un bord solitaire on commençait les jeux, Lorsque des ravisseurs perfides S'avancent le fer à la main. La terreur un instant ferme mes yeux timides, Ils ne s'ouvrent qu'aux cris d'un corsaire inhumain. Bientôt les vents et le ciel même, Complices de son crime, éloignent ses vaisseaux, Et je me vois captive sur les eaux, Près de ce que j'abhorre, et loin de ce que j'aime. OSMAN Qu'en peignant vos malheurs vous redoublez mes maux! Dissipez vos ennuis sur cet heureux rivage. ÉMILIE J'y subis, sous vos lois, un second esclavage. OSMAN Me reprocherez-vous de gêner vos désirs? L'unique loi qu'ici vous prescrit ma tendresse, C'est de permettre aux plaisirs De vous y suivre sans cesse. Répondez à mes voeux, couronnez mes soupirs! ÉMILIE Contre mes ravisseurs, ardent à me défendre, Mon amant a risqué ses jours. Lorsque, pour prix de son secours, Peut-être un coup fatal l'a forcé de descendre Dans l'affreuse nuit de tombeau, Mon coeur ingrat d'un feu nouveau Se laisserait surprendre? OSMAN Ah! Que me faites-vous entendre? C'est trop m'accabler par vos pleurs, Cessez d'entretenir d'inutiles douleurs! Il faut que l'amour s'envole, Dès qu'il voit partir l'espoir. A l'ennui la constance immole Le coeur qui s'en fait un devoir. Je vous quitte, belle Émilie. Songez que le noeud qui vous lie Vous cause chaque jour des tourments superflus! Vous aimez un objet que vous ne verrez plus. Scène Deuxième ÉMILIE (Osman sort) Que je ne verrai plus, barbare!... Que me présage ce discours? Ah! Si de mon amant le trépas me sépare, Si mes yeux l'ont perdu, mon coeur le voit toujours. (Le Ciel se couvre de nouages sombres, les vents sifflent, les flots s'élèvent) La nuit couvre les cieux! Quel funeste ravage! Vaste empire des mers où triomphe l'horreur, Vous êtes la terrible image Du trouble de mon coeur. Des vents impétueux vous éprouvez la rage, D'un juste désespoir j'éprouve la fureur. CHOEUR DES MATELOTS (qu'on ne voit pas) (La tempête continue avec la même violence) Ciel! De plus d'une mort nous redoutons les coups! Serons-nous embrasés par les feux du tonnerre? Sous les ondes périrons-nous, À l'aspect de la terre? ÉMILIE Que ces cris agitent mes sens! Moi-même, je me crois victime de l'orage. (La tempête diminue et la clarté revient) Mais le ciel prend pitié du trouble que je sens, Le ciel, le juste ciel calme l'onde et les vents. Je souffrais dans le port les horreurs du naufrage. CHOEUR (qu'on ne voit pas) Que nous sert d'échapper à la fureur des mers? En évitant la mort nous tombons dans les fers. ÉMILIE D'infortunés captifs vont partager nos peines Dans ce redoutable séjour. S'ils sont amants, ah! que l'amour Va redoubler le poids de l'horreur de leurs chaînes! Scène Troisième ÉMILIE Un de ces malheureux approche en soupirant! Hélas! Son infortune est semblable à la mienne! Quel transport confus me surprend? Parlons-lui! Ma patrie est peut-être la sienne. (abordant Valère) Étranger, je vous plains... (le reconnaissant) Ah! Valère, c'est vous! VALÈRE (en esclave) C'est vous, belle Émilie! ÉMILIE, VALÈRE Je vous revois! Que de malheurs j'oublie! De mon cruel destin je ne sens plus les coups. ÉMILIE Par quel sort aujourd'hui jeté sur cette rive... VALÈRE Depuis l'instant fatal qui nous a séparés, Dans cet climats divers mes soupirs égarés Vous cherchent nuit et jour... je vous trouve captive. ÉMILIE Et ce n'est pas encore mon plus cruel malheur. VALÈRE O ciel! Achevez. ÉMILIE Non, suspendez ma douleur! De votre sort daignez enfin m'instruire! VALÈRE Un maître que je n'ai point vu Dans ce palais m'a fait conduire... ÉMILIE Votre maître est le mien. VALÈRE O bonheur imprévu! ÉMILIE Valère, quelle erreur peut ainsi vous séduire! Mon tyran m'aime... VALÈRE O désespoir! Non, vous ne sortirez jamais de ses fers! Quoi! Valère ne vous retrouve Que pour vous perdre sans retour? Notre Tyran vous aime! ÉMILIE Et ma douleur le prouve, Je ne demandais pas ce triomphe à l'amour. VALÈRE Ah! Sait-on vous aimer dans ce fatal séjour! Sur ces bords une âme enflammée Partage ses voeux les plus doux, Et vous méritez d'être aimée Par un coeur qui n'aime que vous. Scène Quatrième OSMAN (entrant, à Valère) Esclave, je viens de t'entendre, Ton crime m'est connu. VALÈRE Je ne m'en repens pas. ÉMILIE (troublée, à Osman) Seigneur, est-il coupable? Hélas!... OSMAN (à Émilie) Vous l'accusez en voulant le défendre. Vous prétendez en vain cacher votre embarras, Et retenir les pleurs que je vous vois répandre. Vous cédez au penchant de votre coeur trop tendre: Ah! du mien je suivrai les lois, Je saurai me venger ainsi que je dois. ÉMILIE (à Osman) Le barbare! VALÈRE (à Osman) J'attends l'arrêt de ta colère. ÉMILIE (tremblante) Juste ciel! Quel moment! OSMAN (présentant Émilie à Valère) Reçois de moi, Valère, Émilie et la liberté. VALÈRE (gaiement, à Osman) Que dites-vous?... (tristement) Mais non, peut-il être sincère? Il veut tromper nos coeurs... c'est trop de cruauté! OSMAN O ciel! Quelle injustice! Quoi! Vous vous défiez de ma sincérité, Dans l'instant où mon coeur vous fait le sacrifice Qui jamais ait le plus coûté? Mais je le dois à la reconnaissance. (montrant Valère) Osman fut son esclave, et s'efforce aujourd'hui D'imiter sa magnificence, Dans ce noble sentier, que je suis loin de lui! Il m'a tiré des fers sans me connaître... VALÈRE (l'embrassant) Mon cher Osman, c'est vous! (à Émilie) Osman était mon maître. OSMAN Je vous ai reconnu sans m'offrir à vos yeux; J'ai fait agir pour vous mon zèle et ma puissance: Vos vaisseaux sont rentrés sous votre obéissance. (Les vaisseaux de Valère avancent et paraissent chargés des présents du pacha, portés par des esclaves africains) VALÈRE (surpris) Que vois-je? Ils sont chargés de vos dons précieux! Que de bienfaits! OSMAN Ne comptez que Émilie! VALÈRE O triomphe incroyable! O sublime vertu! ÉMILIE (à Osman) Ne craignez pas que je l'oublie! OSMAN Estimez moins un coeur qui s'est trop combattu! (On entends les tambourins des Matelots) (avec douleur) J'entends vos matelots... Allez sur vos rivages, Mes ordres sont donnés... Allez, vivez contents... Souvenez-vous d'Osman... VALÈRE (l'arrêtant) Recevez nos hommages! ÉMILIE (à Osman) Écoutez... OSMAN (hésitant) Quoi!... Mais, non! (s'en allant) C'est souffrir trop longtemps, C'est trop à vos regards offrir mon trouble extrême... Je vous dois mon absence, et la dois à moi-même. (Osman sort) Scène Cinquième VALÈRE Fut-il jamais un coeur plus généreux? Digne de notre éloge, il ne veut pas l'entendre... Au plus parfait bonheur il a droit de prétendre, Si la vertu peut rendre heureux. Scène Sixième ÉMILIE, VALÈRE Volez, Zéphyrs, tendres amants de Flore! Si vous nous conduisez, tous nos voeux sont remplis, Rivages fortunés de l'empire des Lys, Ah! nous vous reverrons encore. CHOEUR Volez, Zéphyrs, tendres amants de Flore! Si vous nous conduisez, tous nos voeux sont remplis. (Air pour les esclaves africains) VALÈRE Hâtez-vous de vous embarquer, Jeunes coeurs, volez à Cythère! Sur cette flotte téméraire On ne peut jamais trop risquer. ÉMILIE Régnez, Amour, ne craignez point les flots! Vous trouverez sur l'onde un aussi doux repos Que sous les myrthes de Cythère. Ne craignez point les flots! Ils ont donné le jour à votre aimable mère. Premier Rigaudon Second Rigaudon ÉMILIE Fuyez, vents orageux! Calmez les flots amoureux, Ris et jeux! Charmant Plaisir, fais notre sort Dans la route comme au port! Si, quittant le rivage, La raison fait naufrage, Thétis, dans ce beau jour, N'en sert que mieux l'Amour. Premier Tambourin Second Tambourin ÉMILIE Partez! On languit sur le rivage, Tendres coeurs, embarquez-vous! CHOEUR Partez! On languit sur le rivage, Tendres coeurs, embarquez-vous! ÉMILIE Voguez! Bravez les vents et l'orage! Que l'espoir vous guide tous! CHOEUR Partez! On languit sur le rivage, Tendres coeurs, embarquez-vous! |
PRÓLOGO (El teatro representa el palacio de Hebe al fondo, y sus jardines a ambos lados. Obertura Escena Primera HEBE ¡Vosotros, que seguís las leyes de Hebe, venid, agrupaos, acudid a mi voz! Cantáis desde que la aurora alumbra esta bella jornada. Al comenzar con el día los brillantes juegos de Terpsichore, los dulces momentos que os da el amor os son aún más placenteros. Escena Segunda Entrada De Las 4 Naciones. (Jóvenes franceses, españoles, italianos y polacos que acuden y ejecutan graciosas danzas) HEBE ¡Amantes satisfechos, dad rienda suelta a vuestra pasión! ¡Cantad vuestra alegría sin desvelar el misterio! Los secretos aumentan la dulzura de un tierno corazón. ¡Intentad no descubriros! (Melodía lenta para dos polacos) Primer Minueto Segundo Minueto HEBE ¡Musas, cantad en este alegre bosque, reuníos bajo la sombra al murmullo de los arroyos, acompañad el dulce canto de los tiernos pájaros! CORO ¡Musas, cantad en este alegre bosque, reuníos bajo la sombra al murmullo de los arroyos, acompañad el dulce canto de los tiernos pájaros! (Una musa baila un rondó) (Ruido de tambores que interrumpen el ballet) HEBE ¡Qué oigo! Los tambores hacen callar a nuestras musas. ¡Es Bellone! Sus gritos excitan a los héroes. ¡Va camino de la batalla, a Pafos! Escena Tercera (Bellone aparece entre el ruido de los tambores y trompetas que la preceden y con guerreros que llevan banderas. Ella invita al séquito de Hebe a no desear más que la gloria) BELLONE (Al séquito de Hebe) ¡La Gloria os llama, escuchad sus trompetas! ¡Daos prisa, armaos y convertíos en guerreros! ¡Dejad este apacible retiro! ¡Combatid, ya es tiempo de recoger los laureles! CORO (Los guerreros llaman a los amantes de las naciones aliadas. Estos amantes se alinean junto a Bellone y siguen a los estandartes) ¡La Gloria os llama, escuchad sus trompetas! ¡Daos prisa, armaos y convertíos en guerreros! (Melodía para dos guerreros abanderados) (Melodía para los amantes que siguen a Bellone) CORO ¡Nos abandonáis! ¡Qué gran pena! ¡Qué será de los buenos tiempos! ¡Qué gran pena! ¡Escuchad al Amor! ¡La gloria nos llama, no escucharemos más que a ella! Escena Cuarta HEBE Bellone los arrastra... ¡Oh tú, vencedor de los cielos, ven a demostrar tu supremo poder! ¡Osan abandonarte para seguir a otros dioses! ¡Hijo de Venus, ah! ¿Quién podrá vengarte mejor que tú mismo? Escena Quinta (Amor desciende del cielo entre nubes; lleva consigo flechas y está acompañado de una tropa de amorcillos armados como él, de los cuales unos llevan antorchas y otros estandartes) (Anuncio del Amor) HEBE ¡Amor viene armado, qué salga victorioso! AMOR ¿Por qué Marte declara la guerra a Amor? ¿Acaso el incienso de Marte me lo ofrendan a mí? Jamás los mirtos en la tierra han impedido florecer a los laureles. HEBE (A Amor) ¡Para suplir los corazones robados por Bellone, hijos de Venus, lanzad vuestras certeras flechas, guiad los placeres hacia lugares lejanos, puesto que Europa los ha despreciado! AMOR (A su séquito) ¡Encended las antorchas, llenad las aljabas, recoged las más bellas palmas! ¡Amores, caminemos hacia cien nuevas victorias! El horror sigue al terrible Marte, los placeres siguen vuestras huellas. ¡Marchad, marchad, vuestros estandartes son obra de las Gracias! (Melodía para los Amores) AMOR, HEBE ¡Cruzad los océanos! ¡Volad, volad, Amores, volad, volad! ¡Llevad con vosotros armas y lanzas hasta las más alejadas orillas! ¿Hay algún corazón en el universo que os pueda resistir? CORO (mientras canta el coro, los Amores se van volando y se dispersan lejos de Europa por diferentes lugares de la India) ¡Cruzad los océanos! ¡Volad, volad, Amores, volad, volad! ¡Llevad con vosotros armas y lanzas hasta las más alejadas orillas! PRIMERA ENTRADA El Turco generoso (El teatro representa los jardines de Osmán Pachá a orillas del mar) Escena Primera EMILIA (Entrando sola) ¡Osmán me sigue, no me esconderé más! ¡Para frenar su pasión, le mostraré la mía! OSMÁN (Entrando, a Emilia) ¿Buscaréis siempre la sombra y el silencio? EMILIA Quisiera, a pesar mío, ocultar mi vergüenza. OSMÁN ¡Cielos! ¿Qué oigo? EMILIA ¡Conoced mi cruel destino! En el país testigo de mi nacimiento, me casé con un amante digno de mi constancia. En una orilla solitaria comenzamos a festejar cuando unos pérfidos raptores avanzaron espada en mano. Por un instante el terror cerró mis tímidos ojos, que se abrieron al oír los gritos de los corsarios. Pronto los vientos y el mismo cielo, cómplices de su crimen, alejaron sus naves y me vi cautiva sobre las aguas cerca de lo que aborrezco y lejos de lo que amo. OSMÁN ¡Describiendo vuestras desgracias redobláis mis males! Disipad vuestras penas en esta feliz orilla. EMILIA Sufro, bajo vuestra ley, una segunda esclavitud. OSMÁN ¿Me reprocháis que entorpezca vuestros deseos? La única ley que os impone mi ternura es que los placeres os rodeen sin cesar. ¡Responded a mis deseos, satisfaced mis suspiros! EMILIA Contra mi raptor, obstinado en defenderme, mi amante ha arriesgado su vida. Y tal vez, como premio a su auxilio, un golpe fatal lo ha forzado a descender a la horrible oscuridad de una tumba. ¿Tan ingrato sería mi corazón para dejarse sorprender por una nueva pasión? OSMÁN ¡Ah! ¿Qué queréis decir? Me abruman vuestras lágrimas. ¡Dejad de atormentaros con inútiles sufrimientos! Es preciso que el amor desaparezca en cuanto vea partir a la esperanza. La constancia sacrifica al corazón cuando la desesperación se ha convertido en un deber. Os dejo, bella Emilia. ¡Recordad que el nudo que os ata os causa cada día tormentos innecesarios! Amáis a un ser al que no veréis más. Escena Segunda EMILIA (Osmán sale) ¡Al qué no veré más!... ¡Bárbaro! ¿Qué me presagia esta conversación? Aunque mi amante haya muerto y mis ojos lo hayan perdido, mi corazón lo verá siempre. (El Cielo se cubre de nubes oscuras, los vientos silban, las olas se elevan) ¡La noche cubre el cielo! ¡Qué funesta suerte! Vasto imperio de mares de horror sois la terrible imagen que turba mi corazón. ¡Vosotros, vientos impetuosos, me hacéis probar el dolor y el furor de la desesperación! CORO DE MARINEROS (fuera de escena) (La tempestad continúa con la misma violencia) ¡Cielos! ¡La muerte se nos viene encima! ¿Seremos alcanzados por los fuegos del trueno? ¿Pereceremos bajo las olas cuando ya estamos cerca de la costa? EMILIA ¡Cómo turban mis sentidos esos gritos! Yo misma, me creo víctima de la tormenta. (La tempestad disminuye y vuelve la calma) Parece que el cielo tiene piedad de mi turbación. El cielo, el justo cielo, calma las olas y vientos. Me angustio al pensar en el naufragio. CORO (fuera de escena) ¿Cómo escaparemos a la furia de los mares? Si evitamos la muerte, caeremos cautivos. EMILIA Esos desafortunados compartirán mi suerte en esta terrible morada; y si son amantes, el amor redoblará el peso del horror de sus cadenas. Escena Tercera EMILIA Uno de esos desgraciados se acerca suspirando. ¡Ah! ¡Su infortunio es parecido al mío! ¿Qué confuso sentimiento me sobrecoge? ¡Le hablaré! Quizás seamos de la misma patria. (Abordando a Valere) Extranjero, os compadezco... (Reconociéndolo) ¡Ah! ¡Valere, sois vos! VALERE (vestido de siervo) ¡Sois vos, bella Emilia! EMILIA, VALERE ¡Os vuelvo a ver! ¡Olvido mis desgracias! ¡Ya no siento los golpes de mi cruel destino! EMILIA ¿Qué suerte os ha traído a esta orilla? VALERE Desde el instante fatal en que nos separamos, mis tristes suspiros os buscaron noche y día en cientos de lugares... ¡y os encuentro cautiva! EMILIA Y no es ésa mi más cruel desgracia. VALERE ¡Oh, cielos, hablad!... EMILIA ¡No, posponed mi dolor! ¡Antes habladme de vuestra suerte! VALERE Un señor al que nunca antes había visto, me hizo conducir a su palacio... EMILIA Vuestro señor es el mío. VALERE ¡Oh, feliz imprevisto! EMILIA ¡Valere, cómo os puede agradar esta situación! Mi tirano me ama... VALERE ¡Oh, desesperación! ¡No os libraréis jamás de sus cadenas! ¿Valere os ha encontrado para perderos sin remedio? ¡Nuestro tirano os ama! EMILIA Y mi dolor así lo demuestra pues nunca pedí ese amor. VALERE ¿En este terrible lugar saben lo que es el amor? En estas orillas un alma ardiente comparte vuestros deseos más dulces y vos merecéis ser amada por un corazón que os ame sólo a vos. Escena Cuarta OSMÁN (Entrando, a Valere) ¡Esclavo, acabo de oírte! ¡Tu crimen me es ya conocido! VALERE ¡No me arrepiento! EMILIA (Turbada, a Osmán) ¿Señor, es culpable? ¡Ah!... OSMÁN (A Emilia) Lo condenáis al querer defenderlo. En vano pretendéis esconder vuestra turbación reteniendo las lágrimas que os veo verter. Cedéis a las inclinaciones de vuestro corazón demasiado tierno. ¡Ah, yo seguiré las leyes del mío y sabré vengarme como debo! EMILIA (A Osmán) ¡Déspota! VALERE (A Osmán) Espero la sentencia de tu cólera. EMILIA (Temblorosa) ¡Justo cielo! ¡Qué tormento! OSMÁN (Presentando Emilia a Valere) Valere, recibe de mí a Emilia y la libertad. VALERE (Alegremente a Osmán) ¿Qué decís? (Tristemente) Pero no... ¿Acaso será sincero? ¡Quiere engañar a nuestros corazones...! ¡Es demasiada crueldad! OSMÁN ¡Oh, cielos! ¡Qué injusticia! ¡Cómo! ¿Desconfiáis de mi sinceridad cuando mi corazón os ofrece el sacrificio que más le haya costado nunca? Pero os debo una explicación. (Señalando a Valere) Osmán, hace tiempo, fue su esclavo y se esfuerza hoy en imitar su magnanimidad. ¡En ese aspecto, yo soy mejor que él! Él me ha condenado sin reconocerme... VALERE (Abrazándolo) ¡Mi querido Osmán, sois vos! (A Emilia) Osmán, hoy mi señor, fue hace años mi esclavo. OSMÁN Os he reconocido sin descubrirme a vuestros ojos. He puesto en vosotros mi celo y mi poder. Estos barcos están a vuestra disposición. (Los barcos de Valere avanzan cargados con los presentes del pachá, conducidos por esclavos africanos) VALERE (Sorprendido) ¿Qué veo? ¡Están cargados con vuestros preciosos regalos! ¡Cuántos magníficos presentes! OSMÁN ¡El mejor es Emilia! VALERE ¡Oh, triunfo increíble! ¡Oh, sublime virtud! EMILIA (A Osmán) ¡Nunca lo olvidaré! OSMÁN ¡Consolad a un fatigado corazón! (Se oyen los tambores de los marineros) (Con dolor) Oigo a vuestros marineros... Partid con vuestros barcos, mis órdenes ya están dadas... Id, vivid felices... Acordaros de Osmán... VALERE (Deteniéndolo) ¡Recibid nuestro agradecimiento! EMILIA (A Osmán) Dejad que os diga... OSMÁN (Dudando) ¿Qué?...¡Pero no! (Yéndose) Sufro demasiado... Estoy completamente turbado... Por vosotros y por mí mismo debo ausentarme... (Osmán se va) Escena Quinta VALERE ¿Hubo alguna vez un corazón tan generoso? Es digno de nuestro elogio, mas no quiere oírlo... Ojalá logre la más perfecta felicidad si la virtud puede hacerle feliz. Escena Sexta EMILIA, VALERE ¡Volad, Céfiros, tiernos amantes de Flora! Si nos guiáis, nuestros deseos serán colmados. ¡Orillas afortunadas del imperio de Lis, nos volveremos a ver otra vez! CORO ¡Volad, Céfiros, tiernos amantes de Flora! Si nos guiáis, nuestros deseos serán colmados. (Melodía para los esclavos africanos) VALERE ¡Daos prisa en embarcar, jóvenes corazones, volad a Citeres! Con esta valerosa flota, nunca se arriesga demasiado. EMILIA ¡Que reine Amor! ¡No temáis a las olas! Encontraréis sobre las olas tan dulce reposo como bajo los mirtos de Citeres. ¡No temáis a las olas! Ellas llevarán la alegría a vuestras madres. Primer Rigodón Segundo Rigodón EMILIA ¡Huid, vientos tormentosos! ¡Calmaos olas amorosas! ¡Risas, juegos y dulces placeres, danos suerte tanto en la tierra como en el mar! Sí, al abandonar la orilla, es de justicia que Tetis, en este bello día, nos llene de amor. Primer Tamboril Segundo Tamboril EMILIA ¡Vamos, pues languidecemos en la orilla! ¡Tiernos corazones, embarcad! CORO ¡Vamos, pues languidecemos en la orilla! ¡Tiernos corazones, embarcad! EMILIA ¡Remad! ¡Venced a los vientos y tormentas! ¡Qué la esperanza nos guíe! CORO ¡Vamos, pues languidecemos en la orilla! ¡Tiernos corazones, embarcad! |